OpenStack est l’événement informatique le plus prometteur de cette décennie ; c’est le projet open source le plus important (avec plus de 10 000 contributeurs à ce jour), un marché de 3,3 milliards de dollars en 2018[1] et un schéma crédible pour être déployé dans les clouds d’entreprise et hybrides. Mais le buzz se concentre sur les technologies émergentes : NVMExpress (NVMe), le stockage d’objets, les extensions iSCSI pour RDMA (iSER) et V-NAND. Et l’on ne peut s’empêcher de se poser les questions suivantes : que se passera-t-il si certaines de ces technologies ne répondent pas aux attentes ? On parle bien là de mettre à plat l’infrastructure actuelle et de repartir de zéro ? Sommes-nous en train de parier nos connexions réseaux sur des réacteurs dorsaux qui n’ont pas encore fait leurs preuves ?

Heureusement, la réalité est plus forte que la fiction. Les fournisseurs de stockage et de connectivité travaillent tous avec les grands de la finance, de l’aéronautique, de la distribution, et d’autres secteurs pour proposer des solutions OpenStack fiables et raisonnables -des camionnettes, pas des réacteurs dorsaux. Un bon exemple est le Fibre Channel, sûrement le composant de l’infrastructure critique le plus sous-estimé, soporifique… Le block storage (stockage par blocs) a été intégré dans OpenStack en 2012 et le Fibre Channel l’a supporté dès le début 2013 (la version Grizzly), soit bien avant tout ce battage. Depuis, des sociétés ont contribué au contenu du stockage, les deux principaux fournisseurs de switches (les zones) et le who’s who des fournisseurs de baies de stockage (le volume et la gestion instantanée). Le code a été soumis pour ajouter des noms de zones et la gestion de fabrics virtuels, qui devrait être annoncé dans la version « Liberty » à l’automne 2015. La qualité du service, une instrumentation plus riche et bien d’autres sujets font l’objet de travaux en ce moment.

Le stockage par blocs et composant Fibre Channel d’OpenStack, est issu d’un savant mélange de coopération et de concurrence. L’élément coopératif agit lorsque les fournisseurs se rassemblent pour fournir et certifier des fonctionnalités indispensables comme l’Hyper-V et les pilotes KVM (kernel-based virtual machine) pour les cartes Fibre Channel qui sont ensuite testées sous toutes les coutures avec le switch et l’écosystème de baies. L’élément concurrentiel survient quand les fournisseurs se font la course pour fournir des fonctionnalités d’avant-garde (comme une meilleure gestion de l’intégrité ou la connectivité virtualisée), mais aussi pour éduquer la communauté des utilisateurs et encourager un déploiement facile et sécurisé.

Le Fibre Channel a été longtemps perçu comme la camionnette lourdingue et ringarde de l’informatique d’entreprise. OpenStack fait bien plus qu’améliorer ses capacités. Il apporte le cadre et les outils pour accélérer et étendre maintenant les déploiements Fibre Channel. Cette expansion s’opérera car OpenStack résout le dilemme entre de nouveaux modèles de déploiement (ex : le cloud hybride) et la technologie éprouvée qu’est le Fibre Channel. De plus, il prépare la voie pour une adoption plus massive d’outils très sophistiqués de la panoplie Fibre Channel comme la virtualisation d’E/S et de Fabric, pour offrir non seulement l’extension des connexions et des services de stockage Fibre Channel mais aussi les dynamiser. Comme la nouvelle version d’OpenStack (Kilo) est prévue en avril 2015 et que la communauté se retrouve au Vancouver OpenStack Summit (18-22 mai), portez votre regard au-delà du buzz qui se fera autour de la « technologie des réacteurs dorsaux » et demandez-vous comment votre « camionnette » d’infrastructure Fibre Channel peut mettre le turbo avec OpenStack, voire devenir indispensable à vos projets internes ou cloud hybrides.

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Jean-Yves Chevallier est Product Marketing d’Emulex
, société appartenant à Avago Technologies

 

 

[1] 451 Research: OpenStack Market & Monitor Forecast, 2014