Cette 2e édition des Rencontres de la DGE[1] sur « La transformation numérique de l’économie » tombait à point au lendemain de la présentation par Emmanuel Macron de la future loi NOE.

Le clivage pure players – acteurs traditionnels est dépassé indiquait dans son introduction Pascal Faure, Directeur général des entreprises du ministère de l’Economie de cette deuxième édition des Rencontres de la DGE qui donnait précisément la parole à des représentants de ces deux familles d’acteurs : Airbnb et Blablacar pour les premiers et la SCNF et Accor de l’autre. Un échange qui a mis clairement mis en lumière des points de vue différents, chacun défendant son modèle.

Nicolas Ferrary, directeur France d’Airbnb considère que son entreprise apport une offre complémentaire à celle proposée par les hôtels. Et comme on est sur un gâteau qui devrait croître – l’objectif est d’atteindre les 100 millions de touristes -, il y a de la place pour tout le monde. Sur la concurrence déloyale de certains acteurs, Nicolas Ferrary, se voulait rassurant en expliquant que 93 % des participants avait un seul lieu d’hébergement et que le revenu moyen généré est de 300 euros par mois et qu’il s’agit clairement d’un revenu additionnel et non d’une activité exercée à titre principal.

Cette idée que cette activité d’Airbnb et des plateformes est complémentaire est assez moyennement partagée par Vivek Badrinath, Directeur adjoint du groupe Accor, qui accorde néanmoins un caractère positif à cette nouvelle forme de concurrence qui doit néanmoins respecter les mêmes règles, principes et sécurité. « On n’a pas pour ambition à se concentrer exclusivement sur les clients business qui ne restent que deux nuits dans nos établissements et nous voulons reconquérir l’intérêt de tous les clients, professionnels et particuliers ». « Nous aussi nous pensons à nos clients, rappelait-il et utilisons les outils du numérique pour noter les prestations. Dans le cadre d’un plan d’investissement baptisé « Leading Digital Hospitality » lancé à la fin 2014 de 225 millions d’euros sur 5 ans, Accor a noué un partenariat avec TripAdvisor qui sert désormais de juge de paix sur la qualité de service. « Tous les jours, les 3700 directeurs de nos établissements reçoivent les feedback des clients et peut réagir en conséquence ». Dans cette situation de co-opétition où s’entremêlent des situations de concurrence et de coopération, Vivek Badrinath précise qu’Accor a ouvert sa propre place de marché – activée suite au rachat de Fastbooking – aux hôteliers indépendants.

C’est une opération comparable qu’a réalisée la SNCF avec Ouicar dans laquelle elle a pris une participation de 75 % en juin dernier pour régler le problème du dernier kilomètre ou « proposer de la mobilité de porte à porte », explique Barbara Dalibard, Directrice générale voyageurs de la SNCF qui rappelait que le voyage au sens large était la première demande d’informations sur Internet. « Notre principal concurrent, c’est la voiture individuelle qui représente environ 80 % des déplacements et offre la plus grande flexibilité, le train représente environ 10 % et les solutions de bus et de covoiturage quelque 5 % ». En tant qu’acteur traditionnel impliqué dans le numérique, « la SNCF a les pieds dans la glaise avec des problèmes physiques auxquels elle doit se colleter tout en s’attaquant au problème de la relation client grâce au digital comme par exemple avec la love team de voyagescnf.fr qui entend chouchouter les clients ».

Blablacar concurrent de la SNCF ? « Nous nous situons dans une problématique de partage des coûts et non de vendre de biens ou services », tenait à rappeler Romain Fau, Directeur France et Benelux de Blablacar. « Dans ce contexte, il n’y a pas de taxer le co-voiturage en tant que tel. Par aileurs, l’économie collaborative n’a pas vocation à tout remplacer, elle vient en complément et n’entraînera pas de destruction massive d’emplois ».

 


L’argent, nerf de la guerre numérique

10 DGE 1Revenant assez largement sur son nouveau projet de loi, alias NOE pour (nouvelles opportunités économiques) a rappelé les différentes facettes de la transformation en cours – technologiques, des usages et de la production – et le rôle que peut et doit jouer le gouvernement : permettre aux acteurs de faire en simplifiant, facilitant tout en garantissant une concurrence loyale entre tous les acteurs. Le ministre a répété la nécessité d’une politique d’investissement adaptée en passant des dettes aux fonds propres. « La BPI a beaucoup fait, note Emmanuel Macron, mais il faut un capital risque à la hauteur ». Sachant que les grands groupes qui font la force de la France doivent participer à ce financement mais aussi se transformer pour être efficace. La modification du droit du travail en cours doit se donner comme objectif « de protéger les personnes et non les emplois ». Notre pays à tous les atouts se voulait rassurant le ministre. « Je ne crois pas à la réussite à long terme de la Silicon Valley, s’est-il avancé, car elle produits ses propres externalités négatives » que le système ne corrige pas.


 

 Les 2e Rencontres de la DGE : La transformation numérique de l’économie
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[1] La première édition avait pour thème « Nouvelle politique industrielle et stratégie d’attractivité territoriale »