Avec l’explosion des usages internet et mobiles, l’arrivée des objets connectés et intelligents, ce sont chaque jour plus de 2,5 trillions d’octets, structurées ou non, qui nous parviennent sous des formes, des vélocités et des véracités très variées : emails, messages sur les réseaux sociaux, vidéos, données CRM, données de géolocalisation, logs de navigation, mesure de capteurs… Le phénomène Big Data s’amplifie inexorablement. Pour autant, la nouveauté ne réside pas uniquement dans la masse de données brutes, mais dans le fait de trouver comment en tirer de la valeur ajoutée dans un temps de traitement compatible avec les exigences métiers, avec une tendance forte vers le temps réel.

La « data », un avantage concurrentiel majeur pour les entreprises

Le Big Data place donc au cœur de l’entreprise et de sa DSI, la gestion et l’exploitation de l’information sans latence métier. Désigné par certain comme le nouveau pétrole, la « data » devient un enjeu stratégique pour l’entreprise et le Big Data se positionne comme une nouvelle arme pour traiter efficacement et de façon efficiente ce tsunami de données. Quant à sa promesse, elle est simple : transformer ces masses de données brutes en stratégies gagnantes pour l’entreprise, c’est-à-dire en avantage concurrentiel. L’exploitation de ces données doit permettre à l’entreprise, coté client, de proposer une expérience optimale dans ses interactions avec l’entreprise, de mieux cibler, mieux personnaliser ses offres, affiner sa connaissance client, anticiper ses besoins et pouvoir interagir davantage avec eux. Côté efficacité opérationnelle, de piloter dynamiquement l’ensemble de ses chaînes de valeur.

Le Big Data, ce n’est pas que pour les autres !

Aujourd’hui, le Big Data n’en est qu’à ses débuts. Les applications actuelles permettent une segmentation fine des comportements, émergence des tendances, détection d’action, anticipation de problèmes, fiabilisation, optimisation de la supply chain, marketing digital… Mais le manque de maturité face à cette nouvelle technologie complique encore son utilisation à grande échelle même s’il est certain que tout cela va se développer, et sans doute plus vite qu’on ne peut l’imaginer.

Avec le sur-marketing du Big Data, l’entreprise peut avoir l’impression aujourd’hui que si elle rate ce virage, elle ne sera plus compétitive par rapport à ces concurrents. Cependant, on est encore aujourd’hui dans une phase d’exploration, de découverte et d’innovation sur le sujet. ! Dès lors, à chaque entreprise d’évaluer le meilleur moment pour se lancer selon ses ressources, ses processus, ses valeurs. Tout dépend également de sa position sur son marché. Si elle n’est pas leader, elle peut attendre que d’autres expérimentent à sa place, essuient les plâtres. Mais si elle veut garder son avantage concurrentiel, elle doit s’y atteler dès aujourd’hui, pour grandir progressivement sur le sujet, tant en terme de concepts que de technologies et explorer les cas d’usage les plus pertinents, y compris les «cold cases».

Ces cas d’usage pour lesquels l’entreprise pense qu’elle ne peut pas faire mieux et que le Big Data peut éclairer sous un nouvel angle et y apporter une solution plus satisfaisante. Cependant introduire de nouveaux processus au sein du SI freine encore de nombreuses entreprises et doit donc se faire avec prudence, d’autant que les entreprises ont été ces dernières années échaudées par des nouvelles technologies qui n’ont pas tenu leurs promesses. Côté direction métier, le Big Data, et plus globalement la digitalisation de l’économie qui en est la parente directe, marque une rupture dans le business model de l’entreprise faisant de la « data » un actif stratégique à part entière. Côté DSI, le Big data est d’abord un nouveau paradigme architecturale.

Le Big Data impose pour l’entreprise que Directions métiers et DSI travaillent de concert pour gagner la bataille des données qui s’annonce avec l’objectif d’être meilleure que ses concurrents dans les usages qu’elle en fera et ce dans le strict respect des réglementations sur l’information. Pour la DSI, le Big Data impose de repenser l’architecture du SI, de mettre à disposition les moyens nécessaires à la demande, le tout à moindre coût pour permettre aux directions métiers de stocker sans limite, d’exploiter et d’explorer sans latence l’ensemble des données à disposition de l’entreprise et d’en tirer ainsi la quintessence.

Big Data : comment y aller ?

Il faut commencer par comprendre, apprendre, expérimenter sur des cas simples sans tomber d’entrée dans des usages complexes, voire futuristes. Il faut se faire sa propre conviction et ne pas essayer de copier-coller ce que font les concurrents. Ensuite vient la réflexion de comment passer à l’échelle industrielle ce qui nécessite inévitablement une réflexion sur les moyens dont l’entreprise se dotera : investissements internes, externes, solutions « in-house » ou services « Cloud »… ? C’est tout un écosystème que la DSI va devoir repenser en termes de technologies, d’architecture, de modèle économique, d’organisation, de compétences et de relations avec les métiers.

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Jérôme Besson, Associé de Sentelis