À l’occasion du Six Five Summit, Intel a présenté une nouvelle catégorie de processeurs dédiés à l’optimisation des centres de données. Un concept qui dérive des SmartNIC et qui devrait dans un premier temps d’abord séduire les fournisseurs de Cloud.

Quand l’informatique ronronne, elle inaugure de nouveaux acronymes ! Le dernier en date est signé Intel : IPU pour Infrastructure Processing Unit (ou unité de traitement d’infrastructure).

« L’IPU est une nouvelle catégorie de technologies et constitue l’un des piliers stratégiques de notre stratégie de cloud, explique Guido Appenzeller, chief technology officer, Data Platforms Group chez Intel. Elle s’appuie sur nos capacités SmartNIC et est conçue pour résoudre la complexité et les inefficacités du centre de données moderne. Chez Intel, nous nous consacrons à la création de solutions et à l’innovation aux côtés de nos clients et de nos partenaires : l’IPU est un exemple de cette collaboration. »

Réduire la complexité et les inefficiences des datacenters… Voilà un objectif ambitieux qu’Intel espère atteindre avec ses IPU, de nouveaux dispositifs réseau programmables capables de gérer les ressources d’infrastructures sans monopoliser les ressources CPU des serveurs pour cela.

L’idée même des IPU est née de recherches menées par Google et Facebook dans leurs propres datacenters. Celles-ci montraient qu’entre 22% et 88% des cycles des processeurs étaient consommés par la gestion des communications entre microservices !

Un IPU apporte quatre bénéfices principaux dans l’optimisation du fonctionnement des datacenters :
* Il accélère les fonctions d’infrastructure, notamment la virtualisation du stockage, la virtualisation du réseau et la sécurité grâce à des accélérateurs de protocole dédiés.
* Il libère les cœurs CPU en transférant les fonctions de virtualisation de stockage et de réseau qui étaient jusqu’ici exécutées par les processeurs des serveurs.
* Il améliore l’utilisation des centres de données en permettant une organisation flexible des charges de travail.
* Il permet aux fournisseurs de services cloud de personnaliser les déploiements de fonctions d’infrastructure à la vitesse du logiciel.

Lors de son dernier événement VMWorld 2020, VMware avait déjà évoqué ces problématiques de consommation de CPU pour réaliser et contrôler les fonctions de virtualisation. L’éditeur avait ainsi annoncé son « Project Monterey » (rien à voir avec le nouveau macOS qui porte le même nom) visant à réarchitecturer ESXi (l’hyperviseur au cœur de vSphere) pour y intégrer un support natif et intensif des SmartNICs (accélérateurs réseau) afin de leur confier les tâches de routage, sécurisation, virtualisation du réseau jusqu’ici réalisées par les CPU des serveurs vSphere.

L’IPU d’Intel s’inscrit dans la même lignée mais va encore plus loin dans la prise en charge des tâches de virtualisation des infrastructures. Des infrastructures qui sont aujourd’hui de plus en plus hétérogènes, réparties et distribuées, et qui ont de plus en plus besoin de fonctionner ensemble et d’être connectées de façon transparente afin d’être perçue comme un ensemble unique et cohérent.

C’est pourquoi Intel doit travailler en partenariat avec les créateurs d’hyperviseurs et les éditeurs de systèmes d’exploitation pour que sa technologie puisse être utile. Le fondeur explique être le leader de ce futur marché de l’IPU grâce à son Xeon-D, ses composants Ethernet et surtout ses premiers FPGA conçus comme accélérateurs IPU. Des fournisseurs cloud expérimenteraient déjà des prototypes. Et Intel aurait également déjà en tests des ASIC IPU pour industrialiser sa démarche.

De son côté Microsoft a apporté son soutien à Intel dans cette initiative par la voix d’Andrew Putnam, Principle Hardware Manager chez Microsoft. « Dès 2015 et même un peu avant, Microsoft a été le pionnier de l’utilisation des SmartNIC reconfigurables sur plusieurs générations de serveurs Intel pour décharger et accélérer les piles de réseau et de stockage grâce à des services comme Azure Accelerated Networking. La SmartNIC nous permet de libérer des cœurs de traitement, d’évoluer vers des bandes passantes et des IOPS de stockage beaucoup plus élevés, d’ajouter de nouvelles fonctionnalités après le déploiement et de fournir des performances prévisibles à nos clients du cloud » explique ainsi Andrew Putnam. « Intel est notre partenaire de confiance depuis le début et nous sommes heureux de voir qu’Intel continue à promouvoir une vision industrielle forte pour le datacenter du futur avec l’IPU »