Google est poursuivi par le tout puissant département de la justice américain pour position monopolistique dans le domaine de la recherche sur Internet. Le procès à venir peut inquiéter Google mais aussi d’autres acteurs du marché…

Certains s’en souviennent sans doute… Poursuivi par le DOJ (Department of Justice) américain et après des années de procès et d’appels entre 1994 et 2001, Microsoft est condamné le 1er novembre 2002 pour pratiques commerciales monopolistiques (autour de Windows et des navigateurs Web) à une stricte surveillance durant 10 ans. L’entreprise échappe au démantèlement ordonné en juillet 2000 (et annulé en appel). Néanmoins cette stricte surveillance va freiner les capacités d’innovation de l’entreprise. Steve Ballmer a toujours affirmé que l’échec de Microsoft dans les smartphones était en grande partie imputable au fait que l’entreprise était pieds et mains liées en matière d’innovations par le DOJ.

Depuis de l’eau a coulé sous les ponts mais un autre géant a émergé en prenant une place incontestablement monopolistique : Google et son moteur de recherche. Un marché qui dicte aussi l’audience des sites et la publicité sur Internet.
Google a été condamné par l’Europe et depuis des années différents organismes américains essayent de traîner le géant de la recherche Internet devant les tribunaux. Le ministère de la Justice américain, le fameux DOJ, a intenté cette semaine une action en justice contre Google pour des motifs antitrust alléguant que la société avait illégalement maintenu un monopole sur la recherche sur Internet en coupant ses rivaux des principaux canaux de distribution. Onze procureurs généraux républicains ont rejoint le DOJ en tant que plaignants. Aucun procureur démocrate en revanche ne s’est mêlé à cette affaire déclenchée en pleine campagne électorale américaine !

Selon le DOJ, Google détient 88% du marché de la recherche aux USA et 94% de celui de la recherche sur mobile. L’entreprise détient également 70% du marché de la publicité attachée aux recherches. Le DOJ estime qu’une telle position a détruit l’innovation sur le marché de la recherche d’information sur Internet. Il dénonce également les accords exclusifs signés entre Google et les fabricants de smartphones Android.

Interrogés par CNBC, les avocats qui avaient à l’époque attaqué Microsoft et obtenu sa condamnation se montrent cependant assez sceptiques sur les chances du DOJ d’obtenir ici gain de cause. Même s’il existe bien des parallèles avec la situation de Microsoft dans les années 2000, le procès Google est loin d’être une photocopie de celui de l’époque. Essentiellement parce que Google a bien analysé la situation du procès Microsoft, a retenu les leçons du passé et a fait en sorte de ne pas tomber dans les mêmes pièges. Et parce que, selon eux, le DOJ aura du mal à démontrer que la position de Google a un préjudice direct sur les consommateurs.
Autre inquiétude, le DOJ cite beaucoup BING comme une victime de la position de Google. Sauf que Microsoft se montre extrêmement silencieux dans cette affaire. L’entreprise de Satya Nadella n’a pas officiellement réagi aux annonces. Et les relations autrefois déplorables entre les deux géants sont désormais bien plus apaisées avec des collaborations dans le développement et surtout la sortie du Surface Duo sous Android. Selon certaines sources, les deux entreprises auraient d’ailleurs signé en 2015 un pacte de non-agression devant les tribunaux, accord d’une durée de 5 ans. Sundar Pichai et Satya Nadella estimaient à l’époque que les deux entreprises avaient plus à gagner en collaborant qu’en s’attaquant sans cesse.

Pour certains observateurs, ce procès pourrait aussi impacter Apple. Car la plainte du DOJ dénonce les accords entre les deux entreprises qui rapporteraient entre 8 et 12 milliards de dollars par an à Apple pour que Google Search soit par défaut utilisé par Safari, Spotlight et Siri.

Une affaire à suivre mais qui risque de s’éterniser…