Plus que jamais, IBM réitère son engagement dans le développement de ses lignes de systèmes matériels, Power Systems et System z, que ce que soit pour des solutions on premise ou dans le cloud.

La part des ventes de matériels, serveurs et systèmes de stockage n’a cessé de diminuer dans le chiffre d’affaires d’IBM avec dans les années 2000 la cession de l’activité PC au constructeur chinois et quelques années plus tard, celle des serveurs x86. Aujourd’hui, la vente de systèmes représente environ 10 % du chiffre d’affaires total : 8 milliards de dollars dont 1,7 Mds en système d’exploitation. A l’inverse, IBM a procédé à de très nombreux rachats dans les domaines des logiciels et des services dont le plus récent en date est celui de Red Hat l’année dernière pour un montant record de 34 milliards de dollars, la plus grosse acquisition réalisée par IBM.

Faut-il en conclure qu’IBM quittera un jour ce marché des systèmes informatiques ? Certainement pas, affirme en substance, Catherine Chauvois, Directrice de l’entité Systems d’IBM France. Les montants consentis en recherche et développement en matériel représentent la moitié environ la moitié des dépenses totales (5,3 Mds$ en 2018).

Les systèmes constituent une activité stratégique pour IBM car ils agrègent avec eux des ventes de logiciels et services importants hautement profitables, même si BM ne donne aucune indication chiffrée à ce sujet. S’agissant des mainframes, il s’agit plutôt d’une démarche défensive pour protéger un parc existant. Et d’éviter ainsi que des clients comme Swisscom décident d’abandonner ce système pour évoluer vers d’autres solutions (voir encadré ci-dessous). Une démarche qu’IBM ne recommande pas d’autant que, selon Catherine Chauvois, les System z offre les architectures les plus performantes largement à niveau avec leurs équivalents et qu’ils permettent d’organiser une infrastructure on et off-premise et sous forme de cloud hybride. Par exemple Les applications de blockchain s’y exécutent de manière plus efficace que sur d’autres systèmes.

Du côté des systèmes Power, l’avenir est assuré puisqu’IBM assure que la prochaine génération de processeur, le Power 10, qui devrait être gravé à 7nm, devrait être disponible d’ici deux à trois ans.  Les hyperscales comme Google utilise les systèmes Power pour motoriser leur cloud car ils sont très performants pour certaines applications comme l’intelligence artificielle.

IBM présente désormais son catalogue de matériels en quatre grandes familles : les plates-formes Power, IA et solutions cognitives, les systèmes au cœur des solutions de cloud hybride, les solutions de stockage et les plates-formes matériels qui permettront de passer du cloud au multicloud. Pour IBM, la problématique des entreprises concerne la gestion et la protection (solutions de cryptographie) des données, le cloud hybride et l’intelligence artificielle. La démarche système retenue par IBM vise à une approche par les besoins fonctionnels ou métier. Pour y répondre, il faut être capables de collecter les données à disposition existantes, les analyser et les transformer en informations. Et aujourd’hui, trois types de données sont à disposition des clients : les données clients issues des systèmes transactionnels, les données clients qui se trouvent hors du firewall et les données en transit qui sont générés par les objets connectés.

Si IBM affirme ne pas exploiter les données de ses clients, elle travaille à leur valorisation dans certains secteurs en répondant à des demandes d’entreprises dans les domaines de la santé (Watson Health), de la météo (suite au rachat de The Weather Company).

Les solutions cognitifs et Watson constituent l’intelligence qui permet une exploitation systématique des données à disposition des entreprises. IBM a entrepris une convergence de ses solutions existantes dans le data center de l’entreprise et dans le cloud public – Power AI dans le premier et Watson dans le premier – sous l’appellation commune Watson Machine Learning Accelerator qui a permis d’unifier l’ensemble des outils et des frameworks.

Côté stockage[1], IBM propose une offre très large qui répond à la problématique des entreprises selon laquelle elles doivent aller chercher des données dans de nombreuses sources (5 en moyenne). La famille de système de stockage a donc été transformé selon le modèle Software Defined. IBM propose des solutions spécialisées pour des besoins spécifiques ; cryptographie, backup/restauration/réplication… Cette solution est également proposée sur le cloud public d’AWS.

IBM est également très présent dans le domaine des supercalculateurs (HPC) avec notamment les deux premiers systèmes du Top500 qui recense les 500 systèmes les plus puissants de la planète. Le système Summit, qui inclut des GPU Nvidia et des interconnexions Mellanox, culmine à 200 PFlops, loin devant le second de la liste, Sierra, qui affiche 94 PFlops. Mais ces deux systèmes cachent un peu un recul général d’IBM lorsqu’on considère la puissance cumulée du Top500.

Mais IBM travaille également pour l’avenir. Et l’informatique du futur se conjugue sans doute en technologies quantiques. IBM propose un accès à ses ordinateurs quantiques en mode SaaS mais elle commercialise également un ordinateur quantique sous la forme d’une boite, l’IBM Q qui offre 20 qubits. Une solution à 50 qubits avec des applications commerciales devraient être disponibles d’ici la fin 2019. Parmi les secteurs identifiés, il faut citer les secteurs industriels, financiers, de la chimie. IBM fait état de 64 clients parmi lesquels on peut citer JP Morgan, Barclays, Samsung ainsi que des universités et des laboratoires de recherche. Dans cette aventure quantique, la France est très active avec la création du 7e hub mondial de cette technologie.


Swisscom migre l’intégralité de ses applications mainframe dans le cloud

Swisscom, principal fournisseur suisse de télécommunications et de services informatiques, a migré la totalité de son activité mainframe sur le cloud en utilisant LzLabs Software Defined Mainframe (SDM). Swisscom a déplacé ses données et applications mainframe critiques vers sa propre infrastructure cloud d’entreprise, sans aucun reformatage des données ni recompilation de ses programmes applicatifs.

Swisscom indique être parvenue à réduire ses coûts informatiques d’environ 60 % grâce à la migration intégrale de son système mainframe historique qui est désormais inactif. Les applications critiques qui ont été migrées, représentant 2 500 MIPS (millions d’instructions par seconde) installés, gèrent la facturation, les informations relatives à la localisation et aux adresses ainsi que l’administration de tout le réseau de téléphonie fixe du fournisseur. La totalité de ces activités informatiques s’exécute désormais sur le cloud pour entreprises construit par Swisscom.

SDM est une technologie de conteneur spécialisée qui offre aux applications mainframe la capacité de s’exécuter sur des systèmes ouverts, sans besoin de recompilation des programmes ou de conversion des types de données. SDM fournit un environnement d’exécution qui met à disposition les API fonctionnellement équivalente aux sous-systèmes utilisés pour permettre une exécution transparente des représentations binaires de ces programmes et données. Fonctionnant dans des environnements ouverts, ces applications s’intègrent plus facilement aux stratégies mobiles, IoT, cloud et DevOps, et ne requièrent plus de gestion par un personnel disposant de compétences mainframe pointues en profonde raréfaction.


[1] Faut-il rappeler qu’IBM a développer le premier disque magnétique. En 1956, le premier système de disque dur s’appelle l’IBM 350. Il est utilisé dans le RAMAC 305 (RAMAC pour « Random Access Method of Accounting and Control »). La production commerciale commence en juin 1957 et, jusqu’en 1961, plus d’un millier d’unités sont vendues. Son prix est alors de 10 000 dollars par mégaoctet. Le RAMAC 305 était constitué de 50 disques de 24 pouces de diamètre, deux têtes de lecture/écriture qui pouvaient se déplacer d’un plateau à un autre en moins d’une seconde. La capacité totale était de cinq millions de caractères (Source : Wikipedia).