Les 4 600 ETI françaises sont trop petites, trop peu nombreuses et souffrent de la compétition internationale. Parfois, elles font face à une faiblesse d’investissements et de ressources » : entend-on dans des rapports produits cette année par exemple par BPI France ou l’ASMEP-ETI. Mais on rappelle, après ces constats, qu’il faudrait les aider, elles qui représentent quand même 34% des exportations françaises.
Or la performance économique de notre pays dépend de la capacité qu’ont les sociétés françaises et en particulier les ETI à réussir à l’export. Le succès de ses entreprises à devenir des champions mondiaux dans leurs secteurs n’est pas aisé. Inconnues du grand public, ces championnes doivent lutter sur de nouveaux marchés contre des concurrents venant en particulier de marchés émergents comme l’Asie et l’Amérique du Sud, où il est tout sauf facile de garder sa position !
Comment les aider ? Par une informatique qui aide les entreprises à être plus réactives, à mieux interagir avec les clients et leurs comportements, à être plus agiles au niveau international.
Dans ce contexte, les DSI doivent répondre aux besoins engendrés par l’expansion mondiale de leurs entreprises, et prendre en compte en permanence les évolutions des technologies IT, sans céder aux modes. Pour cette raison, il est de leur responsabilité de tenir compte des troisdéfis suivants :
– En finir avec l’informatique en silos en standardisant l’IT,
– Respecter les contraintes budgétaires en devenant une informatique efficiente,
– Bénéficier du cloud tout en choisissant la bonne architecture
Les 3 Défis
1. Standardisation et Homogénéisation :
Souvent, la croissance des marchés émergents a provoqué des implantations tactiques – au départ – ce qui a favorisé l’apparition de solutions locales que les équipes centrales essaient de superviser et d’administrer. Au fil du temps, pour se protéger d’une supposée ou réelle mainmise des équipes centrales, chaque équipe locale a transformé ces solutions en îlots adoptant des réflexes de repli sur soi et d’autarcie et sollicitant des prestataires locaux.
Cette non-gouvernance globale nuit, de facto, à la standardisation et aux effets d’échelle. Elle rigidifie aussi l’entreprise en lui enlevant de l’agilité nécessaire à l’adaptation aux marchés.
2. Faire plus avec moins, vers une informatique efficiente
Le temps où le département informatique pouvait répondre à un besoin particulier, en concoctant une application « aux petits oignons » est révolu. Dans la plupart des entreprises, l’Informatique est devenu un fournisseur de services interne « processé » s’appuyant souvent sur la méthodologie ITIL. Mais ce modèle au regard des exigences des clients internes de l’IT n’est une réussite que s’il apporte plus de flexibilité, avec des processus légers. A cette rationalisation s’ajoute l’obligation de générer des économies. Après des décennies de croissance du budget informatique, nous assistons à une tendance inverse. Selon une étude du Gartner, si les dépenses informatiques ont augmentés de 3,6% pour la région EMEA, elles ont au contraire diminué pour l’Europe de l’Ouest de 5,9% en 2012.
Cela oblige à une transparence totale sur les coûts des projets informatiques et la mise en évidence du retour sur investissement de chaque projet au regard de l’activité de l’entreprise. Il faut à la fois optimiser les coûts et diminuer les investissements nécessaires, favoriser les dépenses de fonctionnement (OPEX) plutôt que les dépenses d’immobilisations (CAPEX). Enfin, il faut prendre en compte les contraintes de ressources humaines : la pénurie de compétences et le changement de génération chez les informaticiens se conjuguent pour créer des tensions sur le marché du travail IT, ce qui conduit les entreprises à avoir des équipes informatiques plus restreintes pour le même nombre de tâches.
« Faire plus avec moins! » tel est le leitmotiv d’aujourd’hui, qui explique que l’on va chercher à automatiser les tâches et à les externaliser.
3. Choisir la bonne architecture
Choisir la bonne architecture consiste à bien définir la mission, les contextes opérationnels et stratégiques puis les bons modes de fonctionnement en trouvant la meilleurecombinaison entre :
-tout internaliser ou tout externaliser en faisant appel à des prestataires de services,
-Laisser-faire les métiers ou tout contrôler.
Définir la bonne architecture est une responsabilité cruciale du DSI aujourd’hui : c’est un cadre essentiel – surtout à une échelle globale – pour optimiser, orchestrer et contrôler son système d’informations, tout en laissant une liberté de choix aux utilisateurs au travers d’un catalogue de services.
Se pose la question de la place du « cloud ».Pour les entreprises surtout avec des implantations internationales, il ne s’agit pas de savoir si le cloud est utilisé ou non : il l’est ! La question est de savoir si le département informatique en a conscience et l’intègre dans sa gouvernance. Les services en mode cloud répondent à toute une série de problématiques comme la standardisation et l’homogénéisation, l’agilité et la suppression des silos. Le mode cloud favorise les dépenses opérationnelles plutôt que les dépenses d’investissements. Mais le contrôle de la DSI est essentiel pour éviter que les utilisateurs court-circuitent la DSI et créent sans le vouloir une informatique fantôme, clandestine, incontrôlable.
Facilitateur, le département informatique gardera l’initiative et le contrôle pour gérer ces services en mode cloud et trouvera la meilleure combinaison en se posant les bonnes questions :
– Quelles sont les applications qui peuvent être déplacées vers le cloud ? Quelles sont celles qui doivent rester dans l’entreprise ? Quelles est la criticité des applications? Quelles sont celles qui ne sont pas compatibles avec le cloud ?
– Quelles sont les exigences légales et réglementaires qui doivent être respectées ? Que disent les lois européennes et/ou françaises selon la nature des données (données de santé par exemple) ?
– Quelle est la nature de l’architecture hybride (répartition entre public, privé, plateformes traditionnelles) ? Ce choix d’architecture dépend fortement de l’analyse du département informatique.
Le paysage idéal
En prenant en compte les défis mentionnés plus haut apparait un paysage idéal, où la solution pour l’entreprise est un assemblage de différents modèles opérationnels et fonctionnels, tous administrés, supervisés et orchestrés à partir d’un portail central. En vertu d’une telle approche, différents modèles sont envisageables pour définir l’architecture hybride la plus adaptée.
Colocation et Plateforme d’hébergement dédiée
Lorsque les applications ne peuvent pas être virtualisées et consolidées, elles devront soit être réinstallées sur une nouvelle plateforme physique dédiée, soit être déplacées dans une zone d’un des centres informatiques internes ou dans un data center tiers. Cette infrastructure sera gérée soit par l’équipe informatique, soit par un prestataire externe. Elle devra toujours répondre aux exigences de conformité, au mode de gouvernance de l’entreprise et être reliée aux infrastructures de l’entreprise, le plus souvent en 24/7.
Cloud Privé sur-mesure
Les offres de cloud du marché ne répondent pas toujours aux exigences des entreprises. Dans ce cas, il est préférable de créer un cloud privé sur-mesure, qui pourra être installé soit dans les centres informatiques de l’entreprise, soit dans un data center tiers.
Cloud Public
Lorsque l’entreprise a de multiples développements à faire, alors le DSI doit intégrer dans son portail de services un accès contrôlé à un cloud public comme Amazon ou Cloudn de NTT Communications. Ces clouds offrent des services à un prix imbattable. Des passerelles de livraison automatique existent entre les environnements de développement et Enterprise Cloud.
La colonne vertébrale de ce modèle d’infrastructure informatique et télécoms global est de fournir un unique portail d’administration permettant une gestion et une orchestration centralisées, englobant tous les aspects, que ce soit les ressources propriétaires sur site client comme les ressources dans le cloud de l’opérateur. Ainsi, le DSI pourra jouer pleinement son rôle de courtier en ressources IT.
En supervisant les réservations de ressources – y compris le réseau de télécommunications-, en vérifiant leurs disponibilités et leurs performances, la DSI peut décider de faire les ajustements nécessaires en suivant au plus près les évolutions de l’entreprise sur tous les marchés, où elle est présente. Il augmente ou diminue les ressources mobilisées, voire les arrêter dans un pays que l’entreprise souhaite quitter par exemple. Cela concerne tous les domaines du paysage IT – réseau compris -et ne nécessite pas d’investissement.
Grâce au tableau de bord centralisé, un état des lieux en temps réel peut être fourni et la mesure de la contribution de l’informatique au succès de l’entreprise est facilement mesurable.
Conclusion
Cette vision globale génère des résultats concrets, loin du buzz médiatique !
Cloud Computing, Big Data, Mobile Computing sont des tendances innovantes mises en valeur médiatiquement, mais qui peuvent n’être que des « modes » loin de la réalité du terrain. Le véritable enjeu est de fournir une informatique qui soutient la croissance des sociétés notamment à l’international et qui en augmente a productivité au travers d’une méthode qui a fait ses preuves :
-Standardiser au maximum les plateformes hétérogènes en les intégrant dans une solution globale rationnalisée,
-Alléger l’équipe IT des tâches d’exploitation pour qu’elle puisse se concentrer sur l’innovation, la création au service du cœur de métier de l’entreprise,
-Mesurer la contribution de l’informatique par la transparence, la recherche de l’efficacité et l’adaptation permanente des ressources « au plus juste » à l’activité économique de l’entreprise pays par pays, marché par marché,
-Améliorer la qualité des services informatiques de telle sorte que la satisfaction de l’utilisateur augmente et que sa contribution à la valeur de l’entreprise augmente,
-Rendre plus agile l’entreprise par une combinaison optimale des services internalisés avec les services externalisés.
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Frédéric Lahille est directeur commercial de NTT Communications, France