Pour sa 52e édition, le CES est devenu le salon des technologies numériques de l’automobile. Il accueillait un plus grand nombre de constructeurs automobiles et leurs sous-traitants que jamais avec une prolifération d’objets connectés et d’applications plus ou moins intelligentes liés à la voiture. La voiture : électrique, connectée, intelligente et un jour autonome pourra-t-elle redevenir un moteur de croissance industrielle ?
Que ce soit Bosch, Qualcomm, Toyota, AT&T, Google, Amazon, Intel ou encore au milieu du poulailler Français qui occupait une large partie du Sands, tous montraient des automobiles, des systèmes pour l’automobile ou, faute de montrer un véhicule, parlaient de l’automobile, développaient et élaboraient autour de l’automobile qui semble retrouver une nouvelle jeunesse grâce au numérique. En effet, si l’innovation dans l’automobile connait un véritable renouveau, elle provient à 80% de l’électronique et du logiciel qui ont pris le contrôle du secteur à l’intérieur et à l’extérieur puisque la voiture est maintenant pratiquement connectée en permanence avec le monde qui l’entoure. « Nous sommes une entreprise technologique. Nous devons penser numérique et non plus mécanique », affirmait Carlston Breitfeld le CEO du constructeur chinois Byton.
Les messages envoyés sont assez clairs, qu’ils viennent des équipementiers comme Bosch, Faurecia, Continental ou plus directement des constructeurs automobile, l’automobile est désormais placée au centre de la vie numérique des individus… On se souviendra qu’il y a une trentaine d’années, Bill Gates annonçait qu’il voulait mettre un PC dans chaque foyer et sur chaque bureau, créant les bases de la révolution Internet, du numérique et de la mobilité. La voiture, à la croisée de l’intelligence artificielle et de l’Internet des objets, sera-t-elle un nouveau moteur de croissance aussi large et aussi puissant que le PC ou le téléphone cellulaire ou bien se contentera-t-elle de simplement surfer sur la vague, handicapée par une industrie basée sur des organisations et des fonctionnements en silo hérités du siècle dernier.
Les données, l’IA et l’IoT au cœur de l’automobile numérique
La Silicon Valley en quelques années est en effet devenue le nouveau centre de l’innovation pour l’automobile. Tesla y a fait ses premières armes, relayé par Google, Uber, Intel et probablement Apple et aussi par des dizaines de « Baby Tesla Companies » comme le chinois Byton ou l’anglais Dyson qui se posent en concurrent des constructeurs automobiles classiques. Aujourd’hui, tout constructeur automobile ou équipementier qui se respecte a installé un centre de recherche entre San Francisco et San José. Pourquoi la Silicon Valley ? Simplement parce que c’est là que sont testées la plupart des voitures autonomes et que se trouve la plus forte proportion d’ingénieurs qui travaillent sur le traitement et l’utilisation des données. En effet, l’automobile qui depuis sa création sert à transporter les gens et les marchandises est devenue un centre de création, de traitement et d’échange de données de toutes sortes.

La présentation de l’équipementier Français Faurecia, qui dispose lui aussi d’un lab en Silicon Valley, a été l’objet d’un one man show de son Président, Patrick Koller. « L’automobile connait un certain nombre de challenges » indiquait-il et il rappelait les prévisions incertaines du nombre de véhicules autonomes de niveau 4, entre 10 et 30% d’ici 2030… ! Quant au simple véhicule électrique, les prévisions les plus optimistes indiquent 25%, plutôt pour la Chine. Il s’arrêtait sur les différentes tendances sociales qui sous-tendent les utilisations de l’automobile, millenuim qui surfent la vague du sharing et de l’individualisme, populations urbaines, vieillissement plus long chez les seniors, disparités entre les pays, approches différentes en énergies durables, etc.
Le monde passera de compliqué (acteurs indépendants, imprévisibles) à complexe (acteurs interconnectés, écosystèmes, intelligence prédictive, besoin d’agilité). Les deux objectifs de Faurecia sont mobilité durable centrée sur le zéro émission et le cockpit du futur, connecté, versatile, intelligent et prédictible. « Nous élargissons nos paramètres d’intégration de façon à bien couvrir notre chaine de valeurs, ce qui suppose une très bonne connaissance de l’utilisateur final et un certain nombre de partenariats avec des fabricants de matériel, des sociétés de logiciel et des services. Nous parlons maintenant du bien-être de l’utilisateur individuel et nous devons intégrer des technologies moins chères, plus performantes et plus versatiles. » Faurecia s’oriente aussi tranquillement vers les services pour devenir un acteur important dans la voiture autonome.
Fabriquant de pneus et équipementier Allemand, Continental, dont la filiale logiciel Elektrobit travaille aussi sur sa voiture autonome en Silicon Valley, adoptait une approche similaire orientée sur l’univers numérique de l’utilisateur. Il présentait un véhicule autonome adapté aux livraisons, couplé avec des robots « chiens de livraison » qui apportent les paquets directement sur le pas de porte du destinataire.
Les assistants vocaux : Amazon a le vent en poupe
Ce CES mettait en évidence l’importance croissante de la voix. La voix est aujourd’hui devenue l’interface privilégiée dans un grand nombre de situations de la vie numérique quotidienne. Dans la voiture mais aussi à la maison et en situation de mobilité, de la simple commande vocale aux assistants plus ou moins intelligents, la voix vient plus souvent en aide à l’utilisateur dans diverses situations de sa vie (transport, maison, travail, santé, éducation, achats, divertissement, etc…). L’intégration de l’intelligence dans les assistants vocaux est désormais une nouvelle ligne de bataille entre Amazon, Google, Apple, Samsung et quelques autres comme Microsoft. L’objectif est de récupérer et accumuler un maximum de données, de les traiter grâce à des systèmes d’IA et de les monétiser d’une manière ou d’une autre avec ses assistants vocaux, universels ou spécialisés intégrés sur les objets connectés ou dans des services.
La bataille ne fait que commencer à en croire Gini Rometty, CEO d’IBM qui précisait que seulement 1% des données émises dans le monde sont actuellement collectées et traitées. Beaucoup de constructeurs ou d’équipementiers automobiles annonçaient des accords avec Amazon pour intégrer Alexa dans le cockpit de la voiture. IDC indiquait que la bataille des données pour l’automobile vient juste de commencer. Il précise qu’Amazon est aujourd’hui en tête du peloton avec plus de 28000 objets ou appareils différents équipés d’Alexa… Vient ensuite Google avec près de 10000 appareils ou objets équipés et Apple semble être à la traine avec Siri alors que Samsung avec Bixby connaitrait une forte croissance grâce à sa forte base en électroménager, smartphone et multimédia.
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