La bataille d’IBM pour convaincre les clients français que son offre de cloud est totalement sécurisée est bien lancée.
Le nouveau centre de données d’IBM dispose déjà, selon la firme, de 1400 serveurs en fonctionnement et il aurait la capacité d’en accueillir 4000 dans une première tranche, celle étant susceptible d’être triplée à terme. Installé chez Global Switch à Clichy, un secret assez mal gardé, l’ensemble repose sur le savoir-faire logiciel de Softlayer, une société d’infrastructure de cloud public que Big Blue avait rachetée en juin 2013 pour 2 milliards de dollars. Cela lui avait permis immédiatement de concurrencer les rois de l’outsourcing, Amazon et Rackspace, dont le chiffre d’affaire croît depuis cinq ans de manière impressionnante. IBM dont les revenus s’effritent a, depuis cette date, investi 1,2 milliards de dollars pour étendre ses offres de Datacenter selon le modèle Softlayer hors du seul territoire américain. Après Londres et Hong Kong, c’est donc à Paris que cette offre de services à la demande s’installe. L’innovation tient surtout au mode d’installation en ligne, ultra simple qui s’avère aussi rapide. Le catalogue contient non seulement des mises en œuvre de serveurs virtuels mais aussi des serveurs physiques surnommés « bare metal ».
Une offre qui serait aussi souveraine que celle favorisée par l’état ?
« Ce nouveau centre de données, comme celui de Montpellier avec lequel il va fusionner à terme, est une société de droits français avec des employés experts ayant des contrats français qui émet des contrats de droit français » a tenu à précisé Alain Bénichou, le PDG d’IBM. (photo). Une manière de rappeler que le « Patriot Act », la loi qui autorise la sécurité militaire américaine à visiter les disques des sociétés US de son choix, sans avoir à se justifier, ne pourrait pas s’appliquer sur ses services. «IBM a déjà investi 300 millions de dollars depuis 2009 dans le cloud computing en France. » Une somme que l’on peut facilement comparer aux 200 millions d’euros d’investissements de l’état dans le «cloud souverain» avec Numergy et Cloudwatt.
Une petite brochette de clients déjà en place
« Nous ne sommes encore qu’une start-up dans le cloud avec un chiffre d’affaire de 4 milliards pour le cloud dans le monde, mais nous dominons aujourd’hui le marché de l’infogérance. Nous espérons atteindre la même position dans le cloud dans 5 ans. Ginni Rometty, la patronne d’IBM, a d’ailleurs crée cette semaine aux USA, une division d’affaires dédiée au cloud computing, une activité qui ne représente actuellement même pas 6% de l’activité de la firme mais qui a une forte croissance.« Nous avons déjà en France la première société de banque en ligne, Boursorama, dont l’activité principale fonctionne sur notre infrastructure, ce qui est une preuve de confiance et je profite de l’occasion pour justement remercier son PDG Marie Cheval, de sa confiance » ajoutait le PDG d’IBM.
Lors de l’annonce de l’ouverture du nouveau site d’IBM, l’éditeur Anglo-saxon Assima, l’une des rares firmes étrangères à être côtée en France sur Euronext sous le nom d’ ALSIM, proposait ses offres de services de formation en ligne hébergées par IBM. Certains grands groupes comme Axa, Air Liquide, Caisse des Dépots, Carrefour, Fortis, EDF, ING, La Poste, Microsoft, Renault, Schneider Electric, SFR, Sodexho, utiliseraient déjà ses solutions de collaboration d’Assima pour aider leurs utilisateurs à maîtriser les récents systèmes d’information et cela non seulement dans l’hexagone mais sur la planète entière.
Une plate forme interconnectée
L’avantage de Softlayer serait justement de proposer une interconnexion totale sur la planète via des liens privés et sécurisés à la mode d’Intercloud de Cisco, l’offre d’interconnexion du numéro un des réseaux : « Nous voulons accompagner nos clients français à travers la planète avec le même niveau de sécurité. Nous ne voulons pas créer un Schengen des données », insistait Alain Benichou.
En outre, Ibm a mis en avant son offre PaaS (Platform As a Service) avec sa suite logicielle BlueMix destinée aux créateurs d’applications. Celle-ci donne accès à de nombreux outils de développement et elle les complète par des services DevOps. D’autres firmes seront bientôt hébergées par IBM et des partenariats comme celui signé à la mi octobre autour du logiciel SAP Hana devraient se multiplier même avec d’autres fournisseurs de logiciels en mode cloud. Microsoft vient d’ailleurs de signer avec IBM.
Une intégration programmée
Les débuts de l’offre hybride d’IBM remontent déjà à trois ans. Le 25 Août 2011, Big Blue avait annoncé la sortie de son premier modèle de cloud hybride motorisé par l’application WebSphere Cast Iron très novatrice à l’époque. Elle était apte à gérer à la fois des ressources sur site et dans le cloud. Les entreprises clients pouvaient ainsi directement relier des sites comme l’Amazon EC2, Google Apps, Salesforce.com ou encore Oracle CRM, et un certain nombre d’autres, à leurs propres applications en interne, dans leurs environnements de cloud privé. Cette intégration permettrait de réduire les investissements en codage personnalisé en profitant des librairies associées des différents environnements. Le choix des charges de travail de provisionnement pouvait s’effectuer par ses outils d’administration Tivoli. Désormais, le paramétrage du « provisonning » s’effectue automatiquement. Rappelons que l’environnement logiciel est hébergé sur les serveurs IBM System P et X. Les Serveurs x86 dont la fabrication a été vendue à Lenovo constituent l’essentiel des offres IBM. Dell a précisé aux Etats Unis qu’il souhaitait proposer des racks prêts à l’emploi à IBM. Big blue va t-il devenir à terme un simple intégrateur logiciel ? La mue sera certainement trés longue pour la firme qui reste la référence dans le monde des mainframes.