Saviez-vous que les RegTech (Regulatory Technology) ont vu le jour il y a déjà quelques années ? Elles suivent ces cinq dernières années l’adoption de nouveaux textes réglementaires aux Etats-Unis comme en Europe : Fiduciary Rule, Dodd-Franck Act, CAT, MiFID I et II, PSD1 et 2. Autant de cigles abstraits, que de possibilités d’exploitation pour ce nouveau marché des RegTech.

Des solutions technologiques innovantes sont proposées aux acteurs financiers pour – au-delà du respect à moindre coût de ces réglementations, ou au contraire de l’optimisation des vides réglementaires laissés – améliorer le pilotage des risques et la gestion de l’activité financière. Attention, ne vous méprenez pas, il ne s’agit plus d’un vocable n’intéressant que les responsables juridiques ou les geeks ; près d’une société sur cinq a déjà implémenté une solution RegTech.

La pression réglementaire soutenue incite les sociétés financières à souscrire aux services de RegTech pour standardiser leur processus de conformité.

REGTech versus FINTech : entre réglementation et innovation technologique

FinTech, LegalTech, RegTech… sont complémentaires et flirtent parfois les unes avec les autres. Pour faire simple, si les premières correspondent à des offres technologiques relatives à l’industrie de la finance et du paiement, les secondes ont pour objectif de fournir des outils juridiques pour alléger la charge administrative des entreprises ; par exemple en matière d’édition de contrats, de signature électronique, etc. Les RegTech ont quant à elles, pour finalité de gérer tous les aspects réglementaires financiers, du calcul des ratios à la remise des rapports financiers en passant par la conformité des modèles de risque interne et les KYC (Know your Customer). Leur vocation est d’aider les entreprises à adapter leurs outils et leurs processus aux règles juridiques et aux juridictions.

Finance, Règlementation et Technologies s’entremêlent toujours plus étroitement ! Cette année encore Money2020 a mis à l’honneur les effets d’opportunités des nouvelles technologies, pour la croissance exponentielle des créations de RegTech. Quésako ?

RegTech, une application de Data Analytics, ou encore mieux d’Intelligence Artificielle ?

Quand on parle de RegTech, on peut – à tort – comprendre qu’il s’agit essentiellement d’une application de Data Analytics ou de processus agiles pour les organisations financières… Pourquoi s’y intéresser ? Après tout, il existe pléthore de solutions sur le marché ! Détrompez-vous, Mademoiselle RegTech à l’instar de sa sœur, FinTech, est une science en permanente évolution ; tout comme la réglementation à laquelle elle doit s’adapter. Il serait insensé de croire que les RegTech n’adressent d’ailleurs que le réglementaire ; elles répondent à de nouveaux défis technologiques dans le domaine du traitement des données structurées et non structurées et ouvrent de nombreux domaines d’application comme l’usage de la biométrie pour l’identification individuelle, la blockchain pour la vérification de l’identité numérique, la cryptographie pour la sécurité des données.

Aux États-Unis et au Royaume-Uni, KPMG annonce que le secteur aurait attiré quelque 219 millions de dollars d’investissements au premier trimestre 2017, pour y développer les usages de la blockchain.

De son côté, le Machine Learning correspond au « nec plus ultra » ces derniers temps. Les RegTech s’essaient donc aussi à l’Intelligence Artificielle. Un acteur devenu majeur dans ce secteur, Trulioo, confirme les progrès générés en matière d’enrôlement client. Notamment, pour les processus de vérification des KYC et AML (lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent). L’automatisation de l’apprentissage et de la reconnaissance des faux, couplée avec l’analyse des données non structurées, permettent d’accélérer la sélection des données pertinentes.

Une nouvelle manière de lutter contre les fraudes à l’échelle globale

Ne croyez pas que le boom des RegTech soit un phénomène localisé ; toutes les places financières voient arriver ces startups d’un nouveau genre. Comme pour Trulioo, les données collectées sont internationales, pour une vérification maximale et une lutte optimale. Contrairement au traitement « plume et goudron », les RegTech viennent chatouiller la voute plantaire du blanchiment d’argent telle la plume d’oie utilisée pour torturer les présumés coupables.

L’effervescence liée à l’ouverture des marchés, à la globalisation, n’est pas innocente dans l’essor des RegTech. Elles bénéficient d’un environnement idéal mais dangereux. Plus les entreprises évoluent dans des milieux concurrentiels et légaux, plus elles doivent maîtriser leurs risques. Et ainsi mettre en place des structures flexibles leur permettant d’obtenir une vision complète de l’ensemble de leurs données, des risques auxquels elles sont exposées, et de leur marge de progression pour être en conformité. C’est là les beautés des RegTech dont le rôle est d’aider à l’identification des points de vigilance, faciliter le respect des normes et limiter les risques de pénalité. La mise en conformité est devenue stratégique et incontournable. La startup new-yorkaise 8of9 suit ce parti pris en se présentant comme une solution apportant de l’ordre dans le chaos.

L’année dernière, le scandale des faux comptes de Wells Fargo a alimenté le débat autour du recours nécessaire aux RegTech pour les grands établissements financiers. D’autant que cette année encore, la banque n’est toujours pas capable de montrer les améliorations mises en place au Comité chargé des Banques et des Finances du Sénat américain. Cela apporte de l’eau au moulin des RegTech.

Si leur montée en force s’explique par une large palette de services couverts, certaines vont même jusqu’à y voir des potentiels d’upsell… Pas folles, malgré le contre-exemple de Wells Fargo, nombreuses sont les directions de banques qui auraient été séduites par les beautés de la RegTech dès son apparition.

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Corinne Estève Diemunsch est Directrice Marketing et Communication, Limonetik