La transformation numérique est désormais inévitable pour les entreprises. Le secteur public, traditionnellement moins enclin au tout-digital, a également entamé sa mue. Avec elle, une réalité semble émerger : les citoyens français exigent que les institutions publiques respectent les mêmes normes d’efficacité que celles du secteur privé.

 

En 2021, la France s’est classée au 15e rang de l’indice relatif à l’économie et à la société numériques (DESI), qui mesure les progrès des économies de l’Union européenne (UE) en termes de transformation numérique. On pourrait se consoler en affirmant que, sur 27 pays, un 15e rang n’est pas un mauvais résultat et que nous sommes en bonne voie vers la numérisation. Cependant, il révèle aussi une autre vérité : nous sommes loin d’être un État à la pointe du numérique au sein de l’UE.

 

Cependant, tout n’est pas perdu. Près de 22% des fonds du plan de relance, soit 8,4 milliards d’euros, seront consacrés à la mise à niveau de la France en matière de transition numérique. La cybersécurité, le quantique et le cloud sont les priorités absolues et 1,8 milliard d’euros seront consacrés au développement et au déploiement de systèmes permettant la rapidité et l’agilité numériques, tout en protégeant les données des citoyens. D’autres investissements clés seront consacrés à l’accompagnement des entreprises dans leur parcours numérique, à la poursuite de la numérisation des services publics et au réseau à haut débit pour chaque foyer. 

 

Quid du secteur public ? Les agences gouvernementales ou encore les ministères devront surmonter de nombreux obstacles pour atteindre ces objectifs. L’observabilité, particulièrement, constitue un défi majeur pour les équipes informatiques du secteur public.

 

Observabilité : repenser les services numériques pour les citoyens

 

Le terme « observabilité » fait référence à la surveillance des performances en temps réel, permettant aux équipes informatiques de détecter, diagnostiquer et résoudre les problèmes qui pourraient autrement entraver les performances des services numériques.

 

Les services numériques gouvernementaux ont tendance à être à cheval sur les systèmes basés sur le cloud mais aussi sur les systèmes sur site. Par exemple, un nouveau portail ou une nouvelle application en ligne pour les citoyens fonctionnera probablement dans le cloud, mais pourra aussi dépendre d’une intégration étroite avec des systèmes plus anciens, sur site, pour accéder aux données ou exécuter certaines fonctions.  

 

Les outils de surveillance et de sécurité existants, qui ont tendance à se concentrer sur les silos de données individuels, ne donneront jamais aux administrateurs réseau une vue complète, de bout en bout, des performances informatiques des services numériques. En bref, les administrateurs ne peuvent pas avoir une vue d’ensemble, constituant un net désavantage lorsqu’il s’agit d’identifier un problème et de le traiter. 

 

Certaines caractéristiques des stacks d’applications numériques modernes, tels que les microservices et le passage à des charges de travail conteneurisées, peuvent complexifier l’observabilité, en augmentant considérablement le volume des composants technologiques individuels qui soutiennent un service numérique. La transformation numérique des services publics a également des répercussions importantes sur la cybersécurité et la fraude. Le lancement d’un nouveau portail, d’un nouveau service ou d’une nouvelle application expose potentiellement aux attaques toute une série de surfaces jusqu’alors épargnées.  Ceci montre que les équipes informatiques doivent repenser leur approche de l’observabilité.

 

Données, conclusions, actions

 

Les approches modernes de l’observabilité reposent généralement sur l’instrumentation rigoureuse de chaque élément technologique composant un service numérique. Cela implique de doter le logiciel sous-jacent du code nécessaire pour signaler les erreurs et les problèmes de performance. En accédant à ces données, les équipes informatiques peuvent mettre au point une capacité de détection et de réponse proactive et prédictive, capable de réagir rapidement et efficacement aux problèmes de performance et aux menaces de sécurité.  

 

Toutefois, lorsqu’un grand nombre de services numériques instrumentés sont en cours d’exécution – comme c’est de plus en plus le cas dans les environnements informatiques gouvernementaux – un grand nombre de signaux et de données peuvent être générés. C’est là que les solutions modernes d’observabilité entrent en jeu, en collectant toutes ces données et en les rassemblant en un seul endroit afin de les enrichir, analyser, visualiser, rapporter et ainsi, alerter. 

 

Alors que les outils de surveillance informatique cloisonnés ne peuvent fournir qu’une visibilité restreinte à leur domaines respectifs, une solution d’observabilité peut non seulement collecter et présenter des données provenant de différents silos via une seule et même plateforme, mais aussi les superposer au contexte des services informatiques et commerciaux. En d’autres termes, une solution d’observabilité indique aux équipes informatiques ce qui ne fonctionne pas, pourquoi cela ne fonctionne pas et ce qui doit être fait pour y remédier. De plus, elle indique également l’impact probable sur l’expérience utilisateur si le problème n’est pas résolu.

 

Prenons l’exemple des données relatives aux tendances de performance des applications. Elles peuvent être complétées par un contexte supplémentaire, tel que le sentiment des médias sociaux, la longueur des files d’attente des centres d’appels et les changements de gestion de la configuration informatique, ce qui donne in fine aux équipes les informations ce dont elles ont besoin pour répondre aux incidents avant qu’ils n’aient un impact sur la prestation de services.

 

La bonne solution d’observabilité permet également aux équipes d’aller en profondeur et de renforcer la granularité de leurs processus de résolution des problèmes, sur la base d’informations qui seraient autrement restées cachées. Ainsi, elles ont une nouvelle opportunité d’examiner la manière dont les individus interagissent avec les services gouvernementaux, de comprendre ce qui est populaire et efficace, et d’identifier les obstacles en amont.

 

Un autre avantage clé de la technologie moderne d’observabilité : l’automatisation. Ces solutions utilisent l’apprentissage automatique pour détecter les anomalies et, dans certains cas, agir sur elles en fonction de leur compréhension des seuils de performance acceptables. En permettant ainsi à la technologie de prendre le relais, les administrateurs informatiques sont libérés pour travailler sur des activités plus enrichissantes.

 

L’avenir est dans le cloud

 

Le passage à des logiciels basés sur le cloud et à la prestation de services numériques offre au secteur public une formidable opportunité d’améliorer l’expérience et l’engagement des citoyens – mais l’observabilité sera un ingrédient clé pour tirer le meilleur parti de cette opportunité. 

De nombreuses organisations gouvernementales dans le monde utilisent déjà la technologie d’observabilité. En France, par exemple, le ministère de l’Agriculture utilise cette technologie pour surveiller le secteur de la pêche commerciale, en localisant les zones de pêche intensive et en s’assurant que les quotas de pêche sont respectés. 

Si l’observabilité peut être appliquée à un large éventail de situations et de services, centraliser des informations provenant de nombreuses sources différentes et à grande échelle. Un enjeu clé pour les années à venir.

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Par Antoine Aguado, vice-président Europe du Sud chez Elastic