91 % des décideurs informatiques déclarent être sous la pression de dirigeants, qui leur demandent de réduire les dépenses IT d’environ 12 % au cours des 5 prochaines années.

C’est ce que révèle le rapport Casser les codes d’ici 2020 que vient de publier la société Fuze et qui examine les pressions que subissent les DSI dans le cadre de leur travail.

La réduction des coûts n’est pas un phénomène nouveau, malheureusement pourrait-on ajouter pour les DSI, mais c’est là un phénomène qui ne semble pas connaître de limites. Il est vrai que les technologies connaissent une évolution inverse. A performances égales, elles sont toujours moins onéreuses permettant de faire dire à certains dirigeants qu’il est possible de faire mieux avec moins. Toutefois, ce rapport indique que pour un peu de la moitié des DSI, leur entreprise insiste trop sur la réduction des coûts IT qui considère cet objectif comme l’alpha et l’oméga de toute stratégie d’entreprise. Plus grave encore, ils sont 45% à penser que leur Direction Générale n’évalue pas la DSI de la bonne façon.

Les DSI ne souhaitent pas être réduits à une simple fonction de diminution des coûts. C’est là une dimension tellement réductrice tant la place de l’informatique est prépondérante dans tous les métiers de l’entreprise. Près de la moitié d’entre souhaiteraient que les dirigeants de l’entreprise mesurent l’IT selon sa capacité d’innovation. Une grande proportion (près de 3 sur 4) d’entre eux considèrent que les pressions budgétaires les empêchent de se concentrer sur les nouvelles tendances et d’introduire de nouvelles technologies. Ils sont également 40% à souhaiter que cette évaluation se fasse en fonction des revenus qu’ils génèrent plutôt que sur les coûts qu’ils peuvent éliminer.

Les progrès technologiques, les nouvelles exigences des collaborateurs et les modes de travail en pleine évolution sont en train de redéfinir la manière dont nous travaillons. Intégrer les différentes générations cela n’est pas nouveau mais ce qui complique la tâche c’est que chaque génération a ses propres habitudes en matière d’utilisation des technologies et sont plus ou moins aptes et motivés à favoriser l’adoption des innovations. Même si l’on ne peut pas établir une relation univoque entre technologie et âge.

Une diversité croissante d’avis et d’attentes des collaborateurs est au cœur de cette révolution. En effet, ces derniers exigent la même qualité d’expérience au travail que dans leur vie privée avec plus de souplesse concernant le lieu et la façon de travailler. Sur ce point, le bureau n’est plus le lieu obligatoire et le télétravail, ou plutôt le travail au domicile, est clairement en train d’entrer dans les mœurs. Plus de 8 personnes interrogés sur 10 n’estiment pas utile d’être au bureau pour être productif.

Et ce phénomène va sans aucun doute s’accentuer. Une nouvelle génération de collaborateurs maîtrisant les nouvelles technologies et n’ayant jamais connu le monde sans smartphone, la génération Applis, va bientôt entrer sur le marché du travail. Et elle compte bien travailler comme elle l’entend, quand elle le veut et avec les technologies de son choix. Toutefois, les échanges face à face resteront importants. Ce qui impose donc une certaine unité de lieu et que tous les salariés soient au même endroit en même temps. L’utilisation des technologies connaît aussi l’évolution du « BYOD » sachant que lorsque le salarié reste chez lui, cette évolution est encore plus naturelle.

Toutes ces dynamiques sont en train de converger pour créer un environnement toujours plus complexe pour les DSI. En effet, ces derniers doivent jongler entre les exigences des plus jeunes et celles des collaborateurs plus expérimentés tout en relevant les défis liés à leurs responsabilités opérationnelles, aux pressions budgétaires et aux attentes des clients.

Cependant, les DSI d’aujourd’hui envisagent plutôt ces défis comme une opportunité majeure de façonner le monde du travail de demain. Ils sont sur le point de procéder à des bouleversements majeurs et sont déjà au cœur de l’innovation et de la transformation digitale.

Mais les DSI ont le sentiment que les dirigeants de l’entreprise se mettent en travers de leur route. Plutôt que de laisser les DSI innover, certains cadres dirigeants tentent de confiner l’IT à une fonction de réduction des coûts en insistant sur sa mission de gestion des outils existants. Une tendance qui, si elle se maintenait, voire s’accentuait, irait à contre-courant de la diffusion de l’innovation dans les entreprises.