En France, 12 millions français sont touchés par un handicap, soit près d’un français sur cinq. Et alors que l’on vient de fêter les 15 ans de la loi sur l’accessibilité, bien peu de sites Web et d’application prennent en compte les handicaps. Un problème auquel IBM veut apporter une solution pratique.

Selon l’INSEE, 13,4% souffrent d’une déficience motrice, 11,4% des Français d’une déficience sensorielle, 9,8% d’une déficience organique, 6,6% d’une déficience intellectuelle ou mentale. Au total 12 millions de français sont touchés par handicap dont notamment 1,5 million de personnes atteintes d’une déficience visuelle.

Dans le monde, plus d’un milliard de personnes souffrent d’un handicap. Le numérique devrait être une chance pour ces personnes. Les mondes virtuels par leur nature devraient être intrinsèquement plus inclusifs. La numérisation des services grâce au cloud et Internet permettent de compenser bien des handicaps dans bien des situations. L’IA ouvre de nouvelles perspectives pour rendre plus facile la vie des mal voyants et des mal entendants. La robotisation pourrait simplifier le quotidien de bien des handicaps.

Mais force est de constater que le numérique, en la matière, ne tient pas ses promesses. Pourtant, dès 1995, le W3C (l’instance de standardisation du Web) a milité en faveur d’une accessibilité totale des pages Internet (« un seul Web partout et pour tous ») et a publié en 1999 la première mouture des « règles pour l’accessibilité des contenus » (WCAG). Des règles qui ont été remises à jour en 2008 (WCAG 2.0) et en 2018 (WCAG 2.1).

La réalité est à l’extrême opposé de la volonté affichée : selon l’association WebAIM, en 2020, 98,1% des pages Web présentent des erreurs d’accessibilité qui pourraient d’ailleurs être automatiquement détectées et relativement facilement prises en compte. Et la situation va en s’empirant et non en s’améliorant (97% des pages présentaient des erreurs WCAG en 2019).
Par ailleurs, selon l’Organisation mondiale de la Santé, sur le milliard de personnes qui auraient besoin de produits numériques d’assistance pour être indépendantes et productives, seule une sur dix y a accès.

IBM Accessibility Checker

C’est pour justement tenter de remédier à cette situation qu’IBM vient de lancer un toolkit en open source pour aider les développeurs et les testeurs de sites Web et d’applications mobiles à mieux intégrer le handicap dans leur design et à se conformer aux règles d’accessibilité des contenus du W3C. Il comprend deux volets :
* L’IBM Equal Access Toolkit, un ensemble de lignes directrices et bonnes pratiques pour mettre l’accessibilité au cœur des réflexions des équipes de développement et de design UX.
* L’IBM Accessibility Chercker, un ensemble d’outils d’automatisation à intégrer dans les Workflows de développement et les navigateurs Web afin d’évaluer et contrôler l’accessibilité des sites et applications.

Ce toolkit est librement accessible via GitHub.

Accessibility Insights Toolkit

IBM n’est évidemment pas le seul éditeur à proposer des aides au développement pour une meilleure accessibilité des sites, documents et applications.

En 2018 par exemple, Microsoft a introduit dans l’onglet « Révision » des applications Office 365 une fonction « Vérifier l’accessibilité ». En 2019, l’éditeur a également introduit un ensemble d’outils « Accessibility Insights », en open source, dédiés aux développeurs pour Android, Windows et le Web. Ils permettent de tester et d’évaluer l’expérience utilisateur pour s’assurer de son accessibilité.

Google propose également un « Accessibility Scanner » pour aider les développeurs à identifier les opportunités d’amélioration sur leurs apps Android ainsi que « Lighthouse », un outil automatique pour contrôler la qualité des pages Web affichées sous Chrome.

Enfin, notons qu’Apple propose aussi aux développeurs un ensemble de formations vidéos et de bonnes pratiques sur son site « Accessibility for Developers ».

Autrement dit, quels que soient les environnements, les développeurs ne sont plus désormais à court d’outils pour améliorer l’accessibilité de leurs sites et de leurs applications. Reste désormais aux différentes équipes à intégrer dès la conception ces problématiques. Car il est souvent difficile de rendre à posteriori accessible un site ou un logiciel qui n’a pas été pensé pour l’être au départ.