En assez grande majorité, les européens, et particulièrement les Français, se déclarent optimismes sur l’avenir de l’écosystème technologique. Les entrepreneurs technologistes joueront un rôle critique.

C’est l’élément central de l’édition 2017 du rapport The State of European Tech que vient de publier la société de capital-risque Atomico. Dans ce climat d’enthousiasme, les Français viennent en première position, 70 % d’entre eux sont plus optimistes sur l’avenir de la tech européenne qu’ils ne l’étaient l’année dernière. Cet optimisme est assez largement partagé par les investisseurs, les créateurs d’entreprise, les salariés de startups ou des entreprises, les étudiants, les fonctionnaires, les étudiants. Selon le rapport, l’élection d’Emmanuel Macron constitue un des éléments de cet levée d’optimisme, notamment chez les entrepreneurs.

L’événement de l’année le plus important sur la tech européenne pour les personnes interrogées dans le cadre de ce rapport est le déclenchement de l’article 50 en mars 2017 pour initier le Brexit. Parmi les chiffres qui font de 2017 une année record et une tendance positive, 19 milliards de dollars ont été investis en croissance de 35 % par rapport aux 14 milliards de l’année précédente. Peu à peu, le Vieux Continent réduit l’écart avec les Etats-Unis. 2017 est également une année record pour les financements de plus de 50 millions de dollars avec plus de 50 signatures à ce jour contre le précédent record de 43 en 2015.

Selon les investisseurs et les créateurs de startups, l’intelligence artificielle, la blockchain et la cybersécurité constituent les trois domaines dans lesquelles l’Europe à une carte à jouer. Parmi les diverses technologies, la France est citée en première position dans les drones et en seconde position en intelligence artificielle.

Le nombre des Licornes a augmenté significativement, sept entreprises européennes fondées depuis 2003 ont rejoint le club des firmes valorisées à plus de 1 milliard de dollars cette année, ce qui porte le total du continent à 41.

Parmi les nouveaux arrivants, on peut mentionner Purple Bricks, une société cotée en bourse au Royaume-Uni, qui est un marché en ligne pour les agents immobiliers ; Le studio de jeux mobiles finlandais Rovio, qui a été rendu public plus tôt cette année ; En Slovénie, Outfit7, qui développe des applications mobiles et des jeux pour les plates-formes iOS et Android, et a été rachetée cette année par une entreprise chimique chinoise pour 1 milliard de dollars.

L’étude montre aussi que les investisseurs internationaux s’intéressent fortement à l’Europe, notant que plus de 200 fonds américains ont conclu au moins une transaction en Europe cette année – plus du double qu’en 2012. Parmi ces sociétés, Sequoia Capital a récemment investi 50 M$ dans Graphcore, une société de semi-conducteurs basée à Bristol, en Angleterre, qui développe des processeurs pour l’IA et l’apprentissage automatique. Accel Partners à Silicon Valley a également fait un pari similaire, sur MessageBird, un concurrent de Twilio à Amsterdam. Parmi les autres exemples, on peut citer l’investissement récent d’Obvious Ventures dans Lilium Aviation, une entreprise de jets basée en Allemagne.

Le rapport note également qu’une grande partie du capital provient des agences gouvernementales, qui sont des « sources importantes de fonds » en Europe, contrairement aux Etats-Unis, et il dit que 20% du des fonds proviennent des « entreprises » européennes dont l’objectif est de comprendre le paysage technologique et peser sur ses orientations.

Le rapport d’Atomico constate un très fort intérêt de la part de l’Asie pour ce continent, avec 1,8 milliard de dollars investis jusqu’ici cette année dans des entreprises européennes par des investisseurs asiatiques, dont 502 millions de dollars investis en mai dans Improbable Worlds, une plate-forme permettant de construire de mondes virtuels et simulés. JD.Com a également investi environ 400 millions de dollars dans le marché du luxe Farfetch en juin, dans le cadre d’un partenariat stratégique.

Pour ce que cela vaut, ce qui est peut-être le plus intéressant et différent pour nous sur l’Europe en ce moment est son marché IPO.

En 2017 plus d’entreprises se sont introduites en bourse en Europe que partout ailleurs dans le monde. La raison, explique le rapport, est que, contrairement aux États-Unis, où certaines entreprises attendent d’avoir atteint des niveaux de chiffres d’affaires élevés, les entreprises européennes se lancent dans une telle aventure alors qu’elles ne réalisent que chiffres d’affaires beaucoup plus modestes. D’ailleurs les sociétés technologiques européennes se négocient en moyenne 24% au-dessus de leurs prix d’introduction en bourse, contre seulement 6% pour les sociétés américaines.

La France est-elle trop optimiste par rapport à ses réalisations ?

L’Europe compte 5,5 millions de développeurs de logiciels, soit 500 000 de plus que l’année dernière. La France n’est qu’en troisième position avec un peu moins de 500 000 développeurs (467 000) assez loin derrière l’Allemagne (837 000) et le Royaume-Uni (814 000). Consolation à ce tableau en mi-teinte, Paris est le 2e centre européen en matière de développement derrière Londres. La main-d’œuvre technologique en Europe croît trois fois plus vite que la moyenne globale de l’UE et les développeurs professionnels ont augmenté de 17% depuis 2016, selon le rapport, qui s’appuie sur les données de LinkedIn, Stack Overflow et d’autres sources.

Côté formation, l’Europe héberge la moitié des 10 premières universités en informatique mondiale et elle forme deux fois plus de docteurs dans les disciplines STEM (Science, Technology, Engineering et Maths) que les Etats-Unis. Mais dans les 10 premières universités européennes en informatique, on ne compte aucune université française.

Pour ce qui concerne les investissements, la France ($2,1Mds) n’est que la troisième destination derrière le Royaume Uni ($5,4Mds) et l’Allemagne (2,4Mds).  Paris reste le troisième Hub derrière Londres et Berlin et devant Barcelone et Stockholm.

Et dans les 41 Licornes existant en Europe, trois seulement sont françaises : Criteo, Blablacar et Talend.