Selon une étude de Gartner publiée en 2018, 80% des entreprises auront fermé leurs centres de données d’ici à 2025, privilégiant des services externes tels que les services de cloud managé ou directement du stockage cloud. Si cette prédiction semble ambitieuse, elle n’en est pas moins réaliste.
Les barrières d’autrefois n’ont pas résisté à certains événements tels que la crise du Covid qui a mené beaucoup d’entreprises à modifier leur stratégie IT.

L’intérêt croissant de l’informatique dématérialisée s’observe notamment dans les investissements en cyber-sécurité. S’ils ont baissé pour la partie « réseau », ils progressent nettement sur la sécurité du cloud. La thématique est aujourd’hui ancrée dans les débats, au point d’atteindre la Commission Européenne, particulièrement sur les sujets liés à la protection des données. 2021 devrait donc être une année charnière pour le cloud.

De nouvelles réglementations pour protéger les données des utilisateurs

En juillet dernier, l’EDPB (European Data Protection Board) et la Commission Européenne ont signé l’arrêt Schrems II qui rend illégal le transfert de données personnelles de l’Europe vers les Etats-Unis. Cette mesure fait suite au Cybersecurity Act de juin 2019, qui harmonise les politiques de cybersécurité des différents États membres. Le principal objectif de ces mesures est d’assurer aux citoyens européens la souveraineté sur leurs données.

Pour faciliter la tâche des entreprises dans le choix de leur solution cloud, l’ENISA (l’agence européenne sur la cybersécurité) réfléchit actuellement à une certification des fournisseurs qui garantirait leur respect des réglementations européennes en matière de protection des données. Celle-ci serait fonction de plusieurs critères tels que le cryptage des données, la formation des effectifs, la qualité et l’âge du matériel… ainsi que la localisation des centres de données.

Une multiplication des infrastructures

La demande de solutions cloud croît beaucoup plus vite que le développement de l’offre. A cela s’ajoute, comme expliqué précédemment, la nécessité de protéger les données stockées. Ces facteurs vont contribuer à l’installation de plus en plus de centres de données sur le territoire européen, alors qu’à l’heure actuelle, 40% d’entre eux se situent aux Etats-Unis.

Mais le développement de ces infrastructures de stockage doit intégrer les problématiques de saturation des espaces, de respect de l’environnement et de consommation énergétique. Et la construction d’hyperscalers n’est pas forcément adaptée au territoire européen. Pour les entreprises, au regard de leurs besoins, il est nécessaire de conserver des infrastructures de grande taille pour la centralisation des données. Mais les particuliers peuvent tout à fait se contenter de centres de données plus petits, dits « edge » qui correspondent davantage aux problématiques européennes en termes de place et d’énergie.

Une diversification des usages

L’utilisation optimale du cloud souffre actuellement de plusieurs freins. Les fichiers étant de plus en plus volumineux, le besoin d’une connexion internet fiable est primordial. Certains services se retrouvent donc moins facilement accessibles pour des personnes ou entreprises ne pouvant améliorer la qualité de leur connexion internet. L’apparition de la 5G et l’amélioration constante de la fibre optique doit faciliter et démocratiser les nouveaux usages ?

Depuis plusieurs mois, on voit se multiplier les offres de cloud gaming qui associent l’optimisation du matériel avec la réduction des coûts. Ce modèle qui fait de plus en plus d’adeptes fonctionne uniquement via internet avec un jeu qui ne tourne plus sur une machine personnelle mais dans un centre de données.

Puisque les données sont au cœur des nouveaux usages numériques, le cloud est désormais nécessaire pour assurer qu’elles soient accessibles en permanence. Que l’on parle de machine learning, de reconnaissance vocale et faciale ou d’intelligence artificielle… toutes ces technologies vont pouvoir changer de dimension grâce au cloud qui en assurera le bon fonctionnement.

La fin du stockage en entreprise est proche. Le cloud hybride sera une période transitoire entre l’informatique sur site et le cloud et l’on verra peu à peu l’informatique décentralisée prendre l’ascendant sur les solutions “on-premise”. C’est avant tout une simplification du mode de fonctionnement des entreprises qui s’amorce : le travail ne dépendra bientôt plus que d’un terminal informatique et d’une connexion internet. Au vu des chiffres de l’année 2020, les équipementiers réseaux vont continuer de souffrir au profit des Cloud Service Providers), car c’est désormais vers eux que les entreprises vont se tourner.
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Par David Friend, CEO chez Wasabi Technologies