Les régulations changent, la menace évolue… Alors que les directives comme NIS 2 imposent des standards plus rigoureux, la conformité devient un levier de performance, en renforçant la confiance numérique et la résilience opérationnelle.

Avec les récentes fuites de données massives dans des entreprises internationales telles que la Banque Centrale Européenne ou encore Norfund (le plus grand fonds souverain au monde), les incidents de cybersécurité très médiatisés sont désormais monnaie courante. La dure réalité est que personne n’est à l’abri et que la donne doit changer de manière radicale. Alors que la situation devient de plus en plus délicate, les organismes chargés de la réglementation dans toute l’Europe incitent les organisations à respecter des normes plus strictes et à se tenir informées de l’évolution constante du paysage des cybermenaces.

Pour les dirigeants, ces réglementations offrent l’occasion parfaite de repenser la cybersécurité, en la percevant non pas comme un fardeau d’ordre financier, mais comme un avantage concurrentiel qui favorise la confiance, améliore la réputation de l’entreprise et protège les résultats financiers dans un contexte de cyber-risques sans précédent. La cybersécurité est un atout.

Décrypter le nouveau paysage cyber européen : dépasser les frontières

Pour les entreprises internationales, les changements impulsés par les nouvelles lois de cybersécurité européennes entraîneront des répercussions bien au-delà des frontières. Tout comme le RGPD pour la confidentialité des données, la directive NIS 2 devrait apporter de grandes améliorations en matière de résilience opérationnelle bien au-delà de l’Europe, en raison de ses exigences au niveau de la chaîne d’approvisionnement. Cependant, les différences de transposition de la législation d’un pays à l’autre obligeront les organisations à faire preuve de fermeté et de souplesse dans leur gouvernance.

L’harmonisation des approches transfrontalières en matière de cybersécurité constituera une étape cruciale pour les entreprises exerçant leurs activités à l’échelle internationale. Tandis que les États membres de l’UE transposent la directive NIS 2 en loi nationale et que le Royaume-Uni travaille à l’élaboration de sa loi sur la cybersécurité et la résilience, le message adressé aux régulateurs est clair : il faut harmoniser, sinon les entreprises opérant au niveau international seront confrontées à des efforts de mise en conformité fragmentés, ce qui alourdira le fardeau d’une législation par ailleurs bien intentionnée.

Pourtant, aucun régulateur n’a jamais dit que les organisations devaient harmoniser leur approche de la cybersécurité ! Les entreprises doivent donc accepter certaines nuances et différences, s’adapter aux besoins des marchés locaux et être suffisamment sûres de leurs processus pour pouvoir gérer la nouvelle réglementation en toute confiance.

Néanmoins, l’harmonisation des normes et des réglementations en matière de sécurité présente un avantage secondaire : l’interopérabilité permettant des activités transfrontalières. La stabilité et la confiance ne peuvent être qu’une bonne chose, pour générer des investissements à long terme dans la sécurité.

Prendre conscience des enjeux de la conformité

Ces changements législatifs sont une bonne occasion pour une organisation de revoir ses pratiques en matière de cybersécurité. Celles disposant de programmes de cybersécurité déjà arrivés à maturité n’auront probablement qu’à mettre à jour la documentation concernant leur mise en conformité, celles restées à la traîne devront déployer des efforts considérables pour répondre aux nouvelles exigences réglementaires.

Les entreprises devront adapter leur cadre de gestion des risques, réorganiser les contrôles de sécurité et mettre à jour leurs processus internes. Cela nécessitera des investissements dans de nouvelles technologies, de nouvelles formations à l’intention des salariés ou de nouvelles certifications. Des audits et des cycles de révision réguliers permettront également de garantir la cohérence de la mise en œuvre et de repérer les nouveaux problèmes. Ces dépenses représentent un investissement à long terme vers la résilience et la performance.

En tenant compte des pertes – amendes potentielles, préjudice pour la marque, chute du cours en Bourse, gestion de crise coûteuse en personnel qualifié – dans les calculs coût-bénéfice, cela permet de démontrer toute la valeur ajoutée apportée par un investissement proactif dans des mesures de cybersécurité.

Repenser la résilience, le nouvel impératif des entreprises

Les nouvelles réglementations européennes ambitionnent de renforcer les organisations critiques et de s’assurer que la cybersécurité constitue une priorité pour les conseils d’administration dans les secteurs d’activité essentiels. Les dirigeants qui voient dans ces nouvelles lois une occasion de repenser et de renforcer leurs processus de sécurité, non seulement pour éviter de subir des sanctions, mais aussi pour bâtir des entreprises encore plus fortes et plus résilientes, prospéreront dans un environnement de cyber-risques sans précédent.

Selon une étude d’Oxford Economics, les 2 000 plus grandes entreprises mondiales perdent en moyenne 540 000 dollars par heure d’interruption. Entre les potentielles atteintes à la réputation et les opportunités manquées résultant des temps d’arrêt, il devient évident que la cybersécurité ne se résume pas à la gestion des risques. À l’ère du numérique, disposer de défenses solides est devenu un atout essentiel pour que les entreprises restent compétitives tout en fournissant des produits et des services de qualité.

Les opportunités et les défis liés à la conformité ne cessent de croître. C’est aux entreprises de choisir comment l’aborder. Une meilleure cybersécurité n’est pas seulement une question d’amendes ; il s’agit d’un avantage concurrentiel, d’un positionnement sur le marché et d’une création de valeur à long terme. Il incombe maintenant aux entreprises de faire de la conformité réglementaire un avantage stratégique pour préserver les opérations, protéger les revenus et renforcer la résilience.
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Par Kirsty Paine, Field CTO & Strategic Advisor for EMEA chez Splunk

 

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