Sous l’impulsion de Cédric O, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances et du ministre de l’Action et des Comptes Publics, chargé du numérique, la France a décidé la création d’un grand campus dédié à la cybersécurité. Un projet qui avance rapidement.

Le 16 juillet 2019, Édouard Philippe confiait à Michel Van Den Berghe, le CEO d’Orange Cyberdefense, la mission d’étudier la faisabilité d’un « campus cybersécurité » en France, un peu à la manière du Cyber Park israélien. Objectif, créer un lieu d’échange et de rencontre pour renforcer les synergies entre acteurs publics, privés et académiques, un lieu attractif et connecté aux développements de startups régionales dédiées à la cybersécurité.

CyberSpark, le cyber campus de Be’er Sheva

« La France dispose déjà d’acteurs industriels de premier plan, de startups, de PME dans le domaine de la cybersécurité mais cet écosystème est trop fragmenté expliquait en juillet Cedric O, le secrétaire d’État chargé du numérique. Ces acteurs doivent s’organiser et rassembler leurs forces pour répondre à ce défi essentiel à l’heure où les cyberattaques sont susceptibles de porter atteinte aux intérêts vitaux de la Nation. C’est le sens du projet de création d’un grand campus de la cybersécurité ».

Des objectifs bien définis

Michel Van Den Berghe doit ainsi remettre son rapport mi-décembre mais les premiers éléments ont commencé à filtrer et tracent les grands contours du projet.

Ce campus aura quatre objectifs clairement définis :

– renforcer la coopération en matière opérationnelle entre les acteurs de la cybersécurité en France (chercheurs, étudiants, ESN et startups spécialisées, éditeurs de solutions, cellules de cybersécurité des grandes entreprises, etc.) mais aussi en Europe et à l’international;
– contribuer au développement d’une culture nationale de la cybersécurité et d’un tissu économique dédié à la cybersécurité au travers de partage de données, d’expertise, de connaissances et d’outils ;
– soutenir la recherche et l’innovation publique et privée;
– développer la formation en cybersécurité, susciter des vocations, renforcer la sensibilisation afin de résoudre le déficit d’experts et renforcer la prise en compte des risques Cyber dans les entreprises et organismes.

Guillaume Poupard, Directeur Général de l’ANSSI

Guillaume Poupard, le patron de l’ANSSI qui soutient activement ce projet de campus, soulignait d’ailleurs le déficit d’experts et de startups dédiés à la cybersécurité lors du dernier FIC en janvier 2019. Il rappelait que l’ANSSI s’était limitée à 120 OSE (Opérateurs de services essentiels) alors qu’elle aurait aisément pu en désigner plus d’un millier dès le départ par ce que « d’une part nous sommes là sur des sujets lourds et complexes qui nécessitent une véritable transformation de ces acteurs avec des accompagnements forts et, d’autre part, il faut permettre au secteur privé qui fournit les solutions et services pour concrétiser cet accompagnement de se développer de sorte à ne pas rompre l’équilibre entre l’offre et la demande. Il ne faudrait pas se retrouver avec trop d’offres qui se phagocyteraient, ou avec trop de demandes et donc une incapacité pour les opérateurs de se mettre à niveau ».

Un campus parisien financé par les acteurs présents

Les contours de ce campus sont déjà en partie connus. Ils sont le fruit de nombreux échanges menés depuis septembre avec des entreprises, chercheurs, startups, financeurs, et tous les acteurs qui ont souhaité participer à la préfiguration d’un tel lieu et qui prêts à s’engager pour sa concrétisation. Orange Cyberdefense, Atos, Thales, Sopra Steria, Capgemini, BNP-Paribas mais aussi des startups comme Alsig et des écoles comme l’Epita font parti de ces acteurs engagés dans la création du Cyber Campus français et qui ont déjà donné leur accord pour implanter des équipes sur le Campus.

Michel Van Den Berghe, Directeur général d’Orange Cyberdefense

Le Campus devrait ainsi s’étendre sur un lieu de 8 à 10 000 mètres carré et accueillera dans un premier temps entre 700 à 800 personnes. Ce lieu se situera à Paris ou dans la première couronne parce que c’est là que l’écosystème est le plus riche. Or comme en témoigne Michel Van Den Berghe, « quand un écosystème préexiste, il faut éviter de le déplacer. Les entreprises m’ont expliqué qu’il serait très difficile de les expatrier plus loin que la proche région parisienne ».
Toutefois, à terme, le futur cyber campus pourrait chapeauter des satellites – éventuellement dédiés à une problématique précise – répartis un peu partout dans l’hexagone, Michel Van Den Breghe envisageant déjà Rennes (où sont les cybermilitaires français), les Pays de la Loire (aux activités IoT bien développées) ou encore Lyon et Grenoble (pour la sécurité des systèmes industriels).

Enfin Michel Van Den Berghe confirme que le cybercampus sera essentiellement financé par les entreprises et les organismes qui y seront présents : « chacun payera ses mètres carrés », affirme-t-il.

Bref, le grand cyber campus français appelé par les autorités publiques semblent en bonne voie. Il pourrait voir le jour dès la fin de l’année 2020 voire début 2021 selon l’emplacement choisi.