Dans une 4e tour de table, la startup créée par deux Français et basée à New York vient de lever 95 M$ pour financer sa R&D et son expansion géographique.
Cette 4e levée de fond porte à 140 M$ le montant global des investissements réalisés par des entreprises de capital risque réguliers dont Index Ventures, RTP Ventures et Openview Ventures qui sont présentes dans 2 ou 3 tours de tables.
Au terme de ses deux participations aux tours A et C, Shardul Shah partenaire d’Index Ventures expliquait sa décision : « Tout d’abord, dans ce domaine où l’on compte assez peu d’acteurs, les co-fondateurs de Datadog ont développé une réelle vision. Ensuite c’est un produit qui fonctionne ».
C’est donc une belle réussite pour cette société créé par Olivier Pomel et Alexis Lê-Quôc, deux ingénieurs de l’Ecole Centrale et ensuite collègues dans la société Wireless Generation une société rachetée en novembre 2010 par News Corp), le premier au poste de VP of Technology et le second responsable des opérations. C’est cette situation qui a sans doute favorisé la création de Datadog où l’idée est de trouver le meilleur compromis entre les contraintes des opérations et du développement et de fournir un outil permettant de monitorer le cloud proposé as a service (Cloud Monitoring as a Service) pour assurer la robustesse et la consistance nécessaire de l’infrastructure et supporter une évolution rapide. Et ainsi s’inscrire dans la démarche DevOps.
Pourquoi les outils traditionnels utilisés depuis bien longtemps comme IBM Tivoli, HP Openview, CA, Nagios, BMC ou encore Solarwinds ne sont pas adaptés à la problématique du cloud ? Pour Olivier Pomel, le cloud change tout en créant des environnements dynamiques ou le nombre d’instances se comptent par milliers, change en permanence, avec un nombre de standards et d’environnement d’exploitation beaucoup plus élevés.
Parmi les clients de Datadog, on trouve beaucoup d’entreprises IT comme Zendesk, Citrix, HPE, Salesforce mais aussi des sociétés de l’Internet comme Airbnb, Netflix, Spotify, Twilio ou Bazaarvoice.
Côté technologie, Datadog utilise un agent open source pour collecter les données liées aux événements et aux métriques. La plate-forme disponible sur le cloud s’appuie sur des technologies du monde du big data tels que D3, Cassandra, Kafka et d’autres plus classiques telles que PostgreSQL. L’outil, intégré au niveau de l’infrastructure, ne supervise pas chaque serveur individuellement mais identifie tous les serveurs qui participent à une même application. L’agrégation des tags est réalisée en temps réel et permet ainsi de suivre alors l’évolution de l’environnement de production au plus près. Cette plate-forme peut monitorer de nombreux environnements clouds tels AWS, Microsoft Azure, Google Cloud Platform et Red Hat OpenShift. Elle a ajouté récemment OpenStack et intégré Docker. Plus de 100 environnements sont supportés.
La conteneurisation de l’IT et l’utilisation des applications sous forme de microservices participent assez fortement à cette nouvelle problématique de monitoring d’environnements en perpétuelle évolution. Car un des défis posés est de connaître les relations existantes entre les différents conteneurs à un moment donné. Pour Amit Agarwal, Chief Product Officer, l’infrastructure fournie par Docker permet de savoir si un conteneur est actif ou non mais elle n’est pas suffisante pour avoir une idée de la performance globale.
Il y a quelques semaines, l’entreprise a ouvert une filiale à Paris et un laboratoire de R&D qui sera basé dans un premier temps au Numa et sera chargé du développement des nouveaux produits. Ce nouveau financement va donc permettre à l’entreprise de poursuivre son développement rapide, notamment géographique, en Europe et en Asie. On ne peut que regretter qu’une telle entreprise ait dû s’expatrier pour assurer son financement et donc son développement. Quand la France aura-t-elle un écosystème technologique et financier capable d’héberger de telles réussites ?