Cette semaine, Intel a finalisé la vente de sa division de modems pour smartphones à Apple pour 1 milliard de dollars. Une vente qui selon le fondeur lui aurait en réalité coûté plusieurs milliards de dollars, la société accusant son concurrent Qualcomm de l’avoir forcé à se retirer du marché par ses pratiques anticoncurrentielles.

Petit retour en arrière… En mai dernier, la Federal Trade Commission (FTC) a attaqué en justice Qualcomm, l’accusant de pratiques, en matière de brevets, de nature à « étrangler la concurrence ». La justice a donné tort à Qualcomm et lui a ordonné de renégocier les licences à des prix plus raisonnables. Qualcomm a fait appel de la décision et obtenu une suspension des obligations ordonnées.
Cette semaine Intel a ouvertement soutenu la décision de la FTC. Dans un éditorial publié sur son site, le fondeur explique « Intel s’est battu pendant près de dix ans pour créer une entreprise rentable de puces de modems. Nous avons investi des milliards, engagé des milliers de personnes, acquis deux sociétés et construit des produits novateurs de classe mondiale qui ont fini par entrer dans les iPhones d’Apple, à la pointe de l’industrie, y compris le dernier iPhone 11. Les obstacles artificiels et insurmontables créés par le programme de Qualcomm nous ont forcés à quitter ce marché cette année ». Sous-entendu, alors même que le marché de la 5G va décoller.

Voir Intel jouer ainsi publiquement « les pleureuses » a cependant de quoi faire sourire. Dans les années 80, Jack Tramiel (alors ex-fondateur de Commodore et nouveau CEO d’Atari) avait pour doctrine « Business is War ». Atteint d’amnésie soudaine, Intel semble l’avoir oublier et semble avoir aussi oublier ses propres pratiques. Dans les années 90, le couple « WinTel » (Windows/Intel) était pointé du doigt pour sa domination et les règles qu’il imposait à tout le marché informatique. À plusieurs reprises dans les années 90 (notamment en 1997) et dans les années 2000 (notamment en 2005 et en 2008), AMD a accusé Intel de comportements anti-compétition (mais la FTC a réfuté au moins par deux fois en 1997 et en 2000 les accusations d’AMD). En 2009, la FTC a toutefois attaqué Intel pour ses pratiques anti-compétitives sur le marché des CPU et sa position dominante.

Force est de reconnaître que l’on préfère voir Intel innover et oser, plutôt que se plaindre aussi publiquement. Parallèlement à l’éditorial douteux publié sur son site, le fondeur a divulgué d’intéressants nouveaux détails sur ses nouveaux NUC Elements. Après avoir échoué dans sa tentative d’imposer des PC en Stick, puis des PC sous forme de cartes enfichables, Intel tente une nouvelle approche pour une informatique plus modulaire et évolutive. Et ce projet avance avec l’arrivée des premières cartes à base de Core i3/i5/i7 en série « U ». Les NUC « Compute Element » reprennent un peu l’idée des « Intel Compute Card ». Objectif permettre de créer des mini PC évolutifs ou des appareils multimédias évolutifs : pour évoluer, inutile de changer tout le PC, tout le téléviseur ou tout un appareil, il suffit de désenficher l’ancien « Compute Element » et le remplacer par un plus récent. Ces « Compute Element » sont des modules enfichables embarquant un processeur avec GPU intégré, de la RAM, du stockage eMMC ou SSD intégré ainsi que le support du Wi-Fi et du Bluetooth.

Par ailleurs, on a également appris qu’Intel serait en discussions avancées pour racheter la startup israélienne Habana Labs (dont le fondeur a co-financé les premiers développements) spécialisée dans les chips dédiés à l’IA. Rappelons qu’Intel a déjà acquis ces dernières années deux autres spécialistes de processeurs IA : Nervana et Movidius.