30 ans après la création du Web qui a littéralement ouvert Internet à tous, les Français souhaitent qu’Internet donne un meilleur accès à l’éducation et à la santé. C’est ce qu’indique une enquête réalisée par l’institut Opinion Matters et commanditée par Cisco à l’occasion ce de trentenaire.
Ce mardi 12 mars, le Web fête ses 30 ans. Créée en 1989 par Tim-Berners-Lee, informaticien au CERN, la « Toile » a permis de publier et d’organiser l’information à base de documents et de liens, démocratisant l’usage de l’Internet, le réseau des réseaux conçu dans les années 60 aux Etats-Unis. Aujourd’hui, l’intrication entre les deux termes, Internet et Web, est telle qu’ils sont désormais utilisés de manière interchangeable.
30 ans plus tard, le Web se confronte à de nombreux défis, notamment celui de la distribution du pouvoir entre les géants du Net. Soulevant plusieurs interrogations tant au niveau de l’offre des services en ligne, que de l’accès ou de la sécurité de l’infrastructure, les débats entre les acteurs se multiplient au point que son concepteur réclame désormais un « contrat pour le Web ».
Aujourd’hui, Internet est considéré par les personnes interrogées pour « se tenir au courant et informés » (74 %), se divertir (71 %) et « rester en contact avec la famille et les amis » (70 %). L’industrie du divertissement (39 %) et l’industrie bancaire (31 %) sont considérées comme les principales bénéficiaires des progrès technologiques à ce jour.
Pour les trois prochaines décennies, les répondants veulent en priorité que le Web améliore l’accès à l’éducation (63 %), mais aussi l’accès aux soins de santé (57 %). « Connecter les personnes entre elles » (39 %), « améliorer les communications » (35 %) et « développer de nouvelles façons d’apprendre » (35 %) sont considérés comme les impacts les plus positifs du Web sur la société jusqu’à présent avec des proportions néanmoins relativement modestes. Plus d’un tiers (39 %) des personnes interrogées ne peuvent plus imaginer leur quotidien sans Internet. Un autre tiers (33%) ne peut pas imaginer pouvoir fonctionner dans leur travail sans Internet.
L’avis de Tim Berners-Lee sur le Web d’aujourd’hui
Dans une interview à notre confrère Le Monde, Tim Berners-Lee est beaucoup plus circonspect sur l’avenir du Web que les Français. Pour le concepteur du Web, la liste des défis auxquels fait face la Toile est longue : neutralité du Net, vie privée, respect des femmes, un espace qui n’est pas digne de confiance… Certaines tendances qui se profilent pourraient avoir un effet dramatique sur le Web. Déjà, celle de certains pays à bloquer des contenus.
Aux premiers temps du Web, explique Tim Berners-Lee, il était techniquement difficile de mettre un grand pare-feu et donc de se déconnecter du Web. Plus maintenant. Des pays africains ou du Moyen-Orient ont imité la Chine en matière de censure. Certains pensent que nous allons aboutir à plusieurs Web séparés : un européen, un chinois, un américain.
Tim Berners-Lee se désole du fait que les internautes ont perdu le contrôle de leurs données personnelles qui, bien souvent, sont « utilisées contre tout le monde » s’appuyant par exemple sur le scandale Cambridge Analytica. Il perçoit de manière plutôt positive les réglementations existantes ou à venir : RGPD, directive copyright, règlement terrorisme, projet de loi français contre la haine. Et ces réglementations poussent les géants du Web à changer leurs propres règles. Témoin le Data Transfert Project, une initiative de Google, Facebook et Twitter qui vise à permettre aux internautes de donner accès à leurs données et de les déplacer d’un service à l’autre.
Les bénéfices professionnels sont évidents
La révolution engendrée par le Web a a changé drastiquement les pratiques professionnelles. Pour la génération Z (16-24 ans) par exemple, Internet a révolutionné tout particulièrement le monde du travail (51%). Les plus de 55 ans le constate également mais dans une moindre proportion (32%). Ce décalage peut d’ailleurs facilement s’expliquer par le fossé générationnel, les 16-24 ans étant nés dans un monde ou Internet existait déjà, là où les plus de 55 ans ont dû apprendre à dompter cet outil. De façon plus générale, 20% de la population française estime que le WWW leur a permis de devenir plus productif dans le travail, et 39% que cela leur a offert l’opportunité de travailler différemment.
Même perception du côté des entreprises qui ont vu leurs activités croître ces dernières années grâce notamment à la transformation numérique. Certains secteurs semblent en avoir bénéficié plus que d’autres, pour 37% des sondés l’industrie de la santé semble être celle à qui cette expansion numérique a le plus profité, suivi par les acteurs du divertissement à 32% et de la finance à 31%. Et cela n’est pas près de s’arrêter puisque que les français estiment à 43% que les acteurs de la santé devraient continuer à en tirer parti pour les 30 années à venir.
Le Web en France : un facteur de reconnexion sociale
A ses débuts, le Web a d’abord été perçu comme curiosité relevant plutôt du divertissement que d’une véritable innovation. Pourtant, les 30 dernières années de pratique montrent que le Web a eu un véritable impact sur le rapport à notre entourage. Ainsi, 70% des français interrogés déclarent qu’Internet a facilité les échanges avec les proches et la famille. En effet, les opportunités qui ont découlé de cette technologie, à savoir notamment la possibilité de se connecter à des proches via les réseaux sociaux par exemple, ou encore par des réseaux de messageries instantanées, en sont le parfait exemple.
Mais bien plus qu’un d’un simple outil d’échange avec son environnement, Internet semble s’imposer comme une véritable chance de répondre à d’importantes problématiques de société. L’étude démontre ainsi que 50% des français aimeraient qu’Internet puisse faciliter l’égalité sociale pour leurs enfants et eux même dans les 30 prochaines années.
Selon les français, Internet est une formidable opportunité pour le futur de l’éducation
Les résultats de cette étude montrent qu’Internet doit jouer un rôle important dans l’éducation. 79% des français ont admis avoir eu accès à un meilleur niveau d’information grâce au Web et à Internet, et 52% avoir pu acquérir de nouvelles compétences. Une opportunité que la majorité des français n’arrivent pas encore à se représenter concrètement puisqu’ils ne sont encore que 28% à estimer que cela va faire évoluer le système éducatif.
Et pourtant, dans les faits, le secteur éducatif pourrait largement en bénéficier. Les français partagent cette idée et sont 58% à miser sur Internet pour offrir un meilleur accès à l’éducation dans le futur. Des innovations telles que les plateformes de cours en ligne ou encore les supports de cours interactifs en constituent des exemples significatifs.
La moitié des Français n’imaginent plus pouvoir vivre sans Internet (contre un tiers au Royaume Uni, en Allemagne et en Espagne). Bien que certaines réticences se font jour, avec notamment la peur de certaines dérives que l’avènement d’Internet a pu créer (cyberattaques, cyberharcelement…), les perspectives de développement de la technologie l’emportent tout de même au final, et 37% des Français sont convaincus que les avantages qu’apportent Internet l’emporteront sur les inconvénients et les risques.