La « médecine personnalisée » ou encore « médecine de précision » introduit un nouveau paradyme dans la pratique médicale : les patients auront accès à des thérapies ciblées, des traitements répondant au mieux à leur patrimoine génétique et pourront à terme identifier des prédispositions à certaines pathologies. L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a remis son rapport à l’Assemblée Nationale le 22 janvier sur les enjeux scientifiques, technologiques, éthiques et juridiques de la médecine personnalisée afin de préparer notre système de santé. HIMSS organisation internationale à but non lucratif, au travers de son expertise dans les nouvelles technologies, accompagne les professionnels de santé dans la conduite du changement au travers des nouvelles technologies. Elle organise une intervention sur ce thème dans le cadre de sa conférence annuelle WoHIT 2014 et pointe l’urgente nécessité des hôpitaux français d’opérer leur transition numérique pour se préparer à cette prochaine étape stratégique.

Une médecine de pointe à l’origine d’une fracture sanitaire ?

La médecine personnalisée permettra d’importants progrès en oncologie et matière de recherche sur les maladies rares. Toutefois, les rapporteurs mettent en garde contre une médecine à deux vitesses. En effet, cette médecine high-tech réunit plusieurs disciplines : médecins et bio-informaticiens utilisant les nouvelles technologies pour procéder au séquençage génétique. L’ensemble des citoyens pourra-t-il avoir accès à ces techniques de pointe financièrement ou territorialement ? Selon qu’il habite à la campagne ou dans un grand centre urbain un patient aura « sans doute plus ou moins de chances d’être bien prise en charge et de ne pas risquer une erreur de diagnostic » selon le rapport.

Le partage des données pour garantir l’égalité d’accès aux soins

Le seul moyen de garantir l’égal accès aux soins personnalisés passe par l’intégration et la modernisation des systèmes d’information santé (SIH) qui permettraient :

– De partager instantanément les données du patient entre les professionnels de santé sur tout le territoire.

– De faciliter l’accès aux soignants aux dispositifs d’aide à la décision clinique qui se base sur la médecine factuelle ou EMB. Elle consiste à fonder les décisions cliniques non seulement sur la médecine traditionnelle : utilisation des connaissances académiques combinée à l’expérience et au jugement du praticien, mais aussi sur l’étude « consciencieuse et judicieuse des meilleures données (preuves) actuelles de la recherche clinique dans la prise en charge personnalisée de chaque patient ». Ces données sont issues d’études cliniques.

Pour sauter le pas et rester parmi les pays ayant un système de santé performant, il est urgent d’accompagner les hôpitaux dans leur transition numérique. Ce big data doit être collecté, structuré et analysé par des systèmes d’information robustes.

La transition vers l’hôpital numérique

Dans cette perspective l’organisation HIMSS accompagne les décideurs en santé dans leur démarche de modernisation de leur SI. HIMSS a développé un référentiel EMRAM qui permet de développer des modes de prise en charge innovants, de pilotage de la performance, le tout avec une vision décloisonnée pour des parcours de soins plus lisibles et mieux coordonnés. De 0 à 7, les étapes de ce référentiel facilitent l’évaluation de la maturité des SIH. Pour atteindre la certification de niveau 6 EMRAM l’établissement hospitalier doit se doter d’un dispositif d’aide à la décision clinique. La France compte à ce jour seulement 5 hôpitaux de niveau 6 EMRAM : l’hôpital européen Georges-Pompidou, l’hôpital Paris Saint-Joseph, le CH de Valencienne, le CHRU de Montpellier et le CH de Belfort-Montbéliard.

 

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Patrice Degoulet est Directeur Informatique de l’Hôpital européen Georges-Pompidou