La 11ème édition du rapport mondial de Capgemini sur la qualité des logiciels n’est pas très tendre avec la France. Nos entreprises manqueraient singulièrement de maturité dans l’automatisation des tests mais en auraient désormais conscience.

L’un des aspects fondamentaux de la transformation numérique est le rôle accru que tiennent les logiciels et applications. Aujourd’hui, tout est logiciel. Même les infrastructures matérielles sont définies par logiciel.

Les facteurs qui impactent les budgets de contrôle qualité et tests

Car c’est par ce dernier que les entreprises acquièrent la souplesse et l’agilité nécessaires à leur compétitivité. En conséquence, les demandes des métiers en matière de nouvelles applications ne cessent d’augmenter et les rythmes de développement pour les satisfaire d’accélérer. Parallèlement, cette tension impose de nouvelles méthodologies plus agiles et alignées sur la philosophie DevOps. Ces changements sont fondamentaux et indispensables pour réduire les temps de livraison des applications et permettre à des équipes fonctionnelles autonomes d’avancer vite au plus près des métiers.

Mais ces bouleversements ont un impact fort sur l’organisation des développements et particulièrement sur le contrôle de qualité des livrables et sur les processus de tests. « Les tests et leur automatisation demeurent l’un des facteurs les plus critiques pour délivrer des logiciels fiables et sécurisés mais leur coût et leur complexité constituent un véritable challenge même pour les équipes les mieux organisées » rappelle le 11 ème rapport « World Quality Report » de Capgemini et Sogeti en partenariat avec Micro Focus.

Une priorité, la sécurité

Les défis pour sécuriser les données

Réalisée auprès de 1725 DSI et professionnels de l’IT dans 32 pays, l’enquête montre que ces responsables ont tout à fait conscience de la contribution de la qualité logicielle à la croissance du business de leur entreprise.
Pourtant 60% des DSI déclarent que le coût reste le principal obstacle à la mise en œuvre des environnements de tests dont ils auraient besoin.
Et 59% des responsables ont aussi signalé des lacunes dans les contrôles qu’ils ont mis en place pour garantir que leurs systèmes d’information et leurs stockages respectent bien les politiques de sécurité.

Cependant, en matière de sécurité, les choses s’améliorent. En 2019, 58% des entreprises effectuent des tests de sécurité dans leurs environnements cloud alors qu’elles n’étaient que 42% précédemment. 44% des DSI ont affirmé que « renforcer la sécurité » était leur principale priorité pour 2019-2020.

Une automatisation encore insuffisante

Principales pistes d’automatisation des tests pour 2019-2020

Malheureusement, le reste ne suit pas. Les rapporteurs s’étonnent ainsi du peu de progrès réalisés sur la gestion des données de tests (TDM) et des environnements de test (TEM) ces deux dernières années. Pire encore, l’étude montre que la part du budget IT allouée au contrôle qualité et aux tests a chuté à 23% !

Face aux challenges rencontrés, l’automatisation des tests est perçue comme une nécessité à la fois pour le contrôle et la transparence des activités de tests (cités par 63% des responsables), une meilleure détection des défauts (56%) et une réduction des coûts de tests (56%).

Toutefois, l’enquête 2019 montre aussi à quel point l’automatisation des tests est complexe et souffre de lacunes. 63% des responsables déplorent un manque d’automatisation de bout en bout. Et 41% des DSI constatent un manque de compétences appropriées en matière d’assurance de la qualité et de tests.

La France doit encore rattraper son retard

Proportion du Budget IT allouée aux tests depuis 2013
(chiffres mondiaux)

Il s’agit là de chiffres mondiaux. Mais le rapport détaille également la situation pays par pays. Les responsables de l’étude soulignent ainsi que « la France a pris conscience qu’elle a un retard à rattraper en la matière. Elle a été plus lente que d’autres pays à embrasser le cloud ainsi que les approches agiles. Mais la France fait de sérieux efforts pour rattraper son retard aussi bien dans les entreprises que dans le secteur public ».
Selon le rapport, seuls 78% des entreprises françaises ont augmenté leurs dépenses en matière de tests et contrôles qualité contre 87% des entreprises à l’échelon mondial. En revanche, les entreprises de l’hexagone estiment qu’elles investiront 29% de leur budget IT aux problématiques de tests dans les deux à trois années qui viennent contre 27% à l’échelon mondial.

Toutefois le rapport constate toujours un manque de maturité notamment dans les tests associés aux méthodes agiles. Pourtant seuls 22% des responsables français constatent un manque d’environnements de tests adaptés alors qu’ils sont 44% à l’échelle mondiale. Pour autant, 50% des DSI français déplorent ne pas avoir assez de temps pour les tests et 39% estiment ne pas avoir les bons processus de tests.

Le manque de maturité constaté par Capgemini est principalement lié au fait que très peu d’entreprises françaises utilisent des outils spécialisés pour automatiquement générer leurs données de tests. La tradition française est plutôt d’exploiter les données de production. En outre, les Français se montrent significativement moins avancés dans l’automatisation des tests à tous les niveaux (8% de retard sur le niveau mondial).
D’ailleurs, 66% des responsables français affirment manquer de ressources expérimentées et compétentes en matière d’automatisation des tests et ils sont tout autant à estimer ne pas avoir les bons outils d’automatisation.

Autrement dit le cloud, les méthodes agiles, et la philosophie DevOps n’ont pas seulement bouleversé les processus de développement. Ils ont également affecté les processus de tests et de contrôle qualité en faisant un défi d’autant plus grand que parallèlement le nombre de développements s’est multiplié et que les délais de livraison ont été considérablement réduits. Il en résulte une tension sur la qualité des applications. Les entreprises sont conscientes de l’importance de cette qualité pour leur Business et des efforts à réaliser pour davantage d’automatisation. Mais le manque de ressources et les coûts en la matière sont des freins qu’elles ont bien du mal à lever, notamment en France.

Pour en savoir plus : www.worldqualityreport.com