Dans le cadre de notre rendez-vous mensuel, les tables rondes technologiques, ce mois-ci la discussion tournera autour de la gouvernance des données.

L’explosion des données n’est pas nouvelle. Ces dernières années, les éditeurs ont multiplié les solutions pour aider les entreprises à mieux stocker leur data et à les analyser plus efficacement. Parallèlement, les métiers, friands de ces données, s’impliquent de plus en plus dans l’exploitation de cette ressource. Cela entraîne plusieurs questions : Qui peut consulter les données ? Quel type de gouvernance mettre en place ?

Pour débattre, InformatiqueNews a réuni autour de Guy Hervier trois experts reconnus :

Roxane Edjlali, Senior director product management chez Microstrategy

Jean-Michel Franco, Senior director product marketing chez Talend

François Volpoët, Directeur Régional Snowflake France

Le débat s’organise en trois grandes parties :

  • Comment établir une gouvernance agile ?
  • Le cloud favorise le recentrage des données ?
  • Quel impact l’IA peut-elle avoir sur la gouvernance des données ?

 

Comment établir une gouvernance agile ?

 

Roxane Edjlali : Certains utilisateurs veulent tout faire eux-mêmes. En même temps, il y a des demandes de régulation. Il faut donc trouver un compromis entre les deux. Toute la data n’a pas besoin d’être gouvernée de la même manière. Par exemple, l’un de nos clients a choisi de publier un contenu certifié. D’autres clients préfèrent commencer par la partie analytics. Dans ce cas de figure, les données dignes de confiance sont distribuées un peu plus tard.

Jean-Michel Franco : Une des erreurs les plus communément commises consiste à opposer vitesse et maîtrise. Par exemple, je suis d’accord avec le fait que les entreprises utilisent mes données, mais je dois en conserver le contrôle. Sur l’application mobile Air France, vous contrôlez les données. À partir de vos data, la compagnie peut vous envoyer des infos sur votre vol par exemple. Cela permet de proposer des services supplémentaires.

François Volpoët : Les données sont souvent en silo, c’est le problème. Les entreprises produisent tellement de données qu’il y a un effort à faire pour savoir où se trouvent les data. Si on veut faire de la gouvernance, il faut savoir où sont les données et toutes les gouverner à un seul endroit.

 

Le cloud favorise-t-il le recentrage des données ?

Roxane Edjlali : Nos clients vont vers le cloud mais ils restent avec une base installée on premise. Dans les très grosses entreprises, il n’est pas rare de voir différentes BU qui optent pour des cloud différents, un Microsoft Azure et un autre AWS. Le Cloud est un moteur pour faciliter l’analyse de la donnée.

Jean-Michel Franco : La conservation de la maîtrise de données reste l’enjeu principal. Quand ces données sont installées ailleurs, dans d’autres infrastructures, la maîtrise doit être renforcée.

François Volpoët : C’est la vision sur le cloud qui fait la différence. Si le cloud redevient un silo de données, ça redevient un frein. Aujourd’hui, Snowflake propose le même niveau de service et d’échange que l’on soit sur un cloud Google, Microsoft ou Amazon. Le cloud est un moyen, pas une finalité.

 

Quel impact l’IA peut-elle avoir sur la gouvernance des données ?

Roxane Edjlali : L’un des points essentiels, pour nous, est le concept d’employé augmenté. Il s’agit de mettre à disposition une analyse plus pertinente pour l’utilisateur, qu’il la demande ou pas, sur Outlook, Salesforce ou en surimposant des données analytiques sur des images, si vous êtes un agent immobilier en prenant une photo d’un bâtiment. La toute dernière offre de Microstrategy consiste à devancer le besoin en mettant à disposition les données aux utilisateurs.

Jean-Michel Franco : On pense souvent à ceux qui produisent les données, à ceux qui les consomment et pas tellement à qui la contrôle. Le data contrôleur est un rôle qui va émerger à l’avenir. Les voitures qui sortent des statistiques sur leurs émissions, pas vraiment proches de la réalité et les scandales sur appareils médicaux soulignent ce besoin de vérification. SI l’IA permet d’automatiser, il faudra quand même quelqu’un pour fournir des explications sur les données.

François Volpoët : Si on veut faire du vrai machine learning, l’IA doit traiter des volumes de données très importants. Snowflake permet à tous les utilisateurs de créer leur modèle avec des capacités importantes.