Si la virtualisation des réseaux transforme actuellement le paysage des offres, la réalité du terrain tient aux infrastructures existantes : Serveurs hébergés ou pas et réseaux locaux

L’environnement des grandes entreprises se partage surtout entre des réseaux IP plus ou moins évolués comme le MPLS (1) et des data centers plus ou moins bien reliés entre eux. A l’occasion de l’exposition Ethernet & SDN Expo (ESDN) à  New York qui se tient les 2 et 3 octobre au Javitt Center (photo)jacob-javits-center-ariel-537x389, les liens entre cloud et réseaux locaux d’entreprise vont être au centre d’une polémique.

Qui est le mieux placer pour proposer des services de bout en bout, sur des infrastructures souvent louées ? Des opérateurs comme ATT, BT, Verizon ou en France Orange et SFR ?  Ou faut il faire appel à des spécialistes des réseaux IP, du cloud ou de l’intégration complète comme Capgemini ou Atos. La répartition du travail entre spécialistes réseaux et fournisseurs de cloud n’est pas définitive, même si certains proposent toutes les réponses Si cette année, bien sûr, beaucoup de DSI réfléchissent à l’utilisation d’applications vendues comme des services, la plupart d’entre eux s’inquiètent de temps de réponses pas forcément garantis.

Des offres Ethernet « garanties » avec le cloud

A ce propos, à l’occasion d’une conférence sur les offres de services « Ethernet » en compagnie de son principal concurrent ATT, Verizon lancera son offre L2 everywhere, sous-entendu la couche 2 (layer 2), synonyme d’Ethernet « partout » avec des temps de réponses garantis et surtout relié parfaitement au cloud. Le marché Ethernet qui représentait 5 milliards de dollars uniquement au Etats-Unis était considéré comme le secteur des réseaux le plus en en pointe, en développement constant avec plus de 20% de croissance chaque année. Mais en 2013, selon le bureau d’études Vertical System, la croissance prévue ne serait plus que de 10%. De plus en plus, on achèterait  des services  «  tout compris » et de moins en moins de produits bruts moins chers mais souvent sans garanties « de performances »  en terme de temps de réponses des applications.

La souplesse du cloud remet en cause aussi les modes de location des réseaux

La faute de ce ralentissement revient aux vendeurs de serveurs d’applications en ligne et aux promoteurs de clouds . Certains, comme T-System en Allemagne, proposent de louer des applications telle que l’ERP SAP non plus en fonction du nombre de postes clients mais au «  volume » en  nombre de transactions. Les baisses régulières des tarifs de locations de bande passante participent aussi à cette remise en question. Si l’on passe aux applications en lignes à la demande sur différents sites, comment va-t-on justifier par ailleurs des  réseaux hyper sécurisés à débits garantis ?

Débits minimaux garantisKerryBailey

Pour Verizon , la réponse passe donc par des temps de réponse garantis avec des équipements de réseaux Ethernet évolutifs (Arista, Juniper, Cisco)  et un partenariat avancé avec des éditeurs de logiciels comme VMWare. D’où l’idée d’une offre L2 everywhere qui sonne comme une proposition de « retour sur terre » face aux promesses du SDN, encore embryonnaire. Interrogé sur le recoupement des offres Ethernet et SDN, Kerry Bailey, directeur marketing de Verizon Business, précisait : « L’important c’est la compatibilité avec les milliards déjà investis dans les infrastructures et les temps de réponse des applications. La virtualisation de réseaux et le transfert des machines virtuelles peuvent déjà s’effectuer sur nos différentes plates-formes »

Le cloud open  ou fermé ?

Interrogé sur ses choix logiciels pour les offres de cloud et en particulier pour une plate forme open source comme OpenStack adoptée par de nombreux hébergeurs . Le responsable de Verizon précisait : « Nous travaillons sur un ensemble de composants open source autour de Xen et cela constitue une plate forme applicative comparable à Openstack ou Cloudstack que nous connaissons très bien Mais, il nous fallait un outils beaucoup plus ouvert et plus puissant puisque nous gérons le trafic de dizaines de data centers. L’objectif est pour nous de fournir des temps de réponses garantis avec  la disponibilité des applications sur n’importe quel poste du réseau Ethernet de l’entreprise . Pour l’instant, il n’y a rien de plus abouti que la combinaison Ethernet et cloud »

Du coté cloud : 8 solutions à envisager

Pour expliquer leurs  offres de services, les opérateurs de services cloud comme Verizon présente souvent un tableau à 6 ou  8 entrées avec des usages particuliers. Ce découpage varie d’un fournisseur à l’autre mais il permet de déterminer le niveau de sous-traitance prévu. Un rapide coup d’œil  donne une idée des variantes disponibles chez la plupart des grands opérateurs.

L’une des situations la plus courante est l’hébergement d’une application unique, non administrée par l’opérateur. Elle est souvent entre les mains d’un service de développement centré sur une  application crée pour le cloud.

Le deuxième genre d’offres, un peu  plus élaborée, tient à l’application unique, toujours administrée par le client mais  ouverte sur d’autres data center (scale-out cloud hosting).

Le troisième type met en œuvre  une application métier stratégique, administrée par  l’hébergeur de manière basique et laissant néanmoins au client l’essentiel des opérations de maintenance sur celle ci.La quatrième solution  s’affiche comme une offre de gestion d’une pile d’applications hétérogènes, hébergées sur différents sites de manière complexe.

Avec le cinquième type d’offres, on entre dans la gestion de charges applicatives « non reliées entre elles » et  non administrées par l’hébergeur. Il s’agit souvent de créer une sorte de laboratoire d’études pour gérer les débordements. Cette formule sert à étalonner les capacités de traitements L’objectif est de mesurer la capacité des services de l’entreprise mais aussi celles de  l’hébergeur à administrer les  charges imprévues. Cette formule permettra aussi de comparer les contraintes liées aux applications hébergées avec celles conservées en Interne . Cela facilite le choix des applications d’entreprises à conserver  ou non. On cherche, en général, selon les consultants d’intégrateurs à centraliser le gros de l’activité en interne en minimisant les frais de locations de serveurs hébergés.

La sixième est une variante de la précédente avec une gestion automatisée des différentes charges. On parle dans ce cas d’ une centralisation autour d’un data center virtuel. Les septième et huitième solutions prendront en compte une part croissante d’applications  métiers et une part croissante d’outsourcing.

Les partenariats, clés des différentes offres

Chaque opérateur de cloud décline ses offres en fonctions de contrats avec certains vendeurs de logiciels ou certains intégrateurs spécialisés. Dans le domaine de l’administration à distance d’applications ou de celle de racks de serveurs, y compris la sécurité, le choix est difficile. Pour les opérateurs télécoms, c’est bien sur la parfaite intégration des différents sites avec des temps de réponses garantis qui fera la différence. Pour les hébergeurs et vendeurs de cloud indépendants, ce sera bien sur la souplesse d’intégration et le choix d’offres réseaux optimisés, du fait de la concurrence, en terme de prix qui séduira. Pour convaincre désormais, les hébergeurs proposent d’ailleurs des offres clés en main. Mais cela devient aussi  une tendance pour  les grands opérateurs internationaux qui veulent séduire des PME à vocation internationale. Celles -ci n’ont pas forcement le temps de monter un appel d’offres gérés par un consultant réseau externe.

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(1) MultiProtocol Label Switching (MPLS) est un mécanisme de transport de données basé sur la commutation d’étiquettes ou « labels », qui sont insérés à l’entrée du réseau MPLS et retirés à sa sortie.