Les prises de position de Google et Microsoft autour de la rémunération des éditeurs d’actualités tournent à la foire d’empoigne. Un pugilat intéressé où chacun défend son propre business sous prétexte de défendre le journalisme.

Goocle et Microsoft : Très souvent concurrents (OS, Office, Visio-conférence, cloud…), parfois partenaires (Chrome, Surface Duo), et de temps en temps ennemis jurés… Le ton s’est envenimé en fin de semaine dernière entre les deux géants américains.

L’histoire débute il y a quelques semaines. Le gouvernement australien a fait passer en février une Loi obligeant Google et Facebook à payer les éditeurs d’actualités pour leur contenu. Google et Facebook se sont ouvertement exprimés contre cette Loi. Le premier a fini par céder signant un accord avec NewsCorp et autres éditeurs alors que le second a effectivement retiré la possibilité de partager des actualités sur sa plateforme en Australie. À l’époque, Microsoft était monté au créneau et avait non seulement soutenu la Loi australienne, mais aussi expliqué qu’il serait bien que les USA adoptent la même idée. La firme dirigée par Satya Nadella s’est même associée à des éditeurs européens pour appeler à des accords généraux de rémunération des contenus médias par les plateformes d’agrégation de contenu.

De quoi largement faire grincer les dents de Google qui y voit une attaque directe et un coup bas de Microsoft sur son Business. Dans un billet de blog, Kent Walker, responsable des affaires mondiales chez Google accuse Microsoft « de faire des déclarations intéressées et d’être prêt à brise le fonctionnement ouvert du Web simplement dans le but de saper un rival… Ils reviennent à leurs ancestrales pratiques d’attaque contre leurs rivaux en faisant du lobbying pour des règlements qui profitent à leurs propres intérêts ».

Pire encore, Kent Walker accuse même l’éditeur de faire du bruit autour de cette affaire pour détourner l’attention des problèmes de sécurité actuels après les attaques Solarwinds et Exchange Server : « Ce n’est pas une coïncidence si l’intérêt nouveau de Microsoft pour nous attaquer arrive à un moment où ils ont permis à des dizaines de milliers de leurs clients d’être activement piratés par des vulnérabilités importantes qu’ils savaient exploitées… ». Ouch… L’attaque est rude.

Cette violente attaque est motivée par le fait que Google voit son business autour de Google News mis en danger après l’affaire australienne, après les demandes européennes et alors que les autorités américaines examinent différents projets commerciaux pour soutenir une presse libre et diversifiée.
Google affirme ne pas gagner d’argent avec Google News et rappelle à qui veut bien l’entendre « être l’un des principaux soutiens financiers du journalisme au monde. Nous avons partagé des milliards de dollars de revenus avec les éditeurs d’actualités par l’intermédiaire de notre réseau de publicité. Nous avons aidé les organismes de presse à développer de nouveaux modèles d’affaires et de nouveaux flux de revenus. Et nous nous sommes engagés à investir 1 milliard de dollars au cours des trois prochaines années pour favoriser la diffusion de contenu d’informations par le biais de Google News ».

Pour Brad Smith, président de Microsoft, les choses ne sont pas aussi simples que le présente Google. « Les éditeurs doivent utiliser les outils de Google, fonctionner sur les échanges de publicités de Google, contribuer aux données opérationnelles de Google et finalement payer Google. Tout cela a un impact sur la capacité des organismes d’information à bénéficier économiquement des retombées publicitaires sur leurs propres sites ». Il invite le Congrès américain à prendre les devants et à promulguer une loi sur la concurrence et la préservation du journalisme afin de permettre aux organismes de presse de négocier collectivement avec les distributeurs de contenu en ligne.
Pour Google, sous couvert de protection du journalisme, Microsoft ne cherche en réalité qu’à faire une plus grande place à Bing News.

Bref, les coups bas fusent de part et d’autre. Et cela faisait longtemps que les deux entreprises n’avaient pas été aussi ouvertement en conflit et tenu des propos aussi durs l’un envers l’autre.
Une tension qui devrait encore s’accentuer dans les semaines à venir avec le lancement de l’anti-chromebook « Windows 10X ».