On en parle depuis de longues années et pourtant l’IPv6 est utilisé à moins de 20 % en moyenne mais avec une situation très différente selon les opérateurs. C’est ce qu’indique un rapport publié par l’Arcep qui précise que le mouvement devrait s’accélérer d’ici à 2020.

Sur les réseaux fixes, une grande partie des clients des quatre principaux opérateurs dispose de box compatibles avec IPv6 (ou  » IPv6-ready « ). Néanmoins, parmi ces clients compatibles, le taux de clients activés en IPv6, c’est-à-dire qui émettent et reçoivent effectivement du trafic IPv6, reste très variable en fonction des fournisseurs d’accès. Ceci a un impact direct sur le taux d’utilisation d’IPv6, c’est-à-dire le taux de trafic basé sur le protocole IPv6 tel qu’effectivement perçu par les serveurs hébergeant les contenus en bout de chaîne : 35% pour Free, 33% pour Orange, et moins de 1% pour Bouygues Telecom et SFR.

Les opérateurs déploient le protocole IPv6 tout en continuant à proposer IPv4 : les clients peuvent ainsi disposent de deux adresses Internet décrites selon les deux systèmes. Les opérateurs estiment que les clients fonctionnant en mode « dual-stack » effectuent entre 30 et 50 % de leurs échanges en  mode IPv6.

IPv6 par rapport à IPV4

Rappelons que le protocole IP permet aux terminaux disposant d’une adresse IP de communiquer sur internet. L’adressage IP repose actuellement sur deux types de format : IPv4 et IPv6. Il existe un peu plus de 4 milliards d’adresses IPv4, un nombre suffisant aux débuts de l’internet ; mais aujourd’hui le stock d’IPv4 est arrivé à épuisement. IPv6, une version plus avancée de protocole IP, utilise des adresses d’une longueur de 128 bits au lieu des 32 bits d’IPv4. Le nombre d’adresses IPv6 disponibles est donc beaucoup plus important.

Le succès d’internet, la diversité des usages et la multiplication des objets connectés ont eu pour conséquence l’épuisement progressif des adresses IPv4. Les coûts liés à la gestion de la pénurie d’adresses IPv4 et le dysfonctionnement de certaines catégories de services ont amené l’IAB (Internet Architecture Board) à préconiser des standards dorénavant conçus et enrichis uniquement pour le protocole IPv6. Celui-ci offre plus de liberté aux utilisateurs et aux éditeurs, et leur permet de s’affranchir des limitations introduites par les maillons intermédiaires. Pour la France, l’accélération de la transition constitue donc un enjeu d’innovation et de compétitivité, conclut le rapport de l’Arcep.

 


Petit rappel sur l’IPv6

Il existe deux grandes familles d’adresses IPv4 : les adresses publiques et les adresses privées. Les adresses publiques identifient de manière unique une machine ou plus généralement un nœud du réseau internet à l’échelle mondiale. Cette unicité permet à un terminal d’être joint depuis n’importe quel point du réseau internet. Les adresses privées, à l’inverse, ne sont pas uniques. Elles sont utilisées dans l’adressage interne des réseaux privés – tels que les réseaux domestiques ou les réseaux d’entreprise – et ne peuvent par conséquent pas être jointes spontanément depuis un point extérieur au réseau.

S’agissant de ressources limitées en nombre, l’allocation des adresses IP est gérée de manière hiérarchique à l’échelle mondiale.

L’IANA, au sommet de cette hiérarchie, délègue les adresses, par blocs, aux 5 autorités régionales (appelées Registres Internet Régionaux, RIR – Registre Internet Régional). Ces dernières se chargent d’allouer, chacun, des sous-blocs d’adresses IP aux différents registres Internet locaux (LIR ou Registre Internet Local) de sa région (typiquement des fournisseurs d’accès à internet ou plus généralement des gestionnaires de réseaux), à la demande. Les adresses faisant l’objet d’allocation de la part de ces Autorités sont les adresses publiques.

Les plages d’adressage privées sont quant à elles utilisables librement par les opérateurs de réseaux locaux. Dans la suite, la pénurie d’adresses IPv4 fera donc essentiellement référence à la pénurie d’adresses IPv4 publiques.


 


Les recommandations de l’Arcep pour promouvoir et accompagner la transition vers IPv6

  1. Montrer l’exemple en s’engageant dans des délais ambitieux à rendre accessibles en IPv6 tous les sites web et services en ligne de l’Etat ;
  2. Généraliser l’enseignement d’IPv6 aussi bien dans les formations initiales que continues, afin de lever, par la pédagogie, les freins à l’adoption du protocole IPv6 ;
  3. Mettre en place les espaces d’échanges adéquats pour la communauté afin de fédérer la communauté et de permettre un échange sur les bonnes pratiques et les expériences individuelles ;
  4. Améliorer la coordination entre parties prenantes en rendant publiques les intentions de court et moyen termes des acteurs majeurs de la transition ;
  5. Mieux informer l’utilisateur notamment sur la pérennité des terminaux dont il dispose et les possibles dysfonctionnements liés aux mécanismes de rationnement des adresses IPv4 ;
  6. Préparer la fin d’IPv4 en permettant, à terme, aux acteurs qui souhaitent rationaliser la gestion de leurs réseaux de pouvoir se passer définitivement du protocole IPv4.