Dell s’est mis à faire la promotion de son offre VDI (virtual desktop infrastructure) qui peut être vendue comme un service par un hébergeur  via le DAAS [le desktop as a service]. Cette relance dépasse la version 8.6 de son programme Vworkspace lancée à la fin juillet car il s’agit pour Dell de profiter d’une fenêtre d’opportunités commerciales et de réagir face aux baisses de prix des solutions de VDI  avec Amazon et Google. Cette situation est l’occasion de revenir sur les différentes offres en piste et des atouts et limitations de ces offres attrayantes sur le papier.

Vworkspace

Lancée à la fin juillet, la version 8.6 de Vworkspace supporte Microsoft Hyper-V et Azure, mais aussi d’autres technologies de virtualisation des postes de travail et d’applications. L’hébergement s’effectuera dans le Cloud privé ou public, mais aussi sur les sites des clients. C’est la dernière évolution du logiciel de Quest Software, firme rachetée en 2012 par Dell. L’offre d’origine commence à dater puisqu’avant son rachat par Dell, Quest l’avait lui-même rachetée en 2006 à Provision Networks. Il permet donc la publication d’applications ou de postes de travail complets à des utilisateurs distants via une liaison sécurisée ou à des PC locaux [client léger ou d’un PC ancien]. C’était au départ une version OEM du produit Hyper V qui permettait d’accéder à l’interface graphique du serveur à partir de n’importe quel poste équipé de Windows ou mac ou des os de mobile [Androïd, IOS.] ; un concurrent direct de l’offre de Citrix.148_vWorkspaceL’offre originale s’appuyait sur un serveur faisant fonctionner un hyperviseur local [VMware infrastructure, Microsoft Hyper-V, Parallels Virtuozzo] sur un serveur [convergé, serveurs de terminaux ou châssis dotés de lames]. Désormais, elle fonctionne avec les dernières versions d’hyperviseur utilisées par les datacenters. Elle permet donc d’utiliser des terminaux dépourvus de beaucoup de puissance propre comme les smartphones qui se contentent d’afficher le bureau du serveur distant, l’utilisateur travaillant entièrement à travers le réseau.

Outre cette solution de logiciels serveurs, depuis plus de dix ans, Dell vend les habituelles solutions de Citrix, de Microsoft et de VMware [Horizon] et ce « business » paraissait bien fonctionner, la possibilité d’utiliser n’importe quelles applications sur n’importe quel terminal, d’une manière centralisée avec un minimum d’administration était très séduisante avec la réduction du coût des terminaux.

Une concurrence sévère reste du côté des prix

Mais, en l’espace de quelque mois, la situation a bien changée, car d’une part, HP, le principal concurrent de Dell a vu ses PC et serveurs logés dans deux enseignes différentes lui ouvrant l’argument de la « seule solution maîtrisée par un seul fournisseur de bout en bout », mais surtout Amazon a multiplié les solutions à prix rabotés dans son offre de DAAS. C’est là, la raison principale de la baisse des prix du VDI, leur apparition sous forme de services dans le Cloud. La formule la plus économique proposée par Dell relance donc son offre maison issue de l’offre de Quest et de Wyse [pour la partie hardware] s’appelle vWorkspace. Face à ces concurrents, Dell argumente autour de solutions prêtes à l’emploi du fait du paramétrage préalable des serveurs et des postes clients. Si l’avantage du End to end sera contesté par HP, Fujitsu et Lenovo et plusieurs intégrateurs, Dell bénéficie d’une légitimité dans ce secteur du fait de son expérience depuis que la firme vend des serveurs.

Avec la version 8.6 de vWorkspace, les machines virtuelles sous Windows 10 seront aussi prises en charge. Cela évite de mettre à niveau l’ensemble des PC pour exécuter un système d’exploitation actuel, on peut se servir de Windows 7 ou 8 sur des machines conçues pour XP.

Cette remarque est aussi l’occasion pour Dell de remettre en lumière ses PC légers Wyse 7000 [605 euros] et 5000 [549 euros] et leurs différentes versions équipées des derniers équipements de sécurité. La firme propose une offre complète [matériel et logiciel] à moins de 200 dollars par poste et par an.

L’argument des prix reste toujours le facteur décisif.

Dell met en avant ses tarifs et le fera de plus en plus, selon le responsable des offres packagées. Il faut dire qu’Amazon casse les prix et rend les offres Citrix, Microsoft et VMware un peu plus élevées. Interrogé par nos confrères américains sur la raison de ses baisses, Amazon a répondu qu’elles répondaient aux économies d’échelle du cloud et à l’étude des offres de VDI sur Linux qui sont encore plus attrayantes d’un point de vue tarifaire. Le succès actuel dans le milieu universitaire de Chromebook [des portables à 200 dollars équipés seulement d’un navigateur chrome et d’un OS embryonnaire] qu’il s’agisse des offres de HP, Samsung ou Dell montre pour Amazon la nécessité de réétudier la chaîne de valeur des applications hébergées. L’économie effectuée sur la gestion de l’infrastructure virtuelle, comme elle est administrée par le fournisseur de service ne pose, a priori, guère de soucis.

Chez Amazon, le prix par utilisateurs démarre à 35 dollars par mois pour 4 Go de Ram, 50 go de stokage et une instance Windows 7 CPU sous Windows server 2008. Avec la suite bureautique office 2010 et l’antivirus Trend AV le prix monte à 50 dollars, cela contient un accès client Windows, Mac, Windows, doit, le protocole utilisé PCoIP issu de la firme Teradici compresse et chiffre le trafic. Amazon Workspace est basée sur une version modifiée de l’hyperviseur Xen et permet également l’intégration d’Active Directory. workspaces_provision_workspace_2Les offres de Citrix et VMware qui sont aussi d’ailleurs disponibles sur AWS tournent plutôt autour de 195 dollars, mais avec une couche d’’outils d’administration plus importante. L’atout de Citrix XenDesktop est d’offrir aux PC sous Windows XP, 7, 8, de se relier à Windows Server 2012 R2, l’Os le plus récent, avec le protocole HDX. Les temps de latence en seraient améliorés. Citrix-WS-architecture1

Un œil sur l’horizon

Si l’on regarde l’offre Horizon Air, VMware propose trois niveaux de service allant de 35 $ par mois à 100 $ par mois avec une commande minimum de 50 postes utilisateurs, facturés mensuellement ou annuellement, avec des réductions selon les volumes requis. Les offres d’ordinateurs de bureau peuvent être persistantes ou non persistantes et utiliser le protocole PCoIP [prend également en charge RDP]. Le service est fourni par VMware ou par les fournisseurs de services autorisés. Le prix peut varier selon les options et les services offerts.horizonair

VMware offre un essai gratuit de sept jours de leurs DaaS pour les acheteurs potentiels.

L’argument du Daas tient aussi à la sécurité

Face à ses autres concurrents en ligne, Dell propose aussi des solutions de gestion de la sécurité en particulier

pour les organisations qui jouent la carte du BYOD [Bring Your Own Device], y compris les ordinateurs portables et les tablettes, souvent adoptés à contrecœur par les services informatiques inquiets de voir des « passoires » les envahir. Mais avec le contrôle des applications maison dans l’essentiel des mobiles, l’étanchéité des applications paraît garantie. Le BYOD qui faisait frémir en raison de problèmes de sécurité n’est plus aussi inquiétant avec les DaaS. Les données de l’entreprise sont centralisées et ne sont plus stockées sur les machines des utilisateurs, et seront de ce fait moins l’objet de vols, de transmissions de virus, ou d’autres problèmes de sécurité. Toutes les interactions de données se feraient sur l’infrastructure cloud sécurisée.

En fin de compte, la différence entre les différentes solutions est d’ordre financier. Le DaaS permet à certaines entreprises de rationaliser leurs infrastructures et de maîtriser sur le long terme les dépenses liées à l’équipement et le personnel IT en échange d’un modèle de tarification prévisible « par utilisateur/par mois ». Sans reprendre les habituelles comparaisons entre Capex et Opex, on retiendra que du point de vue comptable on peut faire passer la location d’application et de terminaux dans un registre de frais de fonctionnement alors que l’achat reste dans les frais d’immobilisations moins avantageux.

Les deux limitations connues

On en finirait par croire que le DAAS est la solution miracle, mais cette acculation de protocoles et de machines virtuelles soulève la question de la latence, même si des fournisseurs de services locaux garantissent de l’Internet haut débit. VMware, par exemple, propose différents niveaux de service qui peuvent même accueillir graphiques et vidéo 3D. En outre, des protocoles que l’on pourrait qualifier  d’offre pour la Vidéo ne proposent en gros que le remplacement des pixels de l’écran qui ont changé. Ce n’est pas un hasard si Citrix a acheté une firme de load Balancer Netscaler et que Dell et HP font leurs meilleures ventes de disques SSD pour créer des caches pour les serveurs de terminaux. Il suffit de taper « caches VM » pour se rendre compte que toutes les offres de DAAS sont soutenues par des offres de hardware qui permettent de garantir des temps de latence garantis, ces fameuses SLA qui justifient les dépenses. Hormis ce bémol, vis à vis des hébergeur de solutions DAAS, mais c’est une habitude vis à vis du cloud, l’autre inquiétude tient aux recours en cas d’interruption de service, perte de données, ou de vol de données.