Afin que les services informatiques des entreprises accompagnent les transformations numériques, les DSI vont devoir revoir leur organisation.

Les changements qui affectent les services informatiques dans les entreprises arrivent de tous les fronts : notamment au travers de la mise en place de nouveaux modèles de livraisons de services, de logiciels différents, sans parler du cloud. Dès lors, on peut facilement comprendre à quel point il peut être compliqué pour les DSI de gérer ces transformations.

Repenser la façon de travailler

Le concept de « recadrage » pourrait servir de point de départ pour aborder ces différents changements. Véritable classique du management en entreprise dont la cinquième édition vient de paraître, l’ouvrage Reframing Organizations: Artistry, Choice and Leadership[1] de Lee G. Bolman et Terrence E. Deal, propose des idées intéressantes pour les DSI.

Tout d’abord, Bolman et Deal suggèrent de prendre un peu de recul et de remettre en perspective tout ce que nous pensons savoir et se demander si l’utilisation d’un modèle différent pourrait permettre de faire face aux défis actuels au sein des services informatiques des entreprises.

Actuellement, les DSI sont confrontés à des défis spécifiques qui concernent les logiciels d’entreprise et qui ne peuvent être relevés par des méthodes traditionnelles. C’est précisément dans un contexte similaire que la technique de « recadrage » pourrait s’avérer bénéfique.

Le cloud, nouvelle infrastructure

Prenons l’exemple du cloud. Si les technologies du cloud ne sont plus à proprement parler « nouvelles », le cloud Computing est tellement prisé que les entreprises y transfèrent de plus en plus de fonctions critiques.

Compte tenu du faible nombre de menaces répertoriées dans les domaines de la sécurité ou la finance, le cloud semble être de loin le meilleur choix lorsque l’on considère les nombreux risques que représente l’investissement  dans des équipements informatiques. De toute évidence, le succès que connaissent les grands fournisseurs de cloud publics tels que Microsoft Azure ou Amazon AWS ne repose pas uniquement sur les petites entreprises, les particuliers ou les bêta-testeurs : les grandes entreprises sont elles aussi friandes de cette technologie.

Un nombre croissant d’entreprises proposent des options d’hébergement sur le cloud comme Hewlett-Packard et son service HP Helion. Notons aussi l’arrivée de Docker, le projet open-source qui automatise le déploiement d’applications à l’intérieur de conteneurs logiciels avec à la clé une virtualisation optimisée. Lancé en 2013, Docker a rapidement séduit de nombreuses entreprises. Ainsi, comment envisager les changements impliqués par le cloud sans adopter de nouvelles méthodes de travail ?

Utiliser DevOps pour optimiser l’entrepreneuriat

À l’image du cloud, le concept de « développement opérationnel » (DevOps) n’a rien de véritablement nouveau. Ce qui l’est en revanche, c’est le rôle central qu’il occupe dans un nombre croissant de services informatiques. Par exemple, les entreprises qui annoncent fréquemment de nouveaux produits apprécient beaucoup DevOps, car elle leur permet de court-circuiter des processus de développement traditionnellement lourds et qui désavantagent leur compétitivité.

En intégrant les processus impliqués dans le développement et le déploiement (voire le processus de définition initial), le modèle DevOps ne se contente pas de donner un coup d’accélérateur : il permet également de mieux adapter les résultats aux objectifs tout en éliminant de nombreux problèmes de qualité.

Pour les DSI, le DevOps représente une approche entrepreneuriale du développement qui leur permet d’intervenir de façon limitée et de laisser simplement le développement opérationnel suivre son cours. En général, cette méthode fonctionne bien, mais elle peut perturber ceux qui aiment être rassurés par des graphiques en cascade, des étapes, des réunions et des approches plus structurées.

Le DevOps a également été étroitement lié au phénomène d’abandon progressif des logiciels standard complets (COTS — Commercial Off-The-Shelf) qui, après avoir permis de réaliser d’importantes économies lorsqu’ils dominaient l’industrie, assurent aujourd’hui une différenciation compétitive insuffisante. Et quand tout le monde est confronté aux mêmes contraintes inhérentes aux logiciels « taille unique », il peut s’avérer judicieux d’adapter une solution personnalisée pour répondre aux besoins et aux opportunités spécifiques à votre entreprise. C’est ici que le concept DevOps peut faire la différence. Mais cette nouvelle démarche nécessite de mettre de côté des approches qui ont fait leurs preuves et requiert une implication différente des parties prenantes.

Reconsidérer le Big Data en Big avantage

Dans l’expression « technologies de l’information », la composante « information », ou du moins les données qui constituent les informations, est également en pleine révolution. Le volume de données collectées, enregistrées et analysées est plus important que jamais et souvent, ces données disposent d’un fort potentiel d’influence économique. La DSI est à présent sur la sellette, non seulement car elle doit être capable de saisir chaque opportunité impliquant des données, mais également d’enregistrer rapidement des résultats de façon judicieuse.

Le traitement analytique des données était jusqu’alors une activité relativement limitée pour la plupart des opérations informatiques généralement centrées sur un éventail de paramètres très précis. En outre, une bonne partie des analyses tactiques étaient réalisées de façon semi-officielle par les entités ou départements au moyen d’outils comme Excel. Désormais, la préparation, l’intégration et l’analyse des données reposent de plus en plus sur les épaules de la DSI, ce qui reflète à la fois l’ampleur et la sophistication croissantes des outils analytiques et leur capacité à apporter un avantage stratégique.

Le framework Apache Hadoop pour le Big Data est une des manifestations les plus évidentes de cette tendance, mais ce n’est pas la seule. Il existe de nombreuses technologies nouvelles et émergentes — souvent accessibles en open-source — sans oublier les grands éditeurs de logiciels d’entreprise qui visent à automatiser et perfectionner l’extraction de la valeur présente dans les données.

Repenser et libérer l’innovation

Ces changements constituent quelques-unes seulement des mutations majeures qui touchent les services informatiques et cela s’annonce compliqué. Les DSI doivent rapidement trouver de nouvelles solutions pour continuer à remplir leurs responsabilités actuelles. Dans le même temps, elles doivent imaginer de meilleurs moyens d’y parvenir, voire d’aller encore plus loin avec de nouvelles façons d’aborder et de comprendre les défis qu’elles doivent relever ; et dans cette perspective, un nouveau cadre pourrait leur permettre de repartir sur un autre pied.
[1] Paru en français sous le titre Repenser les organisations – Pour que diriger soit un art

 

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Nicolas du Manoir est Vice-président ligne de produits « Solutions de Connectivité DataDirect » chez Progress