« Il faut être à l’hôpital pour connaître son meilleur ami », d’après un proverbe des Antilles. Mais qui est le meilleur ami, ces derniers temps, de l’hôpital lui-même ? Sous tension et parfois même complétement sous perfusion depuis près d’un an, l’établissement hospitalier lutte âprement, si bien que c’est à son chevet que l’on a pu compter ses véritables alliés. Ceux-là mêmes qui lui ont permis de subsister. Ceux-là mêmes qui, aujourd’hui, l’aident à innover. Et ceux-là mêmes qui, demain, lui permettront de prévenir.
Depuis mars 2020, le réseau est ainsi devenu, plus que jamais, la moelle épinière de l’hôpital et des systèmes de santé qui luttent sans relâche contre la Covid-19. Pourquoi ?
Pourquoi le réseau est-il incontournable dans le secteur de la santé ?
Les services réseau sont un vecteur d’évolution de la stratégie IT des hôpitaux. Les organismes de soins de santé y recourent en effet pour permettre aux médecins et aux services médicaux de communiquer plus efficacement avec leurs patients. D’autant qu’avec la complexité de l’environnement médical depuis mars 2020, les hôpitaux ont besoin plus que jamais d’une infrastructure moderne, d’une bande passante large et d’opérations d’exploitation et de maintenance simplifiées.
L’optimisation des réseaux à l’aide des nouvelles technologies, telles que la mise en réseau logicielle (SDN), le SD WAN ou les services à la demande prennent alors tout leur sens. Le personnel sanitaire doit pour cela disposer d’un accès câblé et sans fil hybride, et de services intranet et extranet pour une assistance médicale ciblée. Ces réseaux, fonctionnels en permanence, requièrent eux-mêmes des technologies de virtualisation, SDN et sans fil pour les services médicaux à distance ou sur place, à l’hôpital.
Cependant, plus concrètement, les services réseau appliqués à l’innovation médicale sont capables de merveilles, en témoigne la 5G.
La 5G, un outil de suivi médical et un vecteur de transformation de l’hôpital
Le réseau informatique, notamment par le prisme de la 5G, peut être au cœur des dispositifs de contrôle des flux de patients dans le cadre d’une mise en quarantaine ciblée ou d’une sortie de confinement. Casques de police connectés permettant de dépister les cas de COVID-19, caméras thermiques couplées, reconnaissance faciale dans les espaces publics, drones de surveillance, applications QR-Code santé autorisant le porteur à se déplacer, sont autant d’outils pouvant être mobilisés en vue de juguler la circulation du virus et ainsi désengorger l’hôpital.
L’exemple chinois a également montré que le recours à la 5G comme base de l’infrastructure télécom a rendu possible la construction d’hôpitaux de campagne en seulement 10 jours, tout en garantissant la performance infaillible du réseau. Le personnel soignant a pu ainsi limiter ses contacts avec les patients en utilisant des scanners autonomes connectés 5G ou en faisant appel à des experts du monde entier grâce à la visio-conférence.
Mais l’apport de la 5G dans le domaine hospitalier ne s’arrête pas là : la sécurisation du transport par le monitoring à distance, la livraison d’aide médicale grâce à un véhicule autonome, les livraisons hospitalières par drone ou encore l’utilisation de robots infirmiers dans les hôtels en quarantaine sont également de mise. A condition que le réseau soit des plus sécurisés. Et la crise actuelle a montré que le réseau informatique de l’hôpital était parmi les plus ciblés.
Pas de santé connectée sans réseau sécurisé !
C’est la double peine : en plus d’être soumis à une pression inédite du fait de la pandémie de Covid-19, le secteur hospitalier français se voit en plus être fragilisé sans cesse par des cyberattaques d’ampleur depuis le début de l’année. Les piratages des hôpitaux de Narbonne, Villefranche-sur-Saône et Dax, ainsi que le détournement des données médicales de 350 000 patients bretons sont ainsi autant d’exemples qui montrent l’absolue nécessité de sécuriser les réseaux informatiques des établissements de santé. Un enjeu d’autant plus crucial qu’avec l’arrivée de la 5G, les menaces pour le secteur seront démultipliées. C’est dans ce contexte qu’une enveloppe 350 millions d’euros dédiés à la cyber sécurité du secteur hospitalier et médico-social a été débloqué par le gouvernement français. Un appel à manifestation d’intérêt vient même d’être lancé afin de trouver des solutions « innovantes ». Dans le cadre de ce dispositif, l’Etat prendra en charge jusqu’à 50 % des investissements engagés.
Toutefois, sécuriser un réseau informatique d’hôpital n’est pas tant une affaire d’argent que de méthode. Les agences gouvernementales doivent ainsi également pousser pour la mise en place d’une approche holistique de la cyber sécurité, à la fois globale et résiliente. Dans ce contexte, l’importance de la périphérie en tant que catalyseur des services IoT sera donc cruciale, de même que la mise en place d’activités d’incubation visant à réduire les barrières commerciales, à innover et à développer l’écosystème autour de la sécurité des réseaux. Enfin, le déploiement de la fameuse 5G revêt essentiel en vue de parti d’un bon pied en matière de cyber sécurité. Un déploiement autonome (standalone) est ainsi à privilégier au détriment d’un déploiement non autonome (dit non-standalone).
Le réseau est donc une arme à double tranchant pour l’hôpital dans ce contexte de crise sanitaire : il peut s’agir d’un allié de choix, lui permettant de réagir et innover rapidement ; mais à l’inverse, s’il est mal sécurisé, il peut être son bourreau.
En vérité, la crise du coronavirus n’est que le révélateur de l’absolue nécessité pour le système hospitalier de disposer d’un réseau informatique fiable et performant, visant à accélérer la prise en charge des patients et de contrer des piratages démultipliés depuis quelques mois. Si l’hôpital parvient à négocier ce virage numérique, il ne sortira pas affaibli de cette crise, mais bel et bien grandi.
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Par Gervaise Van Hille, Directrice France de Colt Technology Services