Moins d’une entreprise sur cinq ont adopté une culture d’innovation à l’échelle de l’organisation et ce malgré des investissements massifs et un nombre croissant de centres dans le monde.

C’est ce qu’indique l’étude intitulée « The discipline of innovation: Making sure your innovation center actually makes your organization more innovative » que vient de publier le Digital Transformation Institute de Capgemini.

L’étude révèle une culture d’innovation insuffisante, l’absence de processus internes robustes et un manque de leaders qui encouragent l’innovation en interne dans les entreprises. Les processus d’innovation actuels sont inefficaces et n’offrent pas de résultats concrets aux entreprises. Depuis octobre 2016, le nombre de centres d’innovation a augmenté de 27 %, mais les organisations ne deviennent pas pour autant plus novatrices.

Si 87 % des sociétés interrogées disposent d’un centre d’innovation, aucune n’est arrivée à une maturité optimale. La moitié des dirigeants jugent leur entreprise incapable de s’adapter à l’évolution du marché, et moins d’un cinquième (17 %) d’entre eux estiment qu’une culture d’innovation règne dans leur organisation. La plupart des sociétés (76 %) sont encore dans la phase initiale de leur programme d’innovation : les projets sont menés dans les différents services de façon indépendante, sans gestion centralisée.


Les 5 dimensions de l’innovation

  • Écosystème : les organisations collaborent avec les fournisseurs et d’autres partenaires pour favoriser l’innovation
  • Environnement : l’innovation est effectuée dans l’ensemble de l’organisation ou limitée à certaines unités
  • Gouvernance : le leadership soutient l’innovation et assure son alignement avec la stratégie de croissance de l’organisation
  • Culture : les salariés sont encouragés à explorer et à déployer des idées novatrices
  • Processus : les processus sont établis pour assurer la commercialisation réussie des idées novatrices

L’observation des grandes entreprises du secteur confirme ce point car si l’innovation provient de recherches effectuées en interne, elle est également le résultat d’acquisitions massives. Depuis l’année 2000, IBM a procédé à près de 200 acquisitions dont la plus importante est Cognos en 2008 pour un montant de 5 milliards de dollars ; Cisco en a racheté 140, Google qui a été créée en 1998 a commencé à procédé à des acquisitions en 2001 et a racheté depuis cette date plus de 200 sociétés. La plus importante et certainement pas la plus judicieuse étant celle de Motorola Mobile pour 12,5 milliards de dollars.

Une maturité freinée par la culture de l’entreprise et un manque de collaboration

Selon le rapport, les principaux obstacles à la création d’une entreprise innovante sont une culture inadaptée et un manque d’engagement auprès de la communauté élargie des fournisseurs et partenaires. Déjà identifiée comme un frein majeur à la transformation digitale, la culture de l’entreprise s’avère donc également un obstacle à l’innovation. Cette nouvelle étude montre que de nombreuses organisations ne possèdent pas une culture d’expérimentation, de partage et de concrétisation des idées. En outre, l’innovation est inhibée par l’incapacité des sociétés à travailler avec leur écosystème élargi.

Quatre personnes interrogées sur dix jugent que leurs process et technologies ne favorisent pas les interactions avec leurs partenaires. Un autre facteur qui empêche la collaboration externe réside dans la réticence à partager des données avec des tiers par crainte de perdre l’avantage concurrentiel de l’entreprise.

Pourtant, c’est en s’ouvrant à la collaboration et en adoptant une culture adéquate que les entreprises deviennent matures en matière d’innovation. L’étude révèle que les organisations novatrices sont 13 % plus nombreuses à établir des partenariats en interne et en externe avec des start-ups, des universités et d’autres partenaires industriels. En outre, les sociétés matures sur le plan de l’innovation sont 25 % plus susceptibles de disposer de processus flexibles.

Emergence des centres d’innovation en Inde et à Singapour

Toujours selon l’étude, la répartition actuelle des centres d’innovation : si les Etats-Unis restent le leader du marché avec la Silicon Valley qui dépasse toutes les autres en nombre de création de startups, de sociétés existantes, de montant d’investissement, l’Inde et Singapour gagnent rapidement du terrain. Toutefois, la Silicon Valley n’a plus le monopole des créations de centres d’innovation. Au niveau mondial, elle n’héberge plus que 13 % d’entre eux, contre 18 % en 2015. Par ailleurs, les secteurs technologique et automobile sont ceux qui ont créé le plus de centres d’innovation au cours des 12 derniers mois.

Les Etats-Unis arrivent en tête du classement avec 47 centres d’innovation ouverts cette année, mais bon nombre d’entre eux sont dispersés géographiquement ; Bien que la Silicon Valley reste la destination numéro un aux Etats-Unis, sa part de centres d’innovation américains a baissé de 20 % au cours des deux dernières années ; Les villes d’Atlanta, de Boston et de New York ont accueilli à elles trois 11 centres supplémentaires en 2017.

Les pays d’Asie revendiquent 29 % des ouvertures de centres d’innovation en 2017, contre 25 % en Europe ; Singapour a attiré le plus de centres d’innovation cette année, reléguant Londres à la troisième place du classement ; Bangalore séduit également de plus en plus de centres d’innovation : cette ville devient la quatrième destination la plus prisée (gagnant ainsi une place par rapport à 2016), et l’Inde occupe le quatrième rang en termes de centres d’innovation créés en 2017.

 

 


Maximiser l’innovation : les conseils du Digital Transformation Institute

Pour devenir une entreprise innovante, il est nécessaire d’adopter une approche rigoureuse sur un certain nombre de fronts. L’étude décrit les étapes à suivre :

– Accéder à un écosystème élargi, où les idées sont développées en concertation avec les partenaires externes et internes ;
– Promouvoir et encourager l’innovation dans les différents services et départements fonctionnels, sans se limiter aux services innovation ;
– Bâtir une culture digitale dans laquelle les dirigeants servent de modèles et soutiennent les équipes ;
– Créer une culture qui encourage l’expression d’idées à tous les niveaux de l’entreprise ;
– Mettre en place des processus de gestion des idées jusqu’à leur commercialisation.

Afin d’améliorer la maturité d’innovation moyenne, des efforts concertés doivent être déployés pour renforcer les maillons faibles que sont l’écosystème et la culture de l’entreprise. Enfin, la vigueur, l’engagement et la détermination des dirigeants sont essentiels à la réussite des projets d’innovation dans les organisations.