La question est à nouveau posée. Barack Obama a commandé à la CIA un rapport complet sur ce qui s’est passé pendant les élections de novembre. Le Congrès a initié une enquête bipartisane sur le même sujet.

La société Hiscox a répertorié les 10 cyberattaques qui, selon elle, avaient marqué l’année 2016 (Les 10 cyberattaques qui ont marqué 2016 selon l’assureur Hiscox). Adresses emails, données personnelles, sommes d’argent, ce sont au total des centaines de millions de personnes touchées. Ce sont des sociétés de l’Internet (LinkedIn, Yahoo, Tumblr, Yahoo et même Dailymotion) ou des institutions bancaires (Réseau Swift) qui font partie de ce palmarès. Mais s’il était avéré, le kacking tout au long de l’année 2016 des élections présidentielles américaines, prendrait évidemment la tête de ce classement (Doutes sur les résultats des élections US ; Des élections sous haute surveillance).

En octobre dernier, 17 agences fédérales (Joint Statement from the Department Of Homeland Security and Office of the Director of National Intelligence on Election Security) ont publié un communiqué commun dans lequel elle était « confident that the Russian Government directed the recent compromises of e-mails from US persons and institutions, including from US political organizations[1] ». Les agences indiquaient que les informations subtilisées ont ensuite été publiées par Wikileaks, DCLeaks.com et un site Web curieusement baptisé Guccifer 2.0. Ce dernier avait publié un article très explicite indiquant que « I’d like to warn you that the Democrats may rig the elections on November 8. This may be possible because of the software installed in the FEC networks by the large IT companies[2] ».

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A la mi-novembre, c’est le directeur de la NSA qui avait déclaré qu’il n’avait aucun doute sur une action délibérée par un état-nation pour interférer dans une élection. Sans pour autant citer le pays pouvant être impliqué.

Ce n’est pas première fois que des puissances étrangères sont intervenues dans les élections présidentielles américaines. En 2008, Barack Obama et John McCain, les deux candidats de l’époque avaient été l’objet de cyber-attaques de la part du gouvernement chinois. En 2012, le blog Gawker (qui a cessé ses activités en août 2016) avait affirmé que des hackers avaient pénétré le compte de messagerie Hotmail de Mitt Romney en répondant simplement à la question de sécurité : quel est votre animal de compagnie préféré ?

En 2016, les serveurs des partis démocrates et républicains auraient été hackés, des attaques ciblées auraient été portées sur les listes électorales dans les Etats d’Arizona, de l’Illinois et de la Florida. Dans ce contexte, Barack Obama demande donc un rapport détaillé à la CIA (deep dive) dont il veut les conclusions avant son départ de la Maison Blanche.

Quelles peuvent être les objectifs dans de telles initiatives ? Cela peut aller de déstabiliser et ébranler les citoyens dans la confiance qu’ils accordent à leur système démocratique et à leur processus électoral à manipuler directement les élections en favorisant éventuellement un des deux candidats en passant par le vol d’informations classifiées. Vendredi dernier, le Washington Post a été clair en indiquant que la CIA avait déterminé que le gouvernement Russe était intervenu dans les élections pas seulement pour ruiner la confiance mais bien pour favoriser l’élection du candidat républicain.

La difficulté dans cette affaire est que le problème de cybersécurité concerne le milieu politique avec des enjeux considérables. Les démocrates semblent plutôt en retrait comme s’ils avaient été sonnés par le résultat des élections (avec la perte de la présidence et le maintien d’une position minoritaire au Sénat et à la Chambre des Représentants). Les Républicains nient le fait que les serveurs de leur parti ait fait l’objet d’intrusions externes.

De son côté, Donald Trump et les membres de son équipe de transition réfute les accusations en bloc car elles comprennent jusqu’où elles peuvent mener : « la mise en cause des résultats des élections ».  Dans sa maîtrise incomparable de la nuance, Donald Trump a même été jusqu’à mettre en cause la CIA en déclarant que « these are the same people that Saddam Hussein had weapons of mass destruction[3] ». En fait, le président élu mélange sans discernement les hypothèses d’un rapport de la CIA et les conclusions qu’en avaient tirées George W. Bush pour déclencher l’opération Iraqi Freedom.

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[1]
« que le gouvernement russe a hacké des mails émanant de personnes et d’institutions américaines, y compris des organisations politiques américaines ».

[2] Je tiens à vous avertir que les démocrates peuvent manipuler les élections le 8 novembre. Cela peut être possible à cause de logiciels installés dans les réseaux FEC par les grands acteurs de l’IT.

[3] Ce sont les mêmes personnes qui avaient affirmé que Saddam Hussein avait des armes de destruction massive