Au menu de cette deuxième matinée DevOps Connexion organisé par CA Technologies, deux exemples de mise en œuvre qui démontre la faisabilité et l’utilité d’une telle démarche chez Swisslife et Orange.

Swisslife s’est lancé en 2012 dans un programme de transformation pour « Digital Ready » en 2015. « On n’a pu constater qu’un augmentation du rytme de production du logiciel à laquelle il a bien fallu faire face, raconte Denis Bourdon, CTO de SwissLife. La DSI de l’assureur a fait reposer sa démarcge DevOps sur 3 piliers : le développement agile, le déploiement automatique des applications et l’automatisation des tests. Mais il a fallu mettre en place une ingrastructure agile et engager un très gros travail de normalisation : des composants des applications, des workflows de déploiement sachant qu’il est préférable d’avoir un nombre restraint de worflows et que chacun d’eux peut être utilisé par plusieurs applications. Concernant l’infrastructure par exemple, le fait d’avoir plusieurs Sprints en parallèle implique d’avoir des jeux de données différents et des serveurs cibles prévus.

Trois ans après son lancement, quelles leçons et quels bénéfices de ce projet ? D’abord sous forme de conseil, Denis Bourdon rappelle l’importance de se faire accompagner par l’éditeur pour garantir le transfert de compétences (Swisslife a chois la solution CA Release Automation), l’importance de ne pas négliger l’accompagnement des équipes de développement et la nécessité d’avoir un sponsorship fort.

Côté bénéfices, les résultats sont clairs : une diminution des cycles de déploiement très significatifs et une amélioration de la qualité du code produit. D’ailleurs, si cette nouvelle approche facilite l’installation des applications, il aide aussi à leur désinstallation (on sait que le décommissionnement est un problème des data centers). Concernant les infrastructures agile, Swisslife n’a pas souhaité utilisé une solution de conteneurisation de type Docker qui permet pourtant d’allouant d’allouer des environnements applications en quelques minutes car « je voulais aller vite, explique Denis Bourdon, et la mise en place de Docker aurait été une trop grande révolution ».

A ce jour, 41 applications sur les 150 sont passées en mode de déploiement automatique sachant que les progiciels qui font l’objet de mise à jour au gré des nouvelles versions des éditeurs ne sont pas concernés tout comme les applications mainframes. Le projet DevOps représente un investissement de 300j/h incluant un forfait d’accompagner de 50 K€.

Une réduction de 35 % du budget

Chez Orange, la démarche Agile a été appliquée au projet Malima (Manage links & machine). Ce projet dans le domaine du M2M et de l’IoT a pour objectif de gérer des centaines de paramètres par version produit pour toutes les plateformes développement, qualification, intégration, pré-production et production. La gestion de ces paramètres impliquant une optimisation des coûts et de la qualité de service. Pour accélérer le déploiement des applications, l’équipe a eu recours aux méthodes agiles, à l’intégration des applications et à l’automatisation des déploiements. A partir de 2013 sont mise en place les méthodes agiles, notamment Scrum et Kanban.

Le projet progressait gentiment quand, en 2014, l’équipe est informée d’une coupe budgétaire de 35 %. Un véritable coup de tonnerre devant lequel deux solutions sont possibles : arrêt total ou révision de fond en comble dans la façon de produire les services pour automatiser autant qu’il est possible. De dix équipes, l’organisation est passée à seulement cinq, les 7 ensembles fonctionnant en silos sont devenus un seule et même silo et le travail a été uniformisé sur une seule méthodologie et un seul « product owner » qui a donc toute latitude pour prendre les décisions. Désormais les équipes sont pluridisciplinaires et travaillent ensemble, une soixantaine de personnes sur un seul plateau. « Nous sommes passé à un rythme de 12 mises en production par an avec 0 minute d’interruption de service », confirme Philippe Ensarguet, CTO Orange Applications for Business (voir encadré ci-dessous). L’objectif n’est pas tant la réduction du time-to-market qui était l’objectif mais plutôt celle du time-to-feedback permettant aux utilisateurs de faire les changements nécessaires.

Parmi les problèmes évoqués, Philippe Ensarguet insiste sur la difficulté à faire collaborer les équipes qui ont été surmonté par l’utilisation intensive d’un coach agile.

Les bénéfices de ce projet s’imposent tant au niveau de l’équipe que l’entreprise, conclut le CTO. Pour la première, on a constaté une amélioration de l’efficacité, de la réactivité, de la qualité du code et de la reconnaissance. Pour la seconde, une augmentation de la productivité et de la valeur produite. Bref un bilan globalement positif comme on disait en d’autres temps.

 


L’IT à Swisslife

Swisslife est le plus grand groupe d’assurance-vie de Suisse. Son siège social est à Zurich. Le groupe figure parmi les premiers assureurs de la branche vie en Allemagne, en France et au Luxembourg.
Swisslife emploie 7 500 salariés (2014) pour un chiffre d’affaires de 19 milliards de CHF (chiffres 2014) et est coté au SMI à la bourse de Zurich.
L’IT à Swisslife regroupe 300 personnes répartis en deux sites, 1300 serveurs et 1 mainframe, 150 applications d’entreprise et 3000 postes de travail.

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Ces deux expériences témoignent de la longue quête recherchée depuis des décennies de transformer la production de code, le développement logiciel, du stade de l’artisanat à l’ère industrielle. En témoigne les nombreux ateliers logiciels proposés au fil des ans ou encore des initiatives bien anciennes comme celle d’IBM avec AD Cycle qui avait pour objectif d’améliorer à la fois la qualité et la productivité du développement. Avec les démarches Agile, DevOps et autres, on avance donc dans cette direction.

D’autant que, pour Patrick Hereng, ancien DSI de Total et fondateur du cabinet de conseil LiberateIT, qui accompagnait cette matinée, « dans trois ou quatre ans tout le monde se sera mis au DevOps ». Et les besoins sont encore réels. Car selon l’enquête réalisée à l’occasion de ces matinées DevOps Connection, plus de la moitié des décideurs interrogés qu’ils soient dans les PME ou les grands comptes, considère que les délais de livraison des applications par la DSI sont trop longs, ce qui est évidemment pénalisant pour l’activité de l’entreprise

 


Les clés du succès selon Philippe Ensarguet

  • Mise en place de l’agilité jusqu’au bout ;
  • Transformation portée par un coach neutre
  • Réorganisation du travail
  • Equipe pluridisciplinaire co-localisée
  • Polyvalence des équipes qui opèrent sur le périmètre complet
  • Démarche d’industrialisation de la filière de développement