Depuis le lundi 1er juillet 2013, France Télécom est devenu Orange. Ce changement de nom est le résultat d’un long processus engagé il y a de nombreuses années. Ce changement de nom vient achever un changement initié en 2006 pour répondre à la nouvelle donne du marché des télécommunications, avec notamment la convergence des réseaux fixe et mobile et au développement du Groupe à l’étranger. Aujourd’hui, l’ensemble des produits et services du Groupe, en France et dans plus de 30 pays, est commercialisé sous la marque Orange.
Ce changement de nom marque aussi une évolution bien plus ancienne marquant l’évolution des télécoms. La première date importante remonte à 1988 marquant la séparation des PTT en deux activités, d’un côté la Poste et de l’autre les Télécoms. Mais contrairement à EDF-GDF, les deux entités sont restées sur leurs activités respectives, même si La Poste a été largement touché par le numérique et l’Internet. En 1990, l’ex-DGT (Direction Générale des Télécommunications) qui avait été créée en 1941 comme une des directions du ministère des Télécoms, devient un exploitant de droit public pour être transformé en SA en 1996 avec ouverture de son capital un an plus tard. L’Etat baisse régulièrement sa participation pour tomber à 27 % en 2007 où il perd sa minorité de blocage. Il est encore question qu’il vende encore quelques pourcents pour récupérer des millions d’euros qui font sérieusement défaut dans ses caisses mais la période n’est pas vraiment propice dans la mesure où le cours de l’action est actuellement assez bas.
Ce changement met aussi un terme à confusion entre France Télécom, censée représenter les activités traditionnelles (même si la ligne fixe FT était devenue Orange en 2012), principalement sur l’Hexagone, et Orange pour le mobile, la TV, l’Internet et les services digitaux. L’appellation Orange enlève le caractère très franco-français du nom du groupe. Ironie de l’histoire, Orange est une entreprise anglaise créée en 1994 dans la téléphonie mobile et achetée par France Télécom en 2000.
Cette unification du nom se traduira-t-elle aussi dans celle des services ? Par exemple, la téléphonie d’un côté et l’Internet de l’autre qui sont soutenu par deux services clients distincts et qui ne se connaissent pas trop. L’un parlant de l’autre comme si c’était une autre entreprise.
« La majorité des femmes et des hommes du Groupe attendait que le nom de l’entreprise se confonde avec son identité, qui repose plus que jamais sur la culture de service public, de développement des territoires, et le pacte social qui cimente sa communauté humaine. Un groupe qui a su évoluer pour répondre au contexte concurrentiel et mondialisé d’aujourd’hui », indique Stéphane Richard, Président directeur-général d’Orange. « Les études soulignent qu’Orange est en mesure de porter le nouveau souffle et le sens collectif dont le Groupe a besoin pour consolider son apaisement : Orange est porteur de modernité, de dynamisme, d’innovation, de confiance, d’orientation vers l’avenir et vers le client. »
« Avec le changement effectif du nom, explique le communiqué, traduit les valeurs d’un groupe français fier de ses racines, de ses conquêtes et de son histoire, et désormais immergé dans la compétition mondiale ». C’est pour cela qu’il a rayé toute référence à ces origines hexagonales. Comprenne qui pourra !
Orange est aujourd’hui une entreprise de 170 000 salariés revendiquant 230 millions de clients. Quelle soit appelé France Télécom ou Orange, l’entreprise a été largement secouée à sa tête. Il y a d’abord eu l’affaire des vagues de suicides pendant la direction de Didier Lombard dont les déclarations maladroites avaient accéléré le retrait. L’arrivée de Stéphane Richard, ancien Chef de cabinet de Jean-Louis Borloo, ministre de l’économie, puis de Christine Lagarde qui lui succède en 2008. A la même période, Stéphane Richard siégeait au Conseil d’administration de France Télécom. Son parachutage à France Télécom a illustré cette porosité entre le privé et le public, l’une des caractéristiques dont l’économie française a bien du mal de se départir. Plus récemment, Stéphane Richard, devenu entre temps Pdg de l’entreprise, a été à nouveau secoué par les ondes de choc de l’affaire Tapie-Crédit Lyonnais. Malgré sa mise en examen pour escroquerie en bande organisée, Stéphane Richard a été confirmé à son poste par le Conseil d’administration.