Les entreprises françaises attendent plus de leurs données, qu’elles soient connues et exploitées ou, au contraire, dont elles ignorent l’existence, les dark data.
« Les données sont devenues une ressource, expliquait Michael Kagan, CTO de Mellanox, lors d’une présentation à la conférence NetEvents à Barcelone. Les données sont au 21e siècle ce que le pétrole était au 20e siècle. Une fois que vous avez accès aux données, de manière efficace, vous pouvez contrôler beaucoup de choses, pour vous, votre entreprise ou pour les autres »
Ce qui caractérisent les données aujourd’hui, c’est leur profusion. Selon une enquête réalisée par Ivanti, 15 % des DSI disposent de tant de sources de données qu’ils peuvent les compter et plus de la moitié d’entre eux déclarent qu’ils doivent passer des semaines, voire plus à manipuler leurs données pour qu’elles soient exploitables.
Et ce ne n’est pas le seul problème. Car au-delà des données dont on connait l’existence, il y a celle qui sont inconnues. L’étude « L’Etat des dark data » que vient de publier l’éditeur Splunk montre que les entreprises ignorent des données potentiellement précieuses et ne possèdent pas les ressources nécessaires pour les exploiter.
Plus de 70 % sont générées par les consommateurs, 80 % sont désormais stockées quelque part, 3 % sont des données structurées et seulement 0,5 % sont analysées et produisent de l’information, rappelle Michael Kagan.
Selon cette étude, bien que les décideurs sachent parfaitement qu’il est essentiel d’exploiter toutes leurs données, plus de la moitié (55 %) des données totales d’une entreprise est constituée de « dark data », des données dont on ignore l’existence ou qu’on ne sait pas localiser, préparer, utiliser ni analyser.
Six responsables sur dix indiquent que la moitié des données de leur entreprise sont invisibles et un tiers pensent même que ce seuil atteint le niveau incroyable de 75 % dans leur organisation. Mais en fait, ce ne sont pas les données qui sont invisibles, c’est plutôt qu’on ne les voit pas. Les raisons en sont simples : d’abord un trop grand volume, le manque de compétences et de ressources adaptées. Une idée confirmée par l’enquête Ivanti et une personne interrogée sur trois estime disposer des ressources nécessaires pour découvrir et exploiter ces données même si plus de la moitié d’entre eux affirment que ces ressources ne sont pas toujours disponibles.
Dans ce contexte d’un manque de technologie, de formation et de soutien de leur direction pour tirer parti de leurs investissements, Les entreprises françaises attendent plus de leurs investissements dans la gestion des données, bien que la plupart d’entre elles estiment avoir accompli plus du double du montant investi, selon une étude réalisée par Veritas Technologies.
Les entreprises françaises seraient donc un peu en retard par rapport à leurs concurrentes de 15 pays et obtiennent un rendement moins élevé. En conséquence, plus des trois quarts (76%) des entreprises françaises s’attendent à un rendement encore plus élevé.
Les principaux facteurs qui les empêchent d’améliorer leur ROI résultent d’un manque d’implication ou de formation de leurs employés (49%), mais aussi de technologie spécifique à la gestion des données (37%) et d’une politique dédiée en interne (26%). Est également cité le manque de financement comme un obstacle à l’obtention d’un meilleur rendement de leurs investissements dans la gestion des données.
A l’inverse, les entreprises qui misent sur une bonne gestion de leurs données déclarent profiter de leur investissement et atteindre déjà les objectifs qu’elles se sont fixés. En France, les répondants estiment que l’amélioration de la conformité des données, la réduction des risques en matière de sécurité, les économies de coûts, l’amélioration de la satisfaction clientèle et des employés plus productifs font partis des premiers avantages d’une meilleure gestion des données.
Parmi les entreprises françaises qui investissent dans la gestion des données, 80% d’entre elles voient une amélioration concernant la conformité des données et une réduction des risques de sécurité des données, tandis que 72% constatent une réduction des coûts. Près des deux tiers (63%) notent que leurs employés sont plus productifs et 75% que ces derniers contribuent à améliorer la satisfaction de la clientèle.
L’IA arrive à la rescousse
Globalement, les participants pensent que l’IA va globalement accroître les opportunités plutôt que remplacer les personnes. Par exemple, l’IA permettra de compenser les manques de compétences dans les domaines informatiques.
C’est une des idées phares de l’enquête de Splunk qui révèle que peu d’entreprises utilisent actuellement l’IA alors qu’elles sont une majorité à y voir son très fort potentiel. Par exemple, dans une série de cas d’usage impliquant l’efficacité opérationnelle, la prise de décisions stratégiques, les RH et l’expérience client, ils ne sont que 10 à 15 % à dire que leur entreprise déploie l’IA dans ces activités, bien qu’ils soient environ deux tiers à reconnaître sa valeur potentielle.
Les données : une dimension européenne
Les données rebattent les cartes de notre économie et de notre société, et redistribuent les jeux de pouvoirs au sein de nos organisations et entre pays. Mais cette mise en données du monde est une réalité qui n’est pas toujours bien maîtrisée, y compris par ceux qui doivent lui donner un cadre. C’est face à ce constat, que Syntec Numérique et Renaissance Numérique ont publié le livre Tous acteurs des données. Appréhender les données pour mieux les valoriser.
Véritable actif stratégique, les données sont à la source d’une révolution de grande ampleur. Elles permettent à ceux qui s’en saisissent non seulement d’améliorer leur relation client et usager ou d’optimiser leur métier et leurs produits, mais aussi de créer de nouveaux modèles d’affaires et de services. Elles contribuent ainsi à la transformation des organisations et à l’émergence de nouveaux écosystèmes qui bouleversent les secteurs et les chaînes de valeur traditionnelles, où les plateformes jouent un rôle pivot.
La gouvernance des données devient un enjeu majeur. ; La mandature européenne qui s’ouvre aura à avancer sur un certain nombre d’aspects. L’Europe doit être à l’initiative de nouvelles modalités de gouvernance, plus agiles, afin de créer un terreau favorable à l’innovation dans le respect des citoyens et consommateurs. Elle pourrait notamment s’inspirer des « bacs à sable réglementaires » mis en place par certaines autorités régulatrices nationales, à l’instar de l’ICO au Royaume-Uni.
Table des matières
PRÉFACE – DÉPASSER LE MYTHE DES DONNÉES par Godefroy de Bentzmann, Président de Syntec Numérique et Henri Isaac, Président de Renaissance Numérique
CHAPITRE 1 : LES DONNÉES, CETTE RICHESSE MAL APPRÉHENDÉE
- Les données ne sont pas de l’information
- Les données ne sont pas le nouvel « or noir »
- Des données à la création de valeur
CHAPITRE 2 : LA DONNÉE AU COEUR DE LA TRANSFORMATION DES ORGANISATIONS
- Un actif stratégique pour l’organisation
- Les nouveaux écosystèmes de données
CHAPITRE 3 : DE NOUVEAUX ENJEUX DE GOUVERNANCE FACE À LA MISE EN DONNÉES DE LA SOCIÉTÉ
- Les données, outil d’une démocratie renouvelée
- Relever les défis de cette nouvelle économie