Le cloud est au cœur de la transformation numérique. Dans l’enquête Insight Intelligent Technology Index (ITI) réalisée en Europe en 2019, 42 % des décideurs informatiques y voient l’une des technologies les plus critiques pour leur projet d’innovation numérique.

En conséquence, les entreprises investissent massivement dans le cloud pour faire avancer leurs projets, y consacrant environ 34 M€ en moyenne par an.

Cependant, il est clair que ces investissements ne s’inscrivent pas dans une stratégie bien en place : 30 % vont dans des services inutilisés, soit quelques 10 M€ dépensés en vain chaque année. La question est donc de savoir pourquoi les entreprises gaspillent autant dans le cloud et comment l’éviter.

Echouer à se préparer, c’est se préparer à échouer

Les germes d’un cloud sous-utilisé sont souvent plantés au stade de la planification. De fait, 39 % des participants à l’enquête ITI indiquant qu’au moins une partie de cette sous-utilisation résulte de problèmes de planification et d’affection des budgets à la consommation du cloud, tandis que 44 % l’imputent en partie au choix du meilleur type de cloud – public, privé ou hybride – pour l’hébergement des applications et des workloads. Sans une vision claire de leurs objectifs et des ressources nécessaires pour les atteindre, les entreprises sont vouées à l’échec.

Pour l’éviter, l’entreprise doit déterminer exactement ce qu’elle souhaite retirer de la migration dans le cloud, que ce soit en termes d’agilité, d’évolutivité ou d’économies. Cela signifie identifier les manières dont le cloud peut contribuer à la transformation de l’entreprise et à la réalisation de ses objectifs, et savoir exactement quels services sont nécessaires pour atteindre ceux-ci. Une fois qu’elle a répondu à ces questions, l’entreprise peut choisir les services cloud appropriés. Par exemple, une offre de services groupés peut sembler plus économique que l’achat des mêmes services séparément. Cependant, si une grande partie de cet ensemble n’est pas exploitée, il sera peut-être toujours plus intéressant de n’acheter que chacun des services utiles en plus petit nombre.

Ne pas perdre le contrôle

Même si sa planification est parfaite, l’entreprise doit néanmoins disposer d’une visibilité et d’une maîtrise totales de ses environnements cloud. Dans l’enquête ITI, 36 % des participants font savoir qu’un manque de visibilité sur les services utilisés a abouti à un gaspillage du cloud. Faute des bons outils, les entreprises risquent de perdre la visibilité et le contrôle nécessaires.

Afin de réduire ce gaspillage au minimum, les entreprises doivent pouvoir gérer ces environnements cloud dynamiques, dans lesquels des applications et infrastructures peuvent être activées, désactivées ou déplacées avec rapidité et facilité. Cela doit également englober les nouvelles approches et technologies permises par le cloud, telles que les microservices, les conteneurs, l’informatique sans serveur ou DevOps.

La connaissance des exigences exactes de l’architecture cloud et de l’efficacité des réponses que les outils existants peuvent leur apporter est indispensable pour ne pas perdre le contrôle. Si les outils n’offrent pas le niveau de support exigé par un nouvel environnement cloud, l’entreprise peut facilement se retrouver à devoir colmater en permanence des brèches dans ses capacités, ce qui se soldera inéluctablement par des surcoûts et des occasions manquées de réaliser des économies. La compréhension des limitations traditionnelles et la mise en place des bons outils dès le départ peuvent contribuer à prévenir grandement le gaspillage.

Une gouvernance réfléchie et adaptée

Cette maitrise des ressources et capacités hébergées sur l’environnement Cloud d’un client passe forcément par l’élaboration et la mise en œuvre d’une gouvernance de ces mêmes ressources et une gouvernance qui se veut être la déclinaison cloud de celle mise en œuvre en local. En effet, nous constatons bien souvent que nos clients ont déployé une gouvernance pour standardiser la gestion du cycle de vie des ressources sur site – On-Premise – de leur création à leur suppression ainsi que la gestion des droits d’accès à ces ressources et services ; que celle-ci est non seulement appliquée mais aussi contrôlée dans le temps, alors même que du fait que ces clients sont passés à l’adoption d’un cloud dans la précipitation (pour répondre à un besoin urgent en interne) ce périmètre n’est pas du tout soumis à une gouvernance. C’est ainsi que l’on peut identifier des ressources (ex. de serveurs de tests) s’exécutant dans le cloud du client depuis des mois et donc consommant, réservant des capacités de disque, processeur ou encore mémoire, pour finalement n’offrir aucun service que ce soit aux équipes techniques, aux métiers ou aux utilisateurs. A cela peut aussi s’ajouter la découverte de ressources cloud créées directement par les métiers sans aucune intervention et contrôle des équipes techniques – Shadow IT. Une gouvernance réfléchie et adaptée permet d’éviter ce genre de situation.

Aussi une question de compétences

Il est également essentiel de posséder les compétences adéquates pour réduire les dépenses gaspillées dans le cloud. Cela ne concerne pas uniquement la capacité à utiliser les outils nécessaires à la gestion des environnements cloud. Cela passe aussi par la présence de collaborateurs parfaitement conscients des différences entre le cloud et les environnements classiques, afin de ne pas faire de suppositions coûteuses en matière d’achats et de management. Dans le même temps, alors que les technologies traditionnelles continuent de jouer un rôle crucial dans la plupart d’entre elles, les entreprises ne peuvent se contenter d’acquérir des compétences cloud aux dépens de leur expérience existante. Le risque est en effet que toute réduction du gaspillage dans le cloud soit facilement annulée par des pertes dans d’autres domaines.

La première étape pour toute entreprise cherchant à maîtriser ses compétences doit être un audit des capacités précises de ses équipes actuelles. Cela permettra à l’entreprise d’identifier les lacunes et de planifier la formation ou le recrutement de collaborateurs pour faire en sorte que ceux-ci possèdent toutes les compétences dont elle a besoin.

Une solide stratégie cloud est essentielle

Pour que les entreprises parviennent à une véritable agilité en leur sein, innovent plus rapidement et modernisent leurs méthodes de travail, elles doivent repenser leur approche du cloud et traiter ce dernier comme tout autre projet informatique. Cela veut dire planifier et allouer un budget, disposer d’une visibilité de bout en bout et mettre en place les compétences adéquates. Plus important encore, cela implique de savoir exactement ce que l’entreprise attend du cloud et comment celui-ci va répondre à ses objectifs métier, ce qui constituera le critère ultime pour déterminer si un investissement est gaspillé ou non.
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Par Aurélien Bonnin 
Directeur des activités de modernisation de l’environnement utilisateur et des infrastructures au sein de VNEXT, une division d’Insight.