En 2010, le Club « France for Datacenters » hébergé par le Gimélec, publiait un livre blanc sur l’attractivité de la France en matière d’implantation des data centers. Les principaux arguments en faveur de la France reposaient alors principalement sur des avantages tarifaires en matière d’électricité et de foncier par rapport à ses voisins européens. Six années plus tard, force est de constater que les écarts tarifaires se sont très nettement réduits et ne constituent plus aujourd’hui un avantage concurrentiel. Pour autant, la France reste parmi les principales puissances économiques mondiales et conserve un atout clé que nombreux de ses voisins européens lui envient : un emplacement géographique stratégique. Deux conditions qui, réunies, motivent un attrait aux yeux des principaux acteurs du cloud et du digital media pour le pays.

Ces dernières années, les marchés du numérique ont considérablement évolué et les échanges de données n’ont cessé de croître. De fait, les besoins en matière d’espace IT, de capacité de trafic et de réduction du temps de latence n’ont jamais été aussi importants pour assurer la performance des services et satisfaire les utilisateurs finaux. En outre, la façon même de considérer un emplacement pour un data center a grandement évolué. Le marché est passé d’un concept dit de « ville à ville » basé sur la connectivité et le peering, où le quatuor des capitales économiques Amsterdam – Londres – Francfort – Paris régnait en maître, à un concept de « continent à continent » laissant émerger des villes appelées « Gateways », véritables portes d’accès Télécom vers des pays d’autres continents.

Cette transition est une réelle opportunité pour la France. Car, si effectivement les arguments de 2010 ne se sont pas montrés pérennes, le pays n’en reste pas moins attractif et bénéficie d’un atout considérable qu’aucun autre pays européen ne peut revendiquer : sa géographie !

Ni véritablement d’Europe du Nord, ni complètement d’Europe du Sud, la France a la chance d’être située de façon centrale ce qui fait du pays, depuis la nuit des temps, un carrefour naturel de communications et une porte ouverte vers le reste du monde. Depuis près de deux ans, cela s’est notamment illustré par la création d’un nouveau hub international d’échange de données localisé à Marseille.

Le renforcement des réseaux sur l’axe Paris-Marseille et dans le bassin méditerranéen couplé aux plans de développement des acteurs du cloud et du digital media au Maghreb, en Afrique et au Moyen-Orient ont contribué à faire de Marseille une plate-forme clé pour le sud de l’Europe. Point d’atterrissage des câbles AAE-1 et SEA-ME-WE 5, la cité phocéenne joue le rôle d’un aéroport international de données au cœur de la connectivité entre plusieurs continents. Cela permet à cette « Gateway » de rayonner, d’échanger différents flux d’informations et de mettre en réseaux les acteurs en exerçant ainsi une véritable force centrifuge.

Avec Paris et Marseille, la France est le seul pays européen à pouvoir se targuer de compter deux hubs internationaux d’interconnectivité sur son territoire. Mais son avantage géographique ne profite pas uniquement à l’axe Paris-Marseille. Bordé par une façade maritime qui irrigue 3 de ses 6 côtés, l’Hexagone est doté d’un littoral qui en fait une porte ouverte à la fois vers le continent américain, l’Europe du Nord et le reste du monde via la mer Méditerranée et le Canal de Suez. Cette spécificité géographique unique pourrait permettre à la façade ouest de devenir le point d’atterrissage de câbles sous-marins transatlantiques provenant aussi bien d’Amérique du Sud que du Nord. Ainsi, des villes comme Brest, Nantes et peut-être plus encore Bordeaux, pourraient bien émerger en accueillant de nouveaux data centers régionaux. D’ailleurs, l’ancienne « Belle Endormie », qui connaît un regain de dynamisme, a déjà convaincu le leader de la diffusion audiovisuelle en France, TDF, d’y installer l’un de ses quatre ProxiCenters et certains data centers y sont déjà remplis, preuve que la demande existe. Cependant, il paraît difficile d’y envisager la création d’un troisième hub à court terme car le cas de l’axe Paris-Marseille demeure très particulier. Historique carrefour commercial et source de nombreuses convoitises, comme peut en témoigner son

Histoire, la France est idéalement située et témoigne d’un emplacement stratégique clé. Elle a hérité d’un avantage concurrentiel immuable qui fait d’elle une véritable terre d’accueil des data centers. Cela constitue un atout dont vont pouvoir tirer parti les grands acteurs du cloud américains, qui après avoir achevé leurs déploiements en Angleterre, aux Pays-Bas et en Allemagne, se tournent vers la France. Il s’agit d’un enjeu majeur pour Paris en 2016, puis pour Marseille en 2017, lorsque les plateformes seront installées pour desservir les marchés du Maghreb, de l’Afrique plus largement et du Moyen-Orient. Car finalement, un seul critère clé entre en ligne de compte pour favoriser la performance des services et la satisfaction des utilisateurs finaux : L’emplacement.

 

 

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Fabrice Coquio est président d’Interxion France