L’un des principaux dilemmes auxquels le monde fait actuellement face concerne la réduction de son empreinte carbone. En pleine crise sanitaire mondiale du Coronavirus, certaines voix s’élèvent pour applaudir les mesures de confinement, qui concernent plus d’un tiers de la population mondiale, et qui seraient bénéfiques pour l’environnement. Sur une échelle plus locale, la situation est à prendre avec prudence. Airparif (1) souligne que les mesures actuelles ont fait drastiquement chuter la pollution en Ile-de-France. Néanmoins et comme le souligne Karine Léger, Directrice Générale de Airparif, ces bons résultats sont à prendre avec des pincettes. En effet, si certains rejettent la faute de la pollution sur l’utilisation de la voiture, il ne faut pas oublier que la météo favorise la dispersion des particules fines, que le poids qu’ont les activités industrielles ainsi que le chauffage des foyers, dans la région la plus peuplée de France, influent aussi sur la qualité de l’air.
Plus généralement, le réchauffement climatique amène d’autres réflexions. D’un côté, l’Occident fait face à cette problématique pour tenter une diminution de son empreinte carbone, tandis que les pays en développement s’industrialisent de plus en plus. Face à cette urgence climatique, énormément d’entreprises ont entamé leur mue écologique. Certaines méthodes, parfois qualifiées de « greenwashing (2) », sont tout de même la preuve que l’urgence climatique est désormais devenue une réalité pour tous, mais que les solutions miracles n’existent pas, surtout lorsque les activités humaines fonctionnent normalement.
Le pragmatisme écologique possible grâce à l’IoT
L’ère numérique pourrait néanmoins apporter certaines réponses, notamment grâce à l’avènement des technologies comme l’IoT qui permettent de collecter de précieuses données en temps réel et en tout lieu. Grâce à ces données, des décisions peuvent alors être prises, dans le but de réduire au minimum l’utilisation des ressources et le gaspillage.
L’IoT permet d’adopter une approche constructive de la transition écologique. Elle éloigne de ses analyses l’idéologie qui prône un changement radical et impossible à réaliser. En effet, ce « big bang » écologique ne peut pas avoir lieu, car il obligerait des industries entières à revoir l’intégralité de leur fonctionnement du jour au lendemain. Le développement de la voiture hybride en est un exemple criant, puisqu’il s’agit d’une évolution progressive à la fois industrielle, politique et surtout de marché. En termes de durabilité du projet, la data fournit des informations quant à l’utilisation des véhicules, afin d’ajuster des éléments comme son amélioration technique, sa consommation voire son design. A termes, cela permet de minimiser l’impact environnemental.
A Paris, la RATP a lancé en novembre 2019 son premier accélérateur de startups dédié aux nouvelles mobilités et au « mieux vivre » en ville. Six startups ont été sélectionnées en février 2020 pour répondre à deux problématiques principales (et réparties à travers six catégories) : améliorer l’expérience client et optimiser la qualité de l’air sur le réseau. En plus de l’achat de 800 bus électriques par la région Ile-de-France, ce sont des projets qui prouvent que les nouvelles technologies sont au cœur de la question fondamentale du changement environnemental.
La nécessité de forger une alliance verte
Aucune entreprise n’a les moyens de fournir une solution unique qui répondrait à tous les besoins numériques. Un réseau IoT bien diversifié pourrait cependant aider à aller dans ce sens. C’est d’ailleurs le type de stratégie industrielle dans lequel l’Union Européenne excelle : une collaboration au plus haut niveau, combinée à des solutions personnalisées pour répondre à des problématiques spécifiques. Encore une fois, la crise actuelle appelle à repenser l’industrie telle qu’elle fonctionne aujourd’hui.
Le potentiel de la collaboration industrielle est infini. A l’heure où la crise du Coronavirus incite les états européens à la relocalisation, l’après-crise ouvre la voie à d’autres modèles pour l’industrie. De plus, si les fournisseurs d’énergie et les consommateurs interagissent intelligemment pour créer des réseaux de proximité, il est possible d’espérer voir une forte diminution des gaz à effet de serre. Ce que l’on nomme les réseaux électriques intelligents pourraient, par exemple, aider à récupérer une partie des 6% d’énergie qui s’évaporent inutilement chaque année que ce soit en Europe ou aux États-Unis. Certaines prévisions à l’horizon 2030 montrent que les énergies renouvelables aideraient à la production de 50% de l’énergie nécessaire pour l’Union Européenne. Pour ce faire, la démocratisation de compteurs intelligents, des technologies d’IoT, combinés au déploiement des bâtiments intelligents s’imposent comme une nécessité. Car oui, la consommation d’énergie provient aussi pour beaucoup, des activités personnelles dans les foyers qui sont nécessaires au confort. L’IoT doit donc pouvoir déceler quels sont les impératifs sur la question fondamentale de la rénovation énergétiques des habitations.
Il existe donc un véritable intérêt à déployer l’IoT dans nos sociétés. Des industries entières s’interrogeaient encore il y a quelques semaines sur la manière dont ces technologies pourraient les aider dans leurs recherches, voire dans la modernisation de leurs processus. Le coup de tonnerre généré par le Coronavirus doit servir d’élément déclencheur. Mais surtout, l’IoT offre la garantie d’une liberté grâce à ses capacités d’automatisation à la demande et la réduction d’une main d’œuvre humaine qui pourra être redéployée pour assurer au mieux cette transition. Pour les entreprises, les solutions mises à leur disposition se doivent d’être indépendantes et leur permettre d’effectuer les changements rapidement.
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Par Sanjay Brahmawar, CEO de Software AG
(1) Airparif est l’organisme français agréé par le ministère de l’Environnement pour la surveillance de la qualité de l’air en région Ile-de-France.
(2) Procédé de marketing ou de relations publiques par une entreprise qui a pour objectif de se donner une image de responsabilité écologique trompeuse.