« It is not about technology, it is about the impact of technology » affirmait Satya Nadella. D’où l’appellation Microsoft Experiences en remplacement des Techdays.
Pour la première fois, la grand-messe annuelle de Microsoft à Paris se tient désormais en octobre et a accueilli pour la première fois Satya Nadella devant une salle comble de quelque 4000 personnes.
Le CEO de Microsoft a largement effacé l’image de Steve Balmer et donné une véritable impulsion pour conduire une nouvelle stratégie de la firme de Redmond. Et ce n’est pas un hasard si le thème majeur de son intervention était centré sur le Cloud. En effet, après l’Irlande, le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas, Microsoft a décidé d’installer plusieurs data centers en France. Depuis 2005, Microsoft a investi 3 milliards de dollars pour la construction de data centers en Europe et 1 milliard dans les 12 derniers mois traduisant une accélération très nette dans les investissements pour assurer une présence face aux grands concurrents. Car la concurrence est rude et s’effectue à coup de milliard de dollars. De telle sorte que les quatre leaders du marché que sont AWS, Google, Microsoft et IBM ont déjà 50 % du marché et avancent plus rapidement que leurs concurrents.
Satya Nadella et Brad Smith, directeur pour les affaires juridiques, ont rappelé l’importance de pouvoir stocker les données là où le souhaitent les clients. Brad Smith a voulu rassurer les entreprises françaises en faisant référence à l’affaire dans laquelle le gouvernement américain avait exigé de Microsoft qu’il lui fournisse des données stockées en Irlande et n’avait pu avoir gain de cause devant le refus d’obtempérer de Microsoft. En un mot, stocker vos données offre toutes les garanties indiquent en filigrane les patrons de l’éditeur américain. Microsoft détient aujourd’hui une centaine de data centers répartis sur 30 sites dans le monde, et le projet d’expansion mondial prévoit l’ouverture de 6 nouveaux sites d’ici à 2017.
Satya Nadella a mis l’accent sur des avancées significatives comme par exemple en proposant des services cloud à partir du premier supercalculateur d’intelligence artificielle dopé aux GPU (Graphic Processing Unit) et FGPA (Circuits programmables). Si on est encore loin d’une intelligence artificielle générale, en revanche l’IA a fait de très gros progrès pour des applications spécifiques comme la reconnaissance de la parole ou des images. « Nous sommes tombés à un taux d’erreur de 6,3 % pour la parole et de 3,5 pour la reconnaissance d’images » a précisé Satya Nadella. Les techniques de la première catégorie ont permis de développer Skype Translator pour les utilisateurs et Speech Translation API disponible à tous les développeurs.
« Ce qui est important, ce ne sont pas nos technologies mais celles que sont capables de créer nos clients sur les nôtres », commentait Satya Nadella » rappelant l’accord de partenariat récemment signé avec Renault-Nissan (voir encadré ci-dessous) et introduisant ainsi les deux grands clients que sont Accor et la Fnac. Vivek, DGA du groupe Accor Hôtels et qui va prochainement revenir aux télécoms en prenant la tête de Vodaphone EMEA et APAC, rappelait l’histoire de la transformation digitale du premier hôtelier du monde. « Nous avons été attaqués sur toute la chaîne de valeur mais réagi en conséquence. Mais une dimension qui est souvent ignorée est la transformation numérique interne », expliquait-il.
Microsoft et Renault-Nissan en route pour la voiture connectée
Renault-Nissan et Microsoft ont signé un accord de partenariat mondial pluriannuel pour développer les technologies de conduite connectée dans le monde. Les deux groupes vont collaborer au développement des futurs services connectés pour les véhicules reposant sur Microsoft Azure. Ces nouveaux services visent à améliorer l’expérience du client grâce à la navigation avancée, la maintenance prédictive et les services centrés sur le véhicule, le contrôle à distance des fonctions du véhicule, mobilité externe et mises à jour en temps réel.
Renault-Nissan veut ainsi développer des technologies et des options de connectivité qui mèneront d’ici 2020 au lancement de plus de 10 véhicules équipés de fonctions de conduite autonome et de services permettant d’utiliser au mieux le temps libre passé à bord.
L’autre grand témoin était Alain Bompard Pdg de la Fnac-Darty dont la société est confrontée à ce phénomène depuis une quinzaine d’années sur trois fronts. D’abord, au niveau du modèle commercial avec l’apparition du e-commerce. Ensuite avec la disparition de produits transformés en contenus numériques. Enfin, avec la transformation de la relation client-vendeur,désormais adossée aux ressources numériques. « Aujourd’hui, la moitié de notre chiffre d’affaires combine des interactions physique et numérique », assure Alain Bompard, validant ainsi la stratégie omnicanal mise en œuvre par le distributeur de produits culturels.
Cloud souverain : les Français l’ont rêvé, les Américains sont en train de la faire
On a connu les épisodes calamiteux du cloud souverain français avec les protagonistes Cloudwatt et Numergy. La territorialisation des données étant devenu un sujet majeur, les leaders Américains du cloud qui ont pris le large sur leurs concurrents sont en train de tisser leur toile sur le continent européen. AWS, déjà largement présent en Europe, a annoncé la semaine dernière l’ouverture de plusieurs data centers en France (AWS s’installe en France) et au Royaume-Uni. De son côté, Google également présent en France et en Belgique est en cours de finalisation d’un nouveau data center au Pays-Bas qui devrait être livré d’ici à la fin de l’année. Apple travaille aussi à la construction de deux data centers au Danemark et en Irlande prévus pour une mise en service au début 2018. Enfin Microsoft confirme l’annonce faite à Dublin hier d’ouvrir plusieurs data centers sur l’Hexagone. L’éditeur proposera principalement ses services cloud Azure, sa suite de productivité Office 365, et son offre SaaS de CRM Dynamics 365. Google est le seul grand acteur du Cloud à ne pas avoir d’infrastructure en France.