Le cloud public offre de nombreux avantages mais il contribue à accélérer la fragmentation massive des données. La facilité de mise en œuvre et la possibilité de réaliser aisément des copies ont accentué drastiquement le phénomène.

Tel est le constat d’une étude réalisée par le cabinet Vanson Bourne pour Cohesity auprès de DSI en France, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Australie et au Japon qui indique que la fragmentation massive des données « génère un décalage entre les attentes et la réalité du cloud public ».

La fragmentation des données est au système d’information ce que l’entropie est aux systèmes en général. Elle caractérise le degré de désorganisation, ou d’imprédictibilité du contenu en information d’un système. Comme l’entropie, la fragmentation augmente inexorablement et le cloud semble accélérer cette tendance.

L’expression « fragmentation massive des données » fait référence à la prolifération croissante de données réparties sur une multitude de sites, de silos d’infrastructure et de systèmes de gestion notamment dans les environnements de cloud public, qui empêche les entreprises d’exploiter pleinement leur valeur.

D’abord le constat. Près de neuf responsables informatiques sur dix (88%) déclarent que la direction a demandé à leur équipe IT de migrer vers le cloud public malgré les doutes sur la conformité, les coûts et les prérequis en termes d’infrastructure que cela implique. Près d’un quart des entreprises a au moins quatre copies des mêmes données dans des environnements de cloud public. La grande majorité (98%) pense que le stockage de données dans le cloud public par leur entreprise devrait augmenter entre 2018 et fin 2019, avec une hausse estimée en moyenne à 93%.

Parmi les responsables informatiques considérant que la promesse du cloud public n’est pas tenue, 94% estiment que c’est à cause de la fragmentation des données. Près de neuf personnes sur dix (88%) déclarent que la direction a demandé à leur équipe IT de migrer vers le cloud public malgré les doutes sur la conformité, les coûts et les prérequis en termes d’infrastructure que cela implique.

En France, 9 DSI sur 10 France affirment avoir cru au début de leur aventure avec le cloud que ce dernier simplifierait les opérations, augmenterait la flexibilité, réduirait les coûts et leur permettrait de mieux exploiter leurs données. Ce sont d’ailleurs les avantages que les opérateurs du cloud diffusent depuis le début de cette nouvelle vague. Et s’ils considèrent que ces promesses n’ont pas été réalisée, c’est en partie en raison de la fragmentation excessive des données qu’il génère et du risque de perte de contrôle sur leur gestion.

« Si le cloud public a offert de nombreux avantages, il a aussi considérablement contribué à la fragmentation massive des données. La facilité de mise en œuvre et la possibilité de réaliser aisément des copies ont accentué drastiquement le phénomène », a déclaré Raj Rajamani, VP Products, Cohesity.  

Plusieurs facteurs contribuent à cette fragmentation. Pour commencer, de nombreuses entreprises ont déployé plusieurs solutions distinctes pour gérer différents silos de données ce qui complexifie leur gestion. En France, la moitié des entreprises utilisent aujourd’hui 3 ou 4 solutions distinctes pour gérer leurs données (spécifiquement pour les sauvegardes, l’archivage, les fichiers, les copies de test/développement) sur les clouds publics. les DSI interrogés ont fait part de leurs préoccupations pour déplacer des données entre des environnements sur site et des environnements de cloud public, redoutant des difficultés d’intégration. 57% sont préoccupées par la sécurité, 44% par les coûts et 41% par la conformité.

De plus, les copies de données peuvent accroître les problèmes de fragmentation. Un tiers des personnes interrogées (23%) a au moins quatre copies des mêmes données dans des environnements de cloud public, ce qui peut non seulement augmenter les coûts de stockage, mais également susciter des problèmes de conformité des données.

Déconnexion entre la direction et le département IT

Les DSI rencontrent aussi des difficultés pour répondre aux exigences des directions de leur entreprise. Si la pression pour migrer tout ou partie de leur IT est très forte, la moitié des DSI considère qu’il n’est pas simple d’élaborer une stratégie de mise en œuvre du le cloud public qui en retire tous les avantages escomptés.

« Pour près de 80% des personnes interrogées, leur direction estime que la protection des données stockées dans des environnements de cloud public relève de la responsabilité du fournisseur de services de cloud public, ce qui est fondamentalement faux », précise Raj Rajamani. « Cela montre que les dirigeants confondent la disponibilité des données avec leur récupération. Il incombe à l’entreprise de protéger ses données. »

C’est une question plus générale qui est plus contractuelle que technique. C’est l’approche du Shared Responsability Model pour la sécurité du cloud défini par le cabinet Ovum qui peut se décliner sur les différents aspects de l’infrastructure et qui évidemment très différent dans des environnements IaaS, PaaS, SaaS, services managés…

Pour rester sur une note positive, neuf DSI sur dix en France estiment que les promesses du cloud public pourraient être mieux tenues si des solutions étaient mises en place pour les aider à résoudre les problèmes de fragmentation des données dans leur environnement multi-cloud. Les professionnels interrogés considèrent que l’élimination de la fragmentation des données dans les environnements de cloud public présente de nombreux avantages, notamment : des informations plus utiles grâce à l’analyse et l’intelligence artificielle (42%), une meilleure expérience client (39%), le maintien ou l’amélioration de la réputation de la marque et de la confiance en réduisant les risques de non-conformité (46%).