Comme l’ont prédit les opérateurs télécoms il y a quelques années, le Réseau Téléphonique Commuté (RTC) devient aujourd’hui obsolète. Les entreprises du secteur ont déjà mis en place des plans pour l’éliminer progressivement à l’échelle internationale et passer à un service entièrement IP. Des déploiements à l’échelle européenne ont d’ailleurs commencé, à l’image des initiatives de British Telecom au Royaume‐Uni, de Deutsche Telekom en Allemagne et de Swisscom en Suisse. En France, le calendrier d’Orange prévoit qu’à partir du 4ème trimestre 2018, les nouvelles lignes téléphoniques fixe de métropole ne seront plus construites sur le réseau téléphonique commuté/analogique mais sur la technologie de VoIP (Voix sur IP). L’Europe n’est pas seule dans ses efforts ! Les grandes sociétés de télécommunications australiennes ont également déjà présenté leurs calendriers de déploiement, tout comme certains fournisseurs américains qui ont mené de premiers essais régionaux pour les services téléphoniques entièrement IP.

Quelles sont les principales raisons de la migration vers un réseau basé sur IP ?

Le modèle RTC traditionnel devient de plus en plus coûteux à maintenir. Il consomme non seulement d’énormes quantités d’énergie, mais supporte également des milliers d’anciens modèles de commutateurs de circuit pour maintenir les réseaux RTC existants, basés sur des technologies électromécaniques vieillissantes. La maintenance du réseau analogique est également problématique.

Les pièces de rechange, lorsqu’elles existent, sont très difficiles à trouver. De plus, lorsque des réparations sont nécessaires, la localisation de ces composants ou de leur équivalent peut devenir extrêmement coûteuse, ce qui conduit les équipementiers à l’abandon progressif de cette technologie.

Un écart générationnel majeur

Les opérateurs télécoms travaillent depuis près de deux décennies au remplacement de la technologie de multiplexage par répartition dans le temps (MRT) par des solutions à commutation automatique de canaux IP ou SIP, en construisant le protocole VoIP sur les infrastructures à fibre optique. Cependant, la téléphonie traditionnelle reste la même que celle des années 1980, entraînant d’importants coûts de maintenance, de risques accrus de pannes et de dysfonctionnements.

La migration vers un service entièrement IP n’annule pas complètement l’ancienne génération de technologie, puisque le réseau cuivré (câblage à paires torsadées) reste utile pour prendre en charge d’autres formes de télécommunications désormais numériques, telles que les services de liaison spécialisée (ou « lignes louées ») et l’accès Internet xDSL.

Pourquoi passer à l’IP ?

L’architecture de commutation par Internet, les normes ouvertes, les protocoles non exclusifs, les réseaux homologués et le matériel numérique sont de nettes améliorations et avantages majeurs par rapport à la technologie vieillissante des réseaux analogiques fermés séparés.

Si les compagnies de téléphone ont rejeté l’IP comme une alternative inadéquate durant des années, les opérateurs perçoivent désormais Internet comme la seule option pour satisfaire la demande toujours croissante des consommateurs et des services Cloud.

Le déploiement de la migration du réseau IP en Europe

Les plans de migration prennent progressivement forme en Europe, contrairement à d’autres pays dans le monde. Avec 200 opérateurs télécoms nationaux sur le continent européen, l’adoption complète de l’IP prendra toutefois du temps.

À la fin de l’année en France, il ne sera plus possible aux foyers et aux entreprises d’accéder à de nouvelles lignes téléphoniques analogiques sur l’ancien modèle. Orange ne construira d’ailleurs plus ce type de lignes dès octobre prochain sur le territoire, au profit de l’IP. Nos voisins européens ont aussi pris le pas.

En juin 2017, Deutsche Telekom avait migré 61 % des lignes d’accès en Allemagne et 64 % dans les pays d’Europe de l’Est où elle détient des parts. La Macédoine, la Slovaquie et la Croatie sont déjà entièrement équipées en technologie IP. Le plan de déploiement de l’opérateur allemand devrait être achevé d’ici la fin de l’année 2018.

En février dernier, Swisscom a transféré 2 millions de clients vers des services entièrement IP. Tous les clients privés de l’opérateur devraient être convertis à l’IP au quatrième trimestre de cette année.

Bien que les alternatives IP soient nettement meilleures d’un point de vue qualitatif et moins onéreuses, les opérateurs ne peuvent simplement pas tout y basculer. En effet, dans de nombreux cas, des réglementations, datant de plusieurs décennies, imposent le fonctionnement continu de réseaux analogiques obsolètes, indépendamment du nombre d’utilisateurs et des coûts.

Les conséquences d’un avenir « entièrement IP »

Les entreprises de télécommunications ont déjà fait évoluer leurs offres alternatives et proposent de manière transparente depuis des années des solutions hybrides combinant la téléphonie fixe et mobile. Il existe, par exemple des entreprises ayant conservé la même infrastructure téléphonique depuis des années, mais qui profitent désormais aussi des avantages des solutions de télécopieur dans le Cloud. À l’ère d’une main‐d’oeuvre mobile, de nombreuses entreprises sont à l’affût de la technologie du futur, utilisant des systèmes téléphoniques IP entièrement mis en oeuvre et des solutions de communications unifiées basées sur le Cloud reliant parfaitement leurs infrastructures mobiles, de courrier électronique et de données.

Les réseaux IP ont l’avantage d’utiliser des paquets pour transmettre de la voix, des données ou du contenu vidéo de manière uniforme. Ce qui représente pour les opérateurs un réseau unique pour distribuer non seulement de la voix, mais aussi de la vidéo et des données. Il n’y a rien d’étonnant au fait que la technologie IP, qui s’est déjà imposée dans le trafic de la donnée et de la vidéo, l’ait aussi fait sur le terrain du réseau téléphonique.

Le virage audacieux pris par l’Europe vers un service entièrement IP est le reflet de ce que doivent être les réseaux de télécommunications de demain. Il est une promesse d’un futur où la téléphonie sera entièrement basée sur l’IP. Car aujourd’hui, il ne fait aucun doute que l’analogique est obsolète !

 

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Stéphane Vidal est Marketing and Communication Executive Leader de XMedius