À la fin de la semaine dernière, et un peu à la surprise générale, IBM annonçait la démission de sa CEO, Virginia « Ginni » Rometty, qui sera effective le 6 avril prochain.

Sous son règne, débuté en 2012, IBM n’aura pas véritablement réussi à se réinventer et à trouver des solutions à ses multiples défis. Preuve en est, alors que les valeurs de Google, Apple, Amazon et Microsoft se sont envolées en bourse depuis 2012, celle d’IBM a poursuivi son déclin et diminué de 25%.
Surtout, IBM n’aura pas réussi à prendre place sur le podium du Cloud Computing public et acquérir un statut de véritable hyperscaler.

Et même si Ginni Rometty avait fait dès le début de Watson (et des technologies IA) son principal cheval de bataille, IBM n’a jamais vraiment réussi à empêcher la concurrence de rattraper son avance et prendre les devants en la matière.

Mais l’histoire retiendra toutefois que Ginni Rometty aura réussi à poursuivre pour encore au moins une génération l’ère des mainframes (avec la sortie du Z15 l’an dernier), aura impulsé la bonne dynamique pour maintenir IBM parmi les précurseurs les plus actifs et les plus innovants du Quantum Computing (c’est bien sous sa direction qu’IBM aura introduit son premier modèle commercial, le Q System One), et surtout qu’elle aura apposé sa signature sur l’acquisition de Red Hat.

Sauf que cette acquisition stratégique pour IBM – qui a très largement contribué à redorer ses résultats financiers sur le dernier trimestre –  n’est pas une idée de Virginia Rometty. Son grand inspirateur n’est autre que Arvind Krishna, nommé nouveau CEO d’International Business Machines Corp (autrement dit IBM) en remplacement de Ginni.

Âgé de 57 ans et ayant réalisé toute sa carrière professionnelle chez IBM, Arvind Krishna n’est pas uniquement l’instigateur de l’acquisition de Red Hat. En fait, cette dernière n’est que l’icône la plus visible d’une vaste stratégie « hybride cloud » élaborée par Krishna depuis 2017 et qui comporte également les fameux « Cloud Packs ».

Beaucoup d’observateurs américains comparent d’ailleurs Arvind Krishna à Satya Nadella, le CEO de Microsoft depuis 2014, y voyant de nombreuses approches communes. Et beaucoup attendent de lui qu’il se montre aussi transformateur que peut l’être Satya Nadella chez MS. Car IBM est une vieille dame qui a bien du mal à se départir d’anciens processus et d’anciennes méthodes. Un changement de culture s’impose chez Big Blue comme il s’est imposé à Redmond.

Or un changement de culture n’est jamais facile à concrétiser. Il constituera le principal défi de Arvind Krishna dont il ne fait guère de doute que la stratégie générale sera portée par la vision « hybride cloud » qu’il a lui-même élaborée.

Arvind Krishna pourra compter sur l’appui de Jim Whitehurst, ex CEO de Red Hat, qui vient d’être élevé au rang de « Président d’IBM Corp ».

Un duo est donc aujourd’hui à la tête d’IBM, duo cohérent aux visions très alignées. Ce qui sera un grand atout pour concrétiser la troisième « révolution » interne de l’entreprise après celle des ordinateurs en 1950 et celle des logiciels et services dans les années 1990…