En 2022, Forrester anticipe que les dépenses technologiques des entreprises augmenteront de 5,5% pour atteindre les 176 milliards d’euros.
Le Forrester vient de publier son nouveau rapport sur le marché européen des technologies avec des chiffres pays par pays. La France se situe plutôt dans la moyenne européenne sur presque tous les indicateurs étudiés par Forrester.
En moyenne, les dépenses européennes en télécoms, en logiciels, en matériels, et en services informatiques augmenteront de 5,4% en 2022 pour largement dépasser les 1.120 milliards d’euros. Rappelons que l’Europe constitue le second marché technologique mondial derrière l’Amérique du Nord. Cette progression va permettre de compenser en partie l’importante décroissance engendrée en 2020 par la crise pandémique et réinscrire l’Europe dans une dynamique technologique.
En France plus spécifiquement, les entreprises dépenseront au global 176 milliards d’euros en technologie en 2022, un chiffre supérieur à celui de l’Allemagne (évalué à 163,6 milliards d’euros) mais nettement inférieur à celui des entreprises du Royaume-Uni (évalué à 227 milliards d’euros).
Rapporté au nombre d’habitants, ce volume de dépense qui représente 30% des dépenses globales se situe là encore dans la moyenne mais se révèle très éloigné de pays comme la Suisse et la Suède qui avec 70% et 60% apparaissent comme les pays aujourd’hui les plus technologiquement avancés. Or selon Forrester, les pays où les dépenses technologiques par habitant sont les plus élevées sont aussi ceux qui déposent aujourd’hui le plus de brevets ! La suisse en a déposé 942 par millions d’habitants en 2020, la Suède et le Danemark plus de 400 alors que la France se contente d’un maigre « 156 » (brevets par millions d’habitants).
Bien sûr, il faut aussi savoir tempérer ces chiffres rapportés au nombre d’habitants. Car, la France figure à la deuxième place européenne avec 10.554 brevets déposés en 2020 (tous domaines confondus) – ce qui représente 16% des brevets européens – derrière l’Allemagne et ses 25.954 brevets déposés. La Suisse a déposé 8.112 brevets, les Pays Bas 6.375 et le Royaume Uni 5.715.
Autre élément intéressant parce qu’il permet de mettre quelques chiffres autour d’une réalité que tout le monde connaît, le taux d’imposition français reste un handicap. Mais pas nécessairement autant qu’on pourrait le penser. Bien qu’il soit le plus élevé d’Europe, il n’empêche pas la France de rester dans la moyenne européenne des investissements technologiques. Toutefois, Forrester constate que les pays qui appliquent un impôt sur les sociétés moins élevé investissent davantage dans la technologie. « Le faible taux d’imposition des sociétés en Irlande stimule l’investissement numérique, 14 des 15 plus grandes entreprises de TIC ayant des bureaux, des usines de fabrication ou des installations de R&D dans le pays », rappelle le rapport.
Toujours selon Forrester, les dépenses Cloud des entreprises européennes pourraient connaître un taux de croissance annuel de 30 % au cours des six prochaines années et représenter un tiers des dépenses technologiques européennes d’ici 2030. Par ailleurs, les analystes estiment que « les investissements dans les semi-conducteurs vont renforcer les capacités de l’Europe en matière de cloud computing et de Edge ; 80 % des données européennes seront traitées à la périphérie (edge) en 2031, contre 20 % en 2021. 30 % des données mondiales seront traitées en temps réel d’ici à 2025 ».
Si les investissements cloud sont effectivement majeurs, on ne peut en dire autant des investissements dans l’IA. Le rapport explique ainsi que « l’investissement européen dans l’IA a de nombreuses années de retard sur ceux de la Chine et des États-Unis : ces pays ont produit respectivement 18,0 % et 12,3 % des publications scientifiques sur l’IA en 2020, contre 8,6 % pour l’Union européenne ». Pour Forrester, ce manque d’investissement pourrait, au final, freiner l’Europe dans l’automatisation de ces processus à l’ère du tout numérique.
Terminons sur une dernière donnée qui mérite d’être mentionnée : la valeur du marché européen de la cybersécurité est estimée à plus de 130 milliards d’euros, et sa croissance est de 17 % par an.