Aujourd’hui, les nouvelles technologies comptent deux fois plus de femmes cadres dirigeantes que les autres secteurs. Côté salaires, on observe également une nette différence : sur le marché du numérique, les hommes sont payés en moyenne 3,7 % de plus que les femmes, contre 6,3 % dans les autres secteurs. Un eldorado ? Pas vraiment. Si les chiffres sont bien meilleurs que dans l’ensemble des secteurs traditionnels, les stéréotypes demeurent.
Quelle place pour les femmes dans l’IT ?
Bien que le digital ait ouvert un nouveau marché conjuguant IT et entrepreneuriat, force est de constater que les femmes ne s’y sont pas (encore) imposées. Seulement 26 % d’entre elles s’y sont lancées : une sous-représentation que l’on peut également noter dans les directions puisque seulement 13 % d’entre elles sont à la tête de start-up.
Cette minorité s’inscrit aussi au niveau des postes : majoritaires dans les métiers du marketing, de la communication ou du commerce, elles ne sont plus que 20 % à être ingénieures et 10 % dans des métiers plus techniques comme le développement ou la gestion d’infrastructures.
Une situation qui explique pourquoi, malgré les bénéfices du digital sur la parité en entreprise, les femmes s’y sentent toujours minoritaires. En effet, selon l’étude internationale « Digital equality : women in the digital revolution » menée auprès de 3 000 personnes dans plus de 60 pays, 53 % des femmes pensent ne pas bénéficier du même accès que les hommes aux positions de leadership.
Face à cela, le mouvement #JamaisSansElles, soutenu notamment par des acteurs de l’IT comme Syntec Numérique, entend promouvoir la mixité en refusant de participer aux débats et manifestations publiques lorsque des femmes n’y sont pas associées.
Un filtre à la racine : la formation
Les métiers de l’IT ont, par essence, un ADN très orienté technologie. Ils font donc naturellement la part belle à des profils techniques, généralement issus d’écoles d’ingénieurs. Ainsi, l’une des raisons de la sous-représentation des profils féminins dans les entreprises numériques tient sa source dans les cursus scolaires et universitaires.
En 2015, les écoles d’ingénieurs comptaient en effet 28 % d’effectifs féminins, soit 4 % de plus que l’année précédente. Comme l’a souligné la campagne digitale #LesFillesAussi lancée par la Fondation l’Oréal, il faudrait alors attendre 2075 pour atteindre la parité dans ces établissements.
Par ailleurs, l’importance croissante des métiers liés à la data a contribué à renforcer cet aspect minoritaire en mettant à l’honneur des profils issus de formations mathématiques où, là encore, les hommes sont surreprésentés.
L’IT : une véritable opportunité pour les femmes
Pourtant, les pionniers du numériques étaient… des pionnières. Les premiers ordinateurs numériques des années 70 ? Des femmes aux commandes. Le premier programmateur informatique ? Ada Lovelace. Et, à l’origine des célèbres pas de Neil Armstrong sur la Lune, le logiciel de la NASA créé par… Margaret Hamilton.
Que ce soit sur un terrain technique ou dans la communication, les femmes ont une vraie place à jouer dans ce secteur florissant investi par des générations plus jeunes et affranchies des schémas hiérarchiques traditionnels. L’importance du relationnel et du collaboratif dans ce marché leur offre notamment l’opportunité de mettre en avant leurs compétences, comme une capacité à s’appuyer sur les bons profils. Cela constitue également une porte d’entrée vers des métiers autour du webmarketing, de l’acquisition ou encore de la web-analyse – des leviers parfois très techniques, indispensables pour driver la performance des sites et des applications, mais pas moins investis par les femmes.
Comme beaucoup d’autres secteurs, l’IT a encore des progrès à faire sur la mixité au sein des entreprises. La place des femmes demeure en effet fragile, dans un domaine en plein essor qui pourrait pourtant leur permettre de s’imposer sur le marché, portées par la complémentarité des profils recherchés, à la fois techniques et collaboratifs.
Toutefois, la place des femmes dans l’IT s’impose progressivement grâce à de nombreuses initiatives promouvant la mixité. Ainsi, des hubs féminins comme la Journée de la Femme Digitale, l’association Pasc@line ou le réseau mondial Girls in Tech ont été mis en place pour favoriser et renforcer la mixité à tous les niveaux de l’IT : formation, entrepreneuriat mais également au cœur des entreprises.
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Céline Barthelemy est Directrice Générale Déléguée en charge des Opérations chez Exakis