Alors que l’Internet des objets avec son avatar le big data, l’industrie de l’électronique grand public atteindra un nouveau record avec 223 milliards de chiffre d’affaires en croissance de 3 % selon la Consumer Electronics Association (CEA).
Être connecté ou pas ? Et donc être intelligent ? Telle n’est plus la question si l’on en observe les produits exposés au CES qui se tient actuellement à Las Vegas. Lors de sa conférence plénière de lundi, BK Yoon en a donné lui aussi un exemple (CES 2015: The Internet of Just About Everything) avec ce fauteuil de bureau intelligent quand son utilisateur entre dans la pièce et se met à se réchauffer pour ne pas saisir le séant de celui qui va s’y assoir.
On pourrait penser – sans doute à juste titre – du côté gadget de cet exemple et de tant d’autres produits qui sont présentés à cette édition 2015, mais le patron de Samsung indique que 90 % des produits que son entreprise fabrique seront connectés en 2017 et trois ans plus tard, tout ce qui sortira de ses chaînes de production, le sera. Tous les objets de la vie quotidienne comme les équipements industriels produiront donc des données de manière continu, données qui alimenteront des bases de données ad hoc et que les outils d’analyse du big data pourront analyser avec différents objectifs.
Cette nouvelle vague technologique est-elle un épiphénomène ou au contraire une lame de fond qui va tout changer. Dans un article récent publié dans la fameuse Harvard Business Review (How Smart, Connected Products Are Transforming Competition), le consultant Michael Porter penche clairement pour la deuxième branche de l’alternative et considère l’IoT comme la troisième vague technologique IT. La première remonte à un demi-siècle pendant les années 60 et 70 a autorisé l’automatisation d’activités isolées de la chaîne de valeur, de la prise de commande au paiement des factures en passant par la conception assistée par ordinateur et la planification des ressources. Le fameux consultant avait écrit en 1985 un article décrivant en détail cette première et les transformations qu’elle entraînait (“How Information Gives You Competitive Advantage,”).
Cette première phase a augmenté significativement la productivité en partie en raison des données capturées et analysées de chacune de ces activités. Cette phase a vu l’installation des premiers ERP, d’abord dans les grandes entreprises, qui a constitué l’ossature des systèmes d’information.
L’Internet grâce à des possibilités de connexion peu onéreuses et omniprésentes a lancé la deuxième vague. L’internet est né à peu près à l’époque de la première vague mais sa version applicative et utilisable par le plus grand nombre avec la surcouche du WWW (World Wide Web) a commencé son ascension il y a une vingtaine d’année. Ces nouvelles technologies autorise la coordination et l’intégration des différentes activités, avec les fournisseurs, les clients et toutes les parties-prenantes dans ce qui constitue l’écosystème de l’entreprise.
Ces deux premières phases ont entraîné des gains de productivité importants entraînant des transformations sur la chaîne de valeur mais sans toucher pour autant aux produits eux-mêmes. C’est maintenant qu’advient la troisième vague dans laquelle l’IT devient une partie intégrale du produit lui-même. Senseurs, capteurs, processeurs, logiciels et technologies de connectivité intégrés dans les produits couplé au cloud qui permet de stocker les données produites pour une analyse ultérieure et de très nombreuses applications (on le voit bien avec l’explosion des apps dans le monde du mobile) qui entraînera cette fois une transformation radicale des produits eux-mêmes.
Michael Porter envisage trois sortes de connectivité :
– One-to-one : un produit connectivité à un utilisateur, au fabricant ou à un autre produit ;
– One-to-many : Un système central connecté de manière continue ou intermittente à des très nombreux produits. Par exemple, de nombreuses automobiles Tesla sont connectés au système du constructeur qui en supervise les performances et accomplit des services maintenance et de mise à niveau.
– Many-to-many : de multiples produits connectés à d’autres nombreux autres produits. Par exemple, un ensemble de matériels agricoles connectés entre eux, et des données de géolocalisation pour coordonner et optimiser la production agricole.
Dans cette troisième vague, la France aurait, selon Axelle Lemaire, tous les atouts pour être un acteur de premier plan (La France a tous les atouts pour ne pas rater la prochaine décennie du numérique). « Si la France a raté le train des grandes plateformes « Over the top » comme Google, Netflix ou Amazon, considère la secrétaire d’état au numérique, elle est en pointe sur les objets connectés grâce à des acteurs performants ». En attendant cette vague constitue une composante importante du marché de l’électronique grand public.