La transformation numérique a profondément changé l’entreprise. D’un côté, la relation clients se doit d’être directe et personnalisée, de l’autre, la relation collaborateurs repose sur la confiance et la productivité, car les employés sont devenus mobiles. Ces évolutions sont le résultat d’une mutation culturelle, rendue possible par le Cloud. Sans lui, point de mobilité ou d’exploitation des données en temps réel. Il n’y a donc rien de surprenant à ce que Gartner prévoit une croissance du marché des services de cloud public de 21,4 % en 2018[1]. Cette croissance reflète celle de tous les modèles « as a Service » (SaaS : Software as a Service, IaaS : Infrastructure as a Service, etc.) qui permettent aux entreprises de gagner en agilité, par l’augmentation ou de la réduction leurs capacités à la demande pour toute application donnée.

Pour les DSI, cette croissance n’est pas sans défi.  Une étude récente commandée par Snow Software laisse à penser que la direction informatique n’est plus seul maître en sa demeure. 24 % des responsables IT ont vu la majorité des décisions relatives à des dépenses dans leur domaine transférées vers d’autres divisions de l’entreprise, tandis que 19 % déclarent que le département informatique commence à perdre la main.

Pourquoi est-ce le cas et comment les responsables informatiques sont-ils censés répondre de dépenses technologiques échappant à leur contrôle ?

Un nouveau rapport de force

Le déploiement du Cloud a déplacé le pouvoir décisionnel, en matière d’achats technologiques, du département informatique vers les unités opérationnelles. Les unités opérationnelles achètent et utilisent des logiciels sans passer par l’informatique car elles en ont la possibilité mais aussi l’envie. Cette tendance est irréversible et les DSI et autres responsables informatiques n’auront d’autres choix que de s’adapter.

Par exemple, les départements vente et marketing sont les plus enclins à agir ainsi de manière autonome. Selon Forrester, les directeurs marketing sont les plus susceptibles de prendre le contrôle de leurs dépenses technologiques, plus d’un tiers (36 %) d’entre eux maîtrisant entièrement les nouveaux investissements dans leur domaine et 19 % prenant l’initiative avant d’y associer le DSI par la suite.

Le casse-tête du cloud : comment maîtriser des dépenses indisciplinées

Les responsables informatiques peuvent s’en sortir dans cette nouvelle ère de responsabilité diffuse en matière d’achats technologiques s’ils s’efforcent de gérer les dépenses informatiques, c’est-à-dire de renoncer à certains pouvoirs de contrôle mais en s’imposant sur les investissements technologiques dans l’entreprise. Pour y parvenir, il est essentiel de construire une vision globale de la consommation de toutes les ressources informatiques.

Cette visibilité totale se heurte au fossé entre ce que l’informatique croit savoir de l’utilisation des technologies dans l’entreprise et la réalité. Ce décalage résulte principalement des achats technologiques effectués par les unités opérationnelles et son existence, voire son accentuation au sein d’une entreprise, aboutit à des dépenses redondantes des licences logicielles inutilisées, des machines virtuelles « zombies » et engendre des risques accrus en termes de sécurité ou de conformité. Pour combler ce fossé et évoluer vers le statut d’intendant technologique, les DSI et autres responsables informatiques ont besoin d’une unique source de référence pour toutes les technologies consommées dans l’entreprise.

Il existe plusieurs raisons pouvant rendre difficile le suivi des logiciels déployés dans le cloud. Hormis le fait pour l’informatique de ne pas être associé au processus d’achat, la plupart des fournisseurs de plates-formes SaaS et IaaS offrent des portails dédiés pour la visualisation et le suivi de la consommation et des dépenses.

A mesure que l’utilisation du cloud se développe, il n’est tout simplement pas aisé pour les départements informatiques de regrouper les informations figurant sur chacun de ces différents portails. Les équipes informatiques ont donc besoin d’outils de découverte automatisée et de vues consolidées de tous les usages du cloud pour se montrer efficaces dans cette nouvelle ère des achats informatiques.

Il incombe ensuite à l’informatique de donner davantage de contrôle aux utilisateurs finaux, via des plates-formes de libre-accès à certains services. En centralisant l’approvisionnement des technologies, les départements informatiques pourront mieux comprendre et superviser leur utilisation.

Faire le lien entre les investissements numériques et les résultats de l’entreprise

S’il est vraisemblable que le pouvoir décisionnel dans le domaine des dépenses technologiques continue de s’éloigner de l’informatique, les DSI doivent y voir une opportunité de redéfinir leur rôle et de mieux se mettre en phase avec les objectifs métiers globaux.

Ces nouvelles tendances en matière d’achats technologiques permettent à l’informatique de moins se consacrer à la gestion des affaires courantes et davantage à des fonctions d’innovation et de conseil au sein de leur entreprise. Grâce aux enseignements tirés d’une plate-forme unifiée et centralisée de gestion des technologies, il est possible d’accompagner plus efficacement les projets informatiques menés par les unités opérationnelles et d’éliminer les risques ou incertitudes touchant aux dépenses. Mieux encore, il devient possible de justifier certains investissements technologiques et de guider ceux-ci à l’avenir.

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Hervé Le Fell est Directeur Général de Snow France

[1] https://www.gartner.com/newsroom/id/3871416