Les résultats médiocres d’IBM ne sont pas une surprise. La crise à la fois sanitaire et économique n’épargne évidemment pas les entreprises de la Tech et de l’IT. Mais le bouillon aurait pu être plus salé.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Arvind Krishna, le nouveau patron d’IBM qui a officiellement pris les commandes du géant de l’informatique le 6 avril dernier n’est pas un homme verni. Sa prise de pouvoir arrive en effet à un bien mauvais moment, en pleine pandémie de Coronavirus et à peine quelques jours avant des résultats forcément médiocres à défendre devant des actionnaires.

IBM est en effet l’un des premiers grands acteurs de la Tech à annoncer ses résultats officiels pour le premier trimestre 2020. Big Blue donne ainsi le ton du marché avant les résultats attendus dans les prochains jours d’Apple, Microsoft, Google et autres Amazon…

Certes IBM n’est plus le mastodonte d’autrefois. Sa capitalisation boursière est 10 fois inférieure à celle de Microsoft par exemple. Depuis des années, les prédécesseurs de Arvind Krishna ne cessent de couper les branches déficitaires les revendant à d’autres entités. D’un autre côté, le nouveau CEO rappelait dans son premier email aux salariés que « s’il y a une chose que cette crise sanitaire internationale met en lumière, c’est le rôle toujours essentiel d’IBM dans le monde. Nous sommes l’épine dorsale de certains des systèmes les plus critiques… »

Arvind Krishna, CEO d’IBM

IBM a donc annoncé hier soir les résultats de son premier trimestre 2020. Et ils sont plutôt conformes aux attentes des analystes : 17,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires en baisse de 3,4% par rapport au premier trimestre 2019.

Dans le détail, c’est Red Hat (que Big Blue a acquis en juillet 2019) qui vient une nouvelle fois sauver la donne avec une croissance de 18%. L’entreprise a d’ailleurs signé au premier trimestre le plus gros deal de son histoire (avec un client non dévoilé). Les comptes de Red Hat (et ses 719 millions de dollars de vente sur ce trimestre) sont intégrés dans la division « Cloud and Cognitive Software Business » qui affiche ainsi une croissance de 18% sur le premier trimestre 2020 comparé au même trimestre 2019.

Red Hat s’affirme donc, chaque trimestre un peu plus, comme la bouée de sauvetage du groupe. Mais on retiendra quand même les bons résultats généraux de la division cloud qui s’élèvent à 5,4 milliards de dollars sur le trimestre. Seul bémol, les revenus de Watson (Cognitive Services) ont largement souffert durant le mois de mars.

Sans surprise – car portée par la nouvelle génération des mainframes Z15 et donc le début d’un nouveau cycle de renouvellement – la division des Systèmes IBM affiche une croissance de 3% et atteint les 1,4 milliard de dollars. C’est le Z15 qui tire les revenus de l’ensemble vers le haut avec une croissance des ventes de 59% et insuffle sa bonne dynamique à la division Storage Systems qui affiche une croissance de 18%.

La crise a finalement surtout touché les divisions de services d’IBM. La division Global Business Services (qui comprend tout le Consulting d’IBM) affiche reste stable et affiche un CA de 4,1 milliards de dollars. La division Global Technology Services (qui comprend le support IBM) connaît une baisse de 6% pour plafonner à 6,5 milliards de dollars. Les revenus de la division Global Financing chutent de 26% et passent sous la barre des 300 millions de dollars.

Pour Arvind Krishna, IBM avait abordé ce premier trimestre en excellente position cependant «au cours des dernières semaines, nous avons été confrontés à un changement dans les priorités des clients vers la préservation de leur capital. Cela a eu un impact disproportionné sur les logiciels alors que d’autres parties de l’entreprise ont maintenu un élan modeste ».

Parallèlement, l’entreprise a annoncé qu’elle annulait ses prévisions pour l’année 2020, en raison des nombreuses incertitudes posées par la crise COVID-19. L’entreprise réévaluera à la fin du second trimestre 2020 sa position et ses prévisions en fonction de la reprise macroéconomique et de l’évolution de la pandémie.

Les résultats d’IBM sont donc médiocres mais pas catastrophiques. On attend désormais avec intérêt les résultats des autres grands acteurs du cloud tout en ne perdant pas de vue que le second trimestre pourrait être bien plus impactant que le premier trimestre dans les résultats annuels des entreprises du secteur IT.