Des chercheurs de l’Inra ont utilisé pour la première fois les bases de données de Google Street View (GSV), accessibles librement sur Internet, pour cartographier la distribution géographique d’un insecte en expansion, la chenille processionnaire du pin. Les chercheurs ont estimé que la base de données en ligne permet d’avoir une bonne représentation de la présence de l’espèce. Ces résultats, publiés dans la revue scientifique PLOS ONE, ouvrent la voie à l’acquisition simplifiée et peu coûteuse de données indispensables à l’étude des espèces invasives ou en expansion.

La cartographie de la distribution géographique des espèces est importante pour suivre l’évolution d’organismes invasifs ou natifs en expansion. Cependant, les données nécessaires sont parfois difficilement accessibles à partir de la littérature et sont coûteuses à collecter sur le terrain. La question est d’autant plus problématique que certaines espèces voient leur distribution évoluer sous l’effet du changement climatique. C’est pourquoi des chercheurs de l’Inra se sont intéressés à Google Street View (GSV) afin de déterminer dans quelle mesure cette nouvelle technologie permettrait de collecter de manière fiable des données sur la distribution géographique de certaines espèces.

La chenille processionnaire du pin* est un insecte dont les larves consomment les aiguilles de différentes espèces de pins et de cèdres. Ces larves tissent des nids d’hiver en soie de couleur blanche, notamment dans les arbres situés le long des routes. Cette particularité rend l’utilisation de GSV très intéressante, car ce système donne accès à des vues panoramiques le long des routes, et permet d’identifier de nombreux détails.

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Les chercheurs ont délimité une aire d’observation qui recouvre une surface d’environ 47 000 km² de la région Centre et qui a été divisée en 183 « cellules d’échantillonnage » de 16×16 km. Pour chaque cellule, les chercheurs ont noté la présence ou l’absence de nids. Les données ont été collectées par observation directe sur le terrain et via GSV. En les comparant, les chercheurs ont déterminé que GSV est un bon indicateur de valeurs mesurées sur le terrain et offre une fiabilité de l’ordre de 90 % à cette résolution.

Ces résultats ouvrent des perspectives importantes pour simplifier et diminuer les coûts d’acquisition de données pour étudier la présence d’organismes invasifs et l’évolution de leur répartition géographique. Même si toutes les espèces ne se prêtent pas à ce type d’observation, de nombreux organismes peuvent sans doute être étudiés de cette façon, parmi lesquels les insectes ravageurs ou les pathogènes associés à des arbres communs dont les symptômes sont identifiables depuis les voies carrossables (par exemple la mineuse du marronnier ou la chalarose du frêne).