ChatOps, AIOps, GitOps, CloudOps : voici quelques-unes des nouvelles tendances DevOps qui se développent et sur lesquelles de nombreuses entreprises se ruent pour faire évoluer leurs pratiques. Mais il existe pourtant une question à se poser avant d’entamer un tel changement : combien de succès retentissants avons-nous pu constater suite à l’adoption de ces nouvelles tendances DevOps ?

En effet, les différents « X-Ops » n’ont à ce jour pas encore généré beaucoup de progrès, si bien que l’on peut se demander si les entreprises ne sont pas trop nombreuses à se focaliser sur ces tendances plutôt que sur leurs efforts de développement de logiciels fiables et efficaces reposant sur les principes DevOps fondamentaux que sont les personnes, les outils et la collaboration.

De plus en plus d’industries capitalisent sur l’automatisation et les processus low-code, quand certaines éliminent même l’action humaine de l’équation DevOps. Pourtant, les entreprises ont encore besoin de l’humain pour faire évoluer les pratiques et, en supprimant la collaboration humaine, nous pourrions supprimer ce qui est au cœur même de l’approche DevOps. L’objectif de celle-ci reste en effet de rassembler des équipes distinctes aux missions parfois divergentes – développement, direction et opérations – pour aller vers une étroite collaboration permettant de faire avancer plus rapidement les projets.

Les outils DevOps ne sont également pas assez sophistiqués pour fonctionner de manière autonome et nécessitent une action humaine pour les rendre efficaces. C’est pourquoi, afin d’éviter que les entreprises ne se laissent distraire par les nouvelles tendances DevOps aux allures brillantes et révolutionnaires, cet article revient sur certaines d’entre elles tout en se penchant sur les nouvelles pratiques. Nous vous proposons aujourd’hui de faire la différence entre fiction et réalité.

ChatOps, un outil passionnant qui optimise le travail d’équipe ?

Commençons par le ChatOps – un modèle de collaboration conçu pour faciliter l’intégration entre les différentes plateformes DevOps, les outils et les équipes IT. Il s’agit ici d’un modèle ayant pour but d’optimiser le travail que les équipes font déjà, avec des robots agissant comme de véritables collaborateurs, recevant les tâches et envoyant des réponses instantanées à l’équipe. L’un des aspects les plus intéressants de cette technologie ChatOps est son caractère pédagogique. Chaque action est en effet enregistrée et permet aux membres de l’équipe d’apprendre de chaque activité précédente.

Cependant, avec les ChatOps, il est important de se rappeler que les produits ne sont pas autonomes et qu’il n’y a pas d’élément magique pour les mettre en place. Un humain est alors nécessaire pour créer le code et relier certains éléments. Le produit ne fonctionne donc pas parfaitement dès sa sortie de l’emballage. Cela signifie que lorsqu’une erreur se produit dans ChatOps, un travail manuel est nécessaire pour la corriger, ce qui réfute le mythe selon lequel les produits ChatOps sont capables de fonctionner de manière autonome. Ainsi, si un travail manuel est toujours nécessaire pour assurer le fonctionnement de la technologie, il risque aussi de créer des obstacles supplémentaires pour les équipes.

Les entreprises doivent évaluer les nouveaux risques liés à ces tendances

Le ChatOps présente également un certain nombre de vulnérabilités potentielles en matière de sécurité. La plupart de ces produits ne disposent en effet pas d’interfaces d’API solides ni d’installations permettant de sécuriser les informations. Il y a par exemple un risque élevé que des employés aient accès à une salle contenant des informations confidentielles qu’ils ne sont peut-être pas autorisés à voir. La réalité est alors que, pour les secteurs qui exigent les plus strictes mesures de sécurité, comme la finance ou la santé qui possèdent sans doute certaines des informations les plus précieuses, est que ChatOps peut ne pas être un outil efficace. Il est donc extrêmement important pour les entreprises d’identifier le domaine à améliorer pour peser le pour et le contre de ce type de technologie avant d’implémenter un quelconque outil.

Low code/no code, un concept établi pour rationaliser les flux de travail ?

Les systèmes low code/no code sont une autre tendance forte du DevOps. Ceux-ci reposent sur des outils d’automatisation pour le travail des développeurs qualifiés et sont mis en place pour accélérer le délai de livraison des logiciels. De nombreuses entreprises utilisent ce type de produits pour améliorer l’efficacité des équipes, afin que les développeurs et les équipes opérations puissent consacrer plus de temps à l’amélioration de l’expérience client plutôt qu’à la correction et la création de nouveaux codes.

Cependant, le concept de « low code/no code » n’est pas une nouveauté. Dans les années 90, Microsoft lançait un outil appelé « Visual Basic », un langage de programmation piloté par événements. Avec celui-ci, les entreprises pouvaient facilement dessiner une interface et créer un code qui pouvait être généré pour elles, sans avoir à le créer en partant de zéro. Et si cela semblait assez novateur, le succès n’a pas forcément été au rendez-vous puisque l’architecture de Visual Basic n’était ni évolutive ni fiable. Alors la question que les entreprises devraient se poser est de savoir si ce principe de « low code/no code » s’est vraiment amélioré depuis la création de Visual Basic.

AIOps, une fausse promesse ?

Lorsque l’on s’intéresse à l’histoire des systèmes low code/ no code, on constate qu’ils sont souvent trop prometteurs et pas assez performants. Les nouveaux sont présentés de manière attrayante dans des démonstrations qui attestent de la facilité avec laquelle il est possible d’assembler du matériel, mais lorsqu’on y regarde de plus près, cela s’effondre complètement. Non, le « low code/no code » n’est pas autonome. Une action humaine est nécessaire pour créer le code. Il ne se génère pas spontanément. Par conséquent, les humains ne peuvent pas être supprimés de l’équation, car ils doivent surveiller le code régulièrement pour vérifier qu’il fonctionne efficacement et qu’il n’y a pas de goulots d’étranglement.

En définitive, si le code n’est pas contrôlé par l’Homme et qu’il se désagrège dans le système, il échouera et ne sera plus fait pour être utilisé par l’humain. Puisque les systèmes low code/no code ont le potentiel de créer de nouveaux goulots d’étranglement dans le processus DevOps, il est juste de dire que la tendance dépasse les réalisations et qu’elle n’est tout simplement pas justifiée. Beaucoup d’argent est actuellement investi dans le développement de ces systèmes, et nous pouvons donc nous attendre à ce que de nombreux outils novateurs et intéressants soient créés. Cependant, la preuve de la révolution que représentent les systèmes low code/ no code reste à faire.

Une approche centrée sur l’humain demeure essentielle

Au terme d’un examen approfondi des nouvelles tendances DevOps, une chose reste claire : une approche collaborative et centrée sur l’humain est toujours nécessaire pour que les équipes DevOps puissent travailler au maximum de leur potentiel et obtenir des résultats significatifs. Les humains font ainsi toujours partie intégrante des progrès de l’automatisation. Les logiciels sont créés pour être utilisés par des humains et des personnes sont nécessaires pour faire fonctionner les nouveaux outils passionnants que sont par exemple ceux du ChatOps. Les nouvelles tendances entraînent également de nouveaux défis pour les entreprises en matière de sécurité et il est essentiel de peser le pour et le contre de leur utilisation. Mais une chose est universellement claire pour tous : l’élément humain dans DevOps est nécessaire pour faire de la variabilité et de la fiabilité une réalité.

Nous ne pouvons pas compter sur la technologie seule pour alimenter des systèmes informatiques sophistiqués, car nous avons toujours bel et bien besoin de l’humain. Bien sûr, l’automatisation peut être utilisée pour aider les équipes à livrer des logiciels rapidement, mais il serait insensé de croire que celle-ci peut fonctionner de manière autonome sans action manuelle. Une base solide de pratiques DevOps, associée à des méthodes de travail collaboratives, doit fonctionner harmonieusement avec la technologie. Tous ces nouveaux mots à la mode sont-ils donc réalité ou fiction ? En fin de compte, c’est à vous d’en juger, mais quel que soit votre projet, les humains ne devraient pas en être écartés.
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Par Anders Wallgren, VP of Technology Strategy, CloudBees