Si l’acquisition des compétences dans le management des organisations est largement assurée dans les établissements supérieurs, la formation à ce que l’on appelle le développement personnel est encore relativement faible.

C’est ce qu’il ressort d’une enquête réalisée par l’Association Pasc@line[1] sur « Le développement des compétences e-leadership dans les établissements d’enseignement supérieur et écoles d’ingénieurs du numérique ».

Qu’est-ce que l’e-leadership ?

L’e-leadership recouvre les capacités techniques, méthodologiques et humaines nécessaires pour exploiter les opportunités liées à Internet et aux Technologies de l’Information, dans un contexte de pilotage d’équipes multiculturelles et mondialisées, pour :
– Optimiser l’efficacité des organisations et des processus,
– Explorer les nouvelles possibilités de chaîne de valeur,
– Identifier de nouveaux business.

Les compétences dans les technologies « impactantes » (big data, cloud, sécurité,…) sont désormais intégrées dans les sciences de l’information avec une approche pluridisciplinaire. Ainsi, elles sont très présentes dans les enseignements optionnels (68%) mais très peu dans le tronc commun (44%). Le futur ingénieur du numérique ne devrait-il pas avoir, au minimum, une sensibilisation sur l’ensemble de ces technologies ? considèrent les responsables de l’enquête.

Enfin le dernier constat concerne l’impact du numérique sur les métiers de l’entreprise. L’enquête montre qu’hormis sur le métier de R&D, seul 1 établissement sur 2 forme ses étudiants au niveau sensibilisation, moins de 1 sur 2 au niveau des options, et seulement 1 sur 3 a des formations en section en préparation dans ce domaine.

Au moment où le numérique révolutionne les métiers, les fonctions et l’environnement des entreprises, ces résultats devraient déclencher une réflexion sur la formation de tous les futurs ingénieurs sur l’impact du numérique sur les métiers de l’entreprise.

Analyse détaillée par domaine de compétence

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Connaissance de l’impact du numérique sur les métiers et fonctions de l’entreprise
Cette réalité complexe est encore méconnue des étudiants. Les établissements l’ont prise en compte à 57% en tronc commun. C’est le résultat des efforts dans les formations Sciences Humaines et Sociales (SHS) et les formations générales au management (74% en tronc commun). Mais ces enseignements amènent au niveau sensibilisation.
Ce sont la R&D et la production, qui sont les plus souvent citées au niveau maîtrise des compétences. L’enseignement classique de ces formations représente un handicap. Elles devraient progresser grâce à de nouvelles approches fondées notamment sur les études de cas d’entreprises.

Management des organisations
Ces formations sont traitées par la plupart des établissements. L’objectif est d’amener les élèves à un niveau de maîtrise de ces compétences avec un focus particulier dans les sous-domaines de l’entrepreneuriat et des modèles économiques.

La faible prise en compte des « Technologies Impactantes » montre que ces enseignements restent traditionnels et doivent être revisités avec le regard de la transformation digitale.

Technologies impactantes
L’enseignement dans ce domaine montre les scores les plus élevés à la fois en option et en tronc commun. Toutefois les étudiants n’étudient pas le spectre complet des technologies impactantes. C’est pourtant ce qu’on attend aujourd’hui d’un ingénieur à l’ère de la transformation digitale de l’économie.

Management & développement personnel
Les compétences dans ce domaine sont développées au niveau sensibilisation ou maîtrise, en tronc commun, à travers les projets, ou des partenariats d’entreprises. Les écoles qui développent ces compétences qualifiées de soft skills amènent le plus souvent les étudiants au niveau maîtrise. Il est souhaitable que 100% des écoles soient concernées, car aujourd’hui un ingénieur ne peut faire carrière sans être un bon animateur, un bon communicant et sans avoir les qualités d’écoute indispensables pour travailler en équipe.

En matière de Gestion des ressources humaines, les écoles se situent plutôt dans le champ de la sensibilisation. Est-ce suffisant alors que l’ingénieur chef de projet est confronté au quotidien à des questions de management d’équipe ? La formation à l’utilisation des outils collaboratifs est faible en tronc commun, alors que c’est une compétence indispensable pour gérer des projets, et que tout ingénieur doit maîtriser.

[1] Créée en 2006, l’Association Pasc@line réunit 75 établissements d’enseignement supérieur dispensant des formations du numérique et 1.200 entreprises du secteur du numérique regroupées autour de Syntec Numérique et du CINOV-IT. Elle a pour mission de développer l’attractivité des formations qui ouvrent sur les métiers du numérique, auprès des jeunes générations, garçons et filles.