Cette semaine, pour notre rendez-vous l’invité de la semaine d’un format particulier, InformatiqueNews a le plaisir de recevoir Laurent Dechaux, CEO France et VP Sage Europe du Sud.

Dans les conditions actuelles toujours difficiles, quel est l’élément d’actualité ou la tendance qui a retenu votre attention ?

Plusieurs choses ont marqué mon attention. D’abord, l’engagement des collaborateurs de Sage et leur volonté de continuer à fournir un service de qualité à nos clients et nos partenaires. Ensuite, la résilience des entreprises françaises, à l’instar des PME qui se sont réinventées durant la crise. Je pense par exemple à l’un de nos clients, Deléage, imprimeur dans l’évènementiel, qui a développé une nouvelle activité autour de la signalétique/distanciation sociale) pour les entreprises… Il y a également autour de nous, dans notre quotidien, de nombreux exemples (e-commerce, restauration>livraison, usines qui ont utilisé leurs chaines de production pour fabriquer des masques ou des réanimateurs …). Et puis, dans cette nécessité de faire face et de se réinventer, est très vite venue la question des moyens et leviers pour y arriver. Parmi eux : l’IT, le cloud. Accélération de la prise de conscience des opportunités que représentent le digital pour maintenir et continuer à garder la main sur son activité (télétravail, gestion des données et des flux, maintien du lien de l’entreprise avec ses clients, ses fournisseurs, ses partenaires…)

Alors que nous sommes entrés dans cette période de transition dite de déconfinement qui nous conduit peu à peu vers la normalité, qu’avez-vous appris et avez-vous changé vos méthodes de travail de votre entreprise ?

Ces 6 semaines de confinement en dehors des souffrances et frustrations que cela a générées, cela a surtout révélé des comportements, des initiatives, un sens du collectif et de la responsabilité incroyables. Nos comportements ont évolué et, par exemple, nous avons tous constatés plus d’échanges entre des équipes qui n’avaient pas l’habitude de partager ensemble auparavant. L’accompagnement de nos clients a été extraordinaire. Nous avons été plus créatifs et plus innovants et même plus efficaces dans nos approches que ce soit sur la vente, le service, les opérations… Nous avons inventé une collaboration différente et quand viendra le temps de retrouver nos locaux professionnels, les expériences de travail en mobilité à grande échelle seront utiles. Il nous faut maintenant commencer à en faire le bilan pour conserver ce qu’il y a eu de bon dans cette crise et le mettre en œuvre après, notamment le désilotage des équipes, la bienveillance managériale et la collaboration entre les différentes équipes.

« Nous avons les ressources financières », a déclaré Steve Hare, CEO de Sage à l’agente Reuters à l’occasion de la présentation des résultats semestriels. « Nous n’utilisons aucun programme de soutien gouvernemental, nous ne mettons en congé aucun de nos employés ». Il a indiqué que Sage venait en aide à certains clients qui avaient du mal à payer leurs abonnements mensuels en raison des mesures de confinement. Quels clients français sont concernés et quelles sont les conditions ?

Sage est en effet une entreprise solide. Nous avons très vite rassuré nos collaborateurs sur le fait qu’il n’y aurait pas de licenciements ni de chômage partiel. Nous avons mis les moyens pour permettre au maximum de collaborateurs de travailler de chez eux, en toute sécurité.  Concernant les clients en difficulté en raison de la crise, Sage et ses partenaires sont évidemment sensibilisés et à l’écoute pour leur apporter un accompagnement personnalisé. Les actions qui ont été décidées sont évaluées au cas par cas.

L’ERP est arrivé sur le cloud après les autres logiciels (CRM, GRH) mais la transition est largement avancée aujourd’hui. Est-ce que la vision que vous aviez où les modules finances, gestion des achats, gestion commerciale ont été portés sur le cloud et la gestion de production reste encore on-premise se vérifie ? Est-ce que les solutions de cloud hybride ou multicloud s’imposent peu à peu ?

Notre stratégie est clairement portée sur le Saas. Durant cette période de confinement, nous en avons profité pour accélérer le développement de nos solutions SaaS ainsi que nos offres de service. Beaucoup de nouvelles propositions seront lancées dans les prochaines semaines ou mois.

L’actualité récente ne fait qu’accélérer une tendance cloud qui était déjà significative. Les demandes et besoins de nos clients en solutions cloud/Saas est croissante, et ce quelques soient les tailles et secteurs d’activité, de la TPE à l’ETI, du secteur des services au bâtiment. Aujourd’hui, la gestion de production n’est pas en reste. Les demandes en solutions cloud sur ce domaine sont également en croissance. Notre revenu récurrent représente aujourd’hui 70% de notre CA.

Avez-vous réalisé des études pour savoir ce que le cloud a apporté à vos clients ? Confirment-elles les promesses faites par les éditeurs ? Y a-t-il eu des surprises ? Avez-vous eu affaire à des retours en arrière, du cloud vers le on-premise ?

Comme expliqué plus haut, cette accélération est une vraie tendance sur le marché. Cette période de pandémie et de télétravail a démontré l’intérêt des solutions SaaS pour les entreprises. Le passage au cloud est souvent le résultat d’une réflexion stratégique de la direction de l’entreprise. Derrière l’aspect technologique, c’est un parti-pris de l’entreprise sur une nouvelle façon de travailler, plus moderne, agile au service de ses collaborateurs et de ses clients. Généralement les entreprises ne reviennent pas sur des choix aussi stratégiques !

On parle souvent du point de vue du client, mais du point de vue de l’éditeur, quels sont les principaux apports du cloud en matière de développement, maintenance, mise à jour, sécurité ?

Le cloud oblige l’éditeur à se réinventer totalement afin d’apporter un service de meilleure qualité à nos clients. Cela concerne les ventes, mais aussi les processus de support et suivi de la satisfaction clients. Dans un futur proche, la grande majorité de nos clients seront sur les dernières versions de nos solutions set bénéficieront de toute l’innovation que nous y apportons de façon régulière. La sécurité d’accès, les modes de développement sont également profondément modifiées afin d’offrir une expérience d’utilisation la plus efficace possible et un déploiement rapide des solutions.

Vous avez annoncé au Royaume-Uni une nouvelle plate-forme – Sage Business Cloud Marketplace – destiné aux PME/PMI réunissant des applications d’éditeurs tiers pouvant compléter vos propres applications. Quand cela va-t-il être disponible en France ? Qui réalise l’intégration ?

Dans le cadre de notre stratégie, la marketplace est déjà disponible et s’enrichira au fil de l’année fiscale 2021. Les solutions développées au Royaume-Uni seront bien entendu disponibles en France. D’autres développées localement viendront compléter les offres locales.

Il semblerait que les containers s’imposent dans les architectures de tous les opérateurs cloud. Est-ce que vous allez redévelopper vos logiciels pour en tirer le meilleur parti ?

Notre stratégie de développement nous amène effectivement à faire évoluer nos logiciels pour tirer bénéfices des containers que ce soit Docker avec X3 ou Kubernetes sur notre nouvel ERP cloud.

Les enquêtes publiées par Syntec numérique et Tech In prévoient une baisse importante de l’activité des éditeurs pour 2020 (entre 10 et 15 %). Comment pensez-vous surmonter ces difficultés : repousser des investissements, réduire l’emploi, trouver des sources d’économies, augmenter vos tarifs ?

 Il est effectivement très compliqué de faire des prévisions et de mesurer l’impact réel, de la crise que nous vivons. Pour autant, Sage continue d’investir, notre feuille de route a été entérinée dans le cadre d’un plan à 3 ans et il n’y a aucune raison d’en changer. Au contraire, nous sommes convaincus que nous sortirons plus forts de cette crise et que de nouvelles opportunités d’investissement vont se présenter